Libre opinion: combattre le racisme et l'antisémitisme

Libre opinion

Combattre le racisme et l´antisémitisme

par Karl GRÜNBERG*



Le numéro 2 de «solidaritéS» a publié une contribution1 que j´avais rédigée pour exposer mes critiques au tract2 qui avait appelé à manifester le 12 janvier 2002 à Genève sous l´intitulé «Palestine. Pour le droit universel à une vie humaine et digne. Ne restons pas passifs. Manifestation».



Un article de Jean Batou précédait cette publication, il annonçait l´ouverture d´un débat sur ma position qu´il disqualifiait.



Le numéro 3 de ce journal publiait un dossier qui comportait d´une part un ensemble d´articles formulant des points de vue dans lesquels je me reconnais, mais aussi un article de Clotilde Aleinick qui interprétait ma position comme une manœuvre sioniste.



Curieusement, ce texte ignorait ce que j´avais écrit. Cette difficulté à écouter mon point de vue m´étonne. Pour cette raison je le répète ici: «dans le contexte actuel où les droits du peuple palestinien, de ses autorités internationalement reconnues comme les droits personnels de nombre de Palestinien-ne-s, sont l´objet de violences sans précédent, l´appel à manifester va de soi. (…) La confusion du tract sur l´identité palestinienne n´explique pas la réalité que nous combattons, la négation effective par le gouvernement israélien de l´existence de la Palestine. (…) Il n´est pas insignifiant, ce refus de prendre en compte l´histoire réelle de l´affrontement entre Israël et les Palestiniens. Ce «conflit» est en fait la superposition de deux conflits, le conflit entre deux peuples victimes de l´histoire d´une part, et d´autre part le rôle que leur font jouer dans leur affrontement l´impérialisme – essentiellement américain – et les classes ou castes dominantes arabes.»



Où donc est le problème? L´appel à manifester le 12 janvier 2002 affirmait que «les opérations kamikazes, arme de faibles, sont des cris de désespérance jetés à la figure de l´humanité, l´expression de la frustration face aux humiliations subies. Ces actes de révolte trouvent leur origine dans les conditions mêmes que l´Etat d´Israël a créées et développées, méthodiquement, avec l´appui occidental, depuis et avant même sa naissance.»



Cette arme de faibles, pour laquelle ce texte manifeste une compassion complaisante, sont les attentats terroristes contre la population civile israélienne. Ce texte ne les condamne pas.Non seulement il ne condamne pas ces actes de révolte mais il affirme qu´ils «trouvent leur origine dans les conditions mêmes que l´Etat d´Israël a créées (…) avant même sa naissance.» Les victimes israéliennes d´aujourd´hui succombent à des attentats dont la responsabilité incomberait aux sionistes d´hier.



Mon article m´a valu une volée de bois vert. Que disait-il ? Il ne trouvait pas «inutile de rappeler que, de 1933 à 1941, Hitler préparait ouvertement et dans l´indifférence de l´Occident l´anéantissement du judaïsme européen, qu´il mettait ce programme en œuvre au cours des années 1941 à 1945, et que de 1945 à la création de l´Etat d´Israël l´Angleterre, les armes à la main, combattait l´immigration en Palestine des survivants d´Auschwitz et d´ailleurs.»



Je répète ma question aux 26 organisations signataires de l´appel à manifester le 12 janvier: A qui profite, sinon à l´antisémitisme, l´affirmation historiquement fausse qu´avant même sa création l´Etat d´Israël aurait bénéficié de l´appui occidental? n



 



*Secrétaire général d´ACOR SOS Racisme

  1. «Les faux amis» Karl Grünberg, solidaritéS nouvelle formule no 2, p. 10 – 24 janvier 2002, Genève.
  2. Tract d´appel unitaire à la manifestation du 12 janvier 2002