Trip-hop mélancolique: Lamb revient avec un CD électro-folk

Trip-hop mélancolique: Lamb revient avec un CD électro-folk

Commençant sa tournée européenne les 7 et 8 décembre à Fribourg et Zurich, le duo électro de Manchester, formé en 1995 par le DJ-producteur Andrew Barlow et la chanteuse Louise Rhodes, vient de sortir son quatrième album. Deux ans après What sound, Between Darkness and Wonder confirme l’évolution de Lamb vers plus de douceur.


Lorsqu’Andrew Barlow quitte en 1995 le label «So What», pour lequel il travaillait en tant qu’ingénieur du son, il rencontre Louise Rhodes, chanteuse folk-jazz qui a collaboré avec «A Guy Called Gerald». Sans attendre, ils travaillent sur plusieurs titres et sortent en 1996 leurs premiers singles: «Gold» et «Cotton Wool».



Une année plus tard, lors de la sortie en 1997 de son album éponyme, Lamb a tout de suite séduit par sa formule étonnante où s’entrechoquaient la puissance des rythmes jungle et drum’n’bass d’Andy Barlow et la douceur planante des mélodies pop de la chanteuse Louise Rhodes.

Un duel de plus en plus doux

Avec Fear of Fours en 1999, mais surtout depuis What Sound, sorti en 2001, on sent le duo évoluer vers une harmonie faite de compromis entre les impulsions rythmiques de Barlow et les caresses vocales de Rhodes.


Aujourd’hui, à la lumière des sonorités trip-hop appaisées de Between Darkness and Wonder, Lamb semble parfaitement maîtriser cet étonnant métissage développé depuis près de dix ans et confirme son statut de formation incontournable de la scène électro, aux côtés de Goldfrapp, Tricky, Morcheeba ou Moloko.

Une touche folk

A ses débuts, Lou Rhodes était une chanteuse folk qui reprenait notamment le répertoire de Joni Mitchell de festival en festival. Sa rencontre avec Barlow l’a éloignée de ce registre, pour mieux s’en rapprocher…


Between Darkness and Wonder, laisse une large place aux cordes, notamment sur «Hearts and Flowers» et «Learn», titres sur lesquels elles viennent harmonieusement s’entremêler à la tendresse vocale de Lou. «Angelica», interlude au piano inspiré par Debussy est probablement le meilleur morceau de ce disque ou, à tout le moins, l’un des plus surprenant.


Plus que simplement par l’approche instrumentale, c’est dans sa conception même que ce nouvel opus s’inscrit dans un registre folk. Between Darkness and Wonder relate les petites histoires de la vie courante, celles que tout un chacun est susceptible d’avoir vécues ou de vivre.


«Clouds Clear» évoque les difficultés que l’on peut rencontrer à éviter les moments de dépression qui viennent régulièrement troubler notre univers personnel, alors que «Wonder» est une chanson qui parle des instants où la vie semble parfaite, trop parfaite même… Dans «Hearts and Flowers», Lou décrit les difficultés de l’amour lorsque celui-ci se laisse prendre dans les filets de la lassitude.

Un titre emblématique du style de Lamb

Cette approche folk donne à l’album une couleur mélancolique sans toutefois être pesante. Au contraire, la vulnérabilité qui s’exprime sur un titre comme «Please» évoque la douceur et la légerté. «Please» exprime d’ailleurs particulièrement bien la démarche actuelle des deux artistes mancuniens et les tensions constructives qui traversent le duo.


Lou a composé ce morceau sur une une guitare accoustique lors d’un séjour à Amsterdam. Pour Andrew, il était absolument hors de question que cette chanson – «du folk de merde» – ait sa place sur l’album, mais «Please» a peu à peu commencé à le travailler et il s’est décidé à y a apporté sa touche… Il en est ressorti un des titres les plus emblématiques du style de Lamb.


Un disque fait d’atmosphères envoutantes, démontrant que l’électro, à plus forte raison lorsqu’elle se mélange à d’autres racines musicales, peut être une explosion de poésie.


Erik GROBET