Syrie

« Nous voulons vivre »

La Syrie fait face à de nombreux problèmes socio-économiques. La pandémie mondiale du Covid-19 les intensifie et provoque de nouvelles manifestations.

Manifestation, Syrie, juin 2020

Avant l’irruption de la pandémie à la mi-mars 2020, le taux de pauvreté de la population en Syrie était estimé à plus de 85 %. Il a certainement augmenté depuis. De plus, la valeur de la livre syrienne n’a cessé de chuter, diminuant d’environ 105 % depuis le début du mois de mai par rapport au dollar et de près de 360 % depuis juin 2019. Les conditions de vie de la vaste majorité de la population syrienne sont de plus en plus misérables. C’est sans oublier les conséquences des destructions massives causée par la guerre, estimées à environ 500 milliards de dollars états-uniens, et des politiques autoritaires et néolibérales continues du régime despotique d’Assad.

Depuis le 7 juin, des manifestations populaires éclatent dans les régions de Sweida, Daraa ainsi qu’aux abords de la capitale Damas, dans la ville de Jaramana. Elles dénoncent la cherté de la vie et exigent la chute du régime d’Assad ainsi que le départ de ses alliés, la Russie et l’Iran. Le slogan principal des manifestant·e·s est « Nous voulons vivre », comme un appel pour plus de justice sociale et de démocratie. 

Pour tenter de minimiser l’impact de ces manifestations, le régime syrien a lancé des contre-manifestations dénonçant les sanctions états-uniennes. Les forces de l’ordre ont également violemment réprimé et arrêté des manifestant·e·s dans la ville de Sweida. 

Horizon compliqué

Les conditions qui ont conduit aux soulèvements populaires sont toujours d’actualité. Le régime a non seulement été incapable de les résoudre, mais les a exacerbées. Malgré tout le soutien de ses alliés étrangers et en dépit de sa résilience, le régime d’Assad fait face à des problèmes insolubles. Son incapacité à résoudre les graves problèmes socio-économiques du pays, combinée à sa répression incessante, a provoqué des critiques et de nouvelles protestations.

Cependant, ces conditions ne se traduisent pas automatiquement par de nouvelles opportunités politiques en particulier après plus de neuf ans d’une guerre destructrice et meurtrière. L’absence d’une opposition politique syrienne structurée, indépendante, démocratique, progressiste et inclusive, rend difficile l’union des classes populaires diverses. Cette convergence sera nécessaire pour défier à nouveau le régime à l’échelle nationale.

Tel est le principal défi. Malgré les conditions difficiles engendrées par la répression, la paupérisation et la dislocation sociale, une alternative politique progressiste doit être organisée au sein de l’expression locale de ces résistances. 

Damas et d’autres capitales régionales estiment qu’elles peuvent maintenir leurs dominations despotiques en recourant en permanence à une violence massive contre leurs populations. Cela est voué à l’échec, comme les explosions de protestations populaires régionales continuent à le démontrer.

Joseph Daher