Procès des manifestant-e-s anti-G8 du pont sur l’Aubonne

Procès des manifestant-e-s anti-G8 du pont sur l’Aubonne

Le lundi 28 juin prochain, devant le Tribunal de police de Nyon, se déroulera le procès de trois manifestant-e-s qui avaient participé au blocage le 1er juin 2003 de l’autoroute entre Genève et Lausanne, à Aubonne, pour empêcher des délégations officielles de se rendre au sommet du G8 à Evian. Ces trois manifestant-e-s, défendus par deux avocats, Me Jean-Pierre Garbade et Me Jean-Michel Dolivo, sont accusé-e-s d’entrave à la circulation publique. Nous avons posé deux questions à Me Dolivo. (réd)

Quelles sont en résumé les circonstances exactes de cette action de protestation?

Deux grimpeurs, Martin et Gesine, se sont suspendus, par effet de contre-poids, à chaque extrémité d’une corde tendue en travers de l’autoroute. Une dizaine d’autres participant-e-s ont commencé à arrêter le trafic pour l’immobiliser devant deux banderoles, étendues à travers la chaussée, sur lesquelles était écrit «Arrêtez vous ici ou vous tuez deux personnes» et «Ne tirez pas». Revêtus de vêtements jaunes vifs et phosphorescents afin de pouvoir bien être repérés par les conducteurs de voiture, les manifestant-e-s ont immédiatement expliqué aux conducteurs arrêtés les motifs de leur action. Arrivés au premier barrage où se trouvaient les banderoles, des policiers se sont mis à arracher celles-ci. Ils ont tenté de faire évacuer les manifestant-e-s, ne cherchant pas au préalable à se renseigner sur ce qui se passait. Des renforts de police étant intervenus entre temps, au second barrage, où se trouvait la corde, un gendarme a coupé la corde au moyen de son couteau. Un des grimpeurs, Martin, a fait une chute dans le vide, se blessant grièvement, l’autre, Gesine a pu être rattrapée de justesse par des participant-e-s. Par leur intervention les policiers ont créé une situation chaotique et dangereuse, conduisant à un drame qui aurait pu être mortel.

Notre journal est solidaire des trois inculpée-s altermondialistes du Pont sur l’Aubonne. Il demande leur acquittement et invite les lectrices et les lecteurs qui le peuvent à se rendre au procès le 28 juin prochain, à 9h au Tribunal d’arrondissement de Nyon. Des contributions de soutien peuvent être versées à: Association Eau-Bonne, La Croix 16, 1418 Vuarrens, CCP 17-328614-4 (mention soutien juridique). (réd)

Les responsables policiers ont-ils été poursuivis?

Des plaintes pénales pour lésions corporelles graves et mise en danger de la vie d’autrui ont été déposées à l’encontre des fonctionnaires de polices incriminés. Mais, à ce jour, elles n’ont pas fait l’objet d’une réelle instruction et aucun policier n’a été inculpé… Par contre, tous les manifestant-e-s arrêtés et les deux grimpeurs ont été inculpés d’entrave à la circulation publique. Martin Shaw, Gesine Wenzel et Olivier vont être donc jugés le 28 juin prochain à Nyon, ayant, les trois, refusé l’ordonnance de condamnation du juge d’instruction. Deux poids, deux mesures, ce procès heurte le sentiment de justice! Il donne l’impression que les policiers sont au bénéfice d’une totale impunité, alors que les manifestant-e-s font l’objet, de manière absolument infondée, de poursuites pénales. Me Garbade et moi-même allons demander un acquittement pour les trois accusé-e-s. Nous refusons que soit ainsi criminalisée l’expression d’une opposition légitime au G8. De ce point de vue, un parallèle peut et doit être fait avec les interventions policières brutales à Gênes, également lors du sommet du G8, ayant conduit à la mort d’un manifestant.

Propos recueillis par la rédaction