Parité sur les listes électorales

Rien n’est gagné

Le combat pour la parité sur les listes électorales neuchâteloises a connu un nouveau rebondissement au Grand Conseil.

Grand Conseil neuchâtelois

Tout commence en 2017 avec le postulat socialiste « Plus de femmes au Grand Conseil ». Ce texte demandait d’introduire une modification de la loi afin que le Grand Conseil neuchâtelois compte une moitié de députées. Différents projets soumis au parlement ont suivi ce postulat et ont tous échoué. Après avoir fait capoter ces différents projets visant à un parlement paritaire, le POP a déposé un projet de loi demandant que chaque liste électorale soit composée d’au moins 40 % d’hommes et de femmes à l’horizon 2029. La commission législative a siégé pendant une année pour aboutir à un projet limité dans le temps et faisant consensus auprès des partis gouvernementaux : un quota minimum de 50 % de femmes sur les listes d’ici à 2029.

Néanmoins, solidaritéS avait refusé ce projet en commission. La parité exigée en 2029 est certes un but à atteindre absolument, mais à un prix trop élevé, le corollaire de ce projet étant la présence de seulement 30 % de femmes sur les listes électorales en 2021. Cet objectif était bien en dessous des ambitions que nous souhaitions défendre. Le projet de modification déposé par les Vert·e·s et soutenu par solidaritéS demandait 40 % de femmes sur les listes en 2021 pour aboutir à 48 % en 2029 (afin de laisser une marge de manœuvre aux personnes non-binaires). 

Mais c’est finalement le POP qui l’a emporté avec un quota pérenne d’au moins 45 % d’hommes et 45 % de femmes. Ainsi, le quota d’homme est introduit dans le projet de loi, grâce à une sombre alliance avec le PLR visant à couler le projet. Le PS, furieux de voir les 50 % abandonnés, annonce le lancement d’une initiative et refuse le projet ainsi amendé. Les machos sont satisfaits : rien ne changera avant longtemps, pas besoin de trouver plus de femmes pour siéger dans leurs rangs.

Triste spectacle, mais rien de nouveau sous le soleil. En 2010, Jacqueline Fraysse, porte-parole du Parti communiste français à l’Assemblée nationale dénonçait, en soutien à une proposition socialiste de parité des listes électorales, ses collègues de la majorité. Ils s’étaient livrés à « un véritable bal des hypocrites pour expliquer qu’ils sont pour une égale répartition des hommes et des femmes, mais qu’ils ne voteront pas ce texte ». C’était pourtant son objectif et il était loin d’être révolutionnaire. L’hypocrisie ne connaît ni frontières, ni camp politique. 

solidaritéS s’engagera afin que le parlement cantonal et toutes les instances politiques soient composées à 50 % de femmes le plus vite possible, voilà pour nous le but à atteindre.

Zoé Bachmann    Henri Vuillomenet