Comment sortir du sexisme: s’attaquer à la publicité

Comment sortir du sexisme?

S’attaquer à la publicité


Entre 5 et 6 ans, les enfants apprennent à lire et déchiffrent avec émerveillement leurs premiers mots, de préférence des mots «écrits grand». Dans la rue, plein d´affiches alléchantes s´offrent à leurs regards. Or, tant les textes que les images de ces affiches véhiculent les pires stéréotypes du sexisme.



Mais comme la pensée unique de la mondialisation économique commence à être gravement entachée par des groupes de base, le message débile de la publicité commence à sérieusement lasser, jusqu´aux publicitaires eux-mêmes. De plus en plus de tags criblent ces affiches, de plus en plus de gens ne sortent plus dans la rue sans leur spray et leur marker noir épais, afin de réagir. Rajouter des moustaches à une beauté vantant un savon, des seins à un garçon au torse nu et au slip trop rempli, coller un mot d´indignation «Danger, anorexie!» sur le corps trop mince d´une top modèle, détournent le sens du message publicitaire en le rendant ridicule ou en dévoilent son danger caché. Le corps des femmes reste le support favori des publicitaires pour tous produits, même si des corps masculins apparaissent aussi maintenant. Personne ne s´en réjouit au nom d´une prétendue égalité.

Le regard des autres


Annoncé par solidaritéS, le groupe romand HAPUSE (Halte pub sexiste!) a vu le jour le 11 février. Il réunit non seulement des femmes de tous âges, mais également des hommes, tout aussi fâchés et lassés que les féministes du sexisme ambiant. Ce groupe se réunit à Viol-Secours et ce n´est pas un hasard. Le Collectif Viol-Secours, depuis sa création en 1985, n´apporte pas seulement son secours et son soutien aux femmes violées et agressées, il mène encore une réflexion féministe sur le fonctionnement de la société et des actions militantes. Mais faute de temps et de moyens, l´association ne peut plus assumer la lutte contre la publicité et a donc passé le relais à ce nouveau groupe.



En 1989 Viol-Secours avait monté une exposition contre la pornographie et la publicité sexiste. Des catalogues de cette exposition ont été offerts par l´une des animatrices aux militant-e-s de HAPUSE. Les images et les textes sont très forts et toujours actuels: «Partout on nous rappelle que le corps des femmes appartient au regard des autres, et qu´il doit se conformer à leur bon vouloir…Ce corps est le lieu de tous les combats, éternels combats contre la nature et la vie: maigrir, éliminer, se soigner jusqu´à l´obsession, ne pas vieillir…»

Des roses et des cactus

Les militant-e-s de HAPUSE ont décidé de faire fort ces prochains temps, en s´inspirant des luttes passées et actuelles (RAP – Résistance à l´agression publicitaire, La Meute, les Chiennes de gardes, etc.) et en portant de nouvelles actions, par exemple faire signer une charte à des fabricant-e-s s´engageant à ne pas utiliser de publicités sexistes, mettre sur pied des prix déméritas et émeritas comme au Québec, faire des affichages sauvages contre les panneaux publicitaires, etc. Et surtout travailler les slogans qui doivent transmettre un message plein d´humour et de réflexion.



Appel aux lecteurs et lectrices de solidaritéS, signalez-nous des publicités particulièrement sexistes et transmettez-nous des idées de slogans. Afin de bien faire rire les enfants qui apprennent à lire dans la rue.



Maryelle BUDRY



Envoyez-nous vos slogans!: journal@solidarites.ch


Prochaines réunions de HAPUSE:



Lundi 4 mars – lundi 8 avril à 20 heures
Viol Secours
3, Place des Charmilles
Genève



Les illustrations de cette page sont tirées du site http://adbusters.org/