L’Annulation de la Dette africaine ou la fable du pompier-pyromane

La Ligue Panafricaine-Umoja est présente sur tout le Continent africain et dans sa Diaspora. Son objectif est la construction d’un panafricanisme politique, économique et socioculturel. Nous relayons ici un extrait de leur dernier communiqué.

Manifestation devant le siège du FMI, 2006
Manifestation devant le siège du FMI, 2006

À l’heure où l’humanité entière est en train de réaliser son extrême fragilité face à la pandémie du Covid-19, l’on aurait pu s’attendre à plus d’humilité de la part des spécialistes du mensonge international. 

Au contraire, c’est avec stupéfaction que les dirigeant·e·s du monde dominant se sont illustré·e·s par une valse de déclarations cacophoniques et tonitruantes au sujet de la Dette africaine destinées à « aider » l’Afrique à faire face au ravage annoncé du Covid-19, en appelant, tantôt à l’annulation des intérêts de la Dette, tantôt à une annulation massive de la Dette ou pour d’autres à un moratoire sur les remboursements en cours. 

Sous les faux airs de générosité, il s’agit en fait d’une cynique farce qui se joue au vu et au su de tou·te·s car ce sont ces organisations multilatérales et la Françafrique qui sont responsables du chaos social et sanitaire dans lequel est plongé l’Afrique et qui l’a complètement désarmé face à la pandémie du Covid-19. 

Il convient de rappeler que les relations entre l’Afrique et les institutions de Breton Woods sont faites de scandale et de perfidie. Obnubilées par le remboursement des créanciers depuis les années 1980, les Institutions financières internationales ont imposé à toute l’Afrique la même médecine de cheval par des plans d’Ajustements structurels drastiques qui se caractérisent par : 

  • une réduction brutale des financements des secteurs de santé, d’éducation, de logement et des infrastructures de base ;
  • des coupes dans les budgets sociaux, accentuant en même temps la libéralisation de l’économie ;
  • la suppression des barrières douanières, la dérégulation nationale et la privatisation des entreprises ;
  • l’instauration des impôts injustes comme la TVA et la dévaluation des monnaies locales.

Pompier-pyromane, disions-nous ! Quand on a un tel bilan, l’annulation de la Dette ne relève pas de « l’aide » mais d’une réparation et d’un droit vis-à-vis du peuple meurtri et sacrifié sur l’autel des remboursements des Dettes odieuses et illégitimes. Car les victimes des dictatures africaines, sont aussi celles des Institutions financières internationales. Car les pays africains versent annuellement aux cosmocrates et aux classes dirigeantes des pays du Nord plus de valeur qu’ils n’en reçoivent sous forme d’investissements, de crédits de coopération, etc. 

Pour notre organisation, la Ligue Panafricaine – UMOJA, nous militons aussi pour un front uni contre la Dette. Et le premier noyau incompressible de ce front est la création d’un État fédéral africain ! 

Fait à Cotonou, le 19 avril 2020