Boris 1er veut rafler la mise

Teresa May campait une dame de fer en carton-pâte. Mais la Grande Bretagne est désormais gouvernée par Boris Johnson, politicard bourgeois britannique vénal, opportuniste, velléitaire, arrogant.

Duncan-C
Duncan C

 Trump anglais, assurant qu’il redonnera son lustre à un impérialisme britannique décati, surenchérissant dans le registre xénophobe pour rallier la clientèle du parti de droite populiste extrême UKIP, qui renaît de ses cendres aux européennes.

Or, Johnson n’a qu’une majorité théorique d’une voix au parlement, dépendante de la poignée de voix ultraréactionnaires du DUP unioniste d’Irlande du Nord.

De quoi sonne le glas?

Il martèle que le Royaume-Uni sortira, avec ou sans accord, de l’UE au 31 octobre prochain, affirmant tout et son contraire: que l’absence d’accord de sortie n’est pas un problème, mais un avantage, qu’un accord sera obtenu, qu’il ne payera pas un sou des milliards de dette à l’UE… qu’il en payera un bout, etc. Il tape avec une arrogance coloniale sur le gouvernement irlandais, qui défend avec l’appui de l’UE un backstop, garantie du non-retour d’une frontière dure en Irlande.

La perspective d’un Brexit apocalyptique pour l’économie et l’approvisionnement du pays décrit par des rapports officiels ayant fuité, comme la perspective d’une résurrection de la partition de l’Irlande dans son horreur, pousse les Irlandais·e·s du Nord vers une majorité pour la réunification de l’île et les Écossais·e·s sont désormais favorables en majorité à l’indépendance, un courant risquant de s’étendre aux Gallois·e·s.

Ainsi l’ère Johnson pourrait sonner le glas du Royaume-Uni. Et ce n’est pas les promesses de Trump qui le sauveront. Dans ce contexte, Corbyn a proposé aux forces hostiles au Brexit « dur » de s’unir pour former un gouvernement de transition qui obtiendrait de l’UE un nouveau report du Brexit et qui organiserait des élections.

Bras-de-fer en bord de Tamise

La perspective de Corbyn comme Premier ministre a été rejetée par les Libéraux démocrates et par les conservateurs « rebelles ». L’opposition travaille en urgence pour proposer une loi excluant un Brexit sans accord.

En explorant toutes les pistes pour empêcher un vote dans ce sens, Johnson en a trouvé une: la suspension du parlement du 10 septembre au 14 octobre sous prétexte de préparer un discours-programme royal, indiquant les priorités du gouvernement, ce qui relèverait des coutumes féodales de ce royaume sans constitution.

L’opposition crie pratiquement au coup d’État, les tribunaux sont saisis… un parlement « sauvage » pourrait se réunir! Bref, on a une crise politique majeure. Notons que le dernier à avoir voulu, en Angleterre, gouverner sans et contre le parlement a été le roi Charles Ier qui a perdu la tête à Londres, comme Louis XVI, plus tard, à Paris.

Pierre Vanek