Des livres pour sortir les femmes de l’oubli officiel

Des livres pour sortir les femmes de l’oubli officiel

Où sont les femmes? Durant des siècles, voire des millénaires, les femmes n’ont pas reçu d’existence dans l’Histoire, ni dans la culture… Leurs apports à la société n’étant pas reconnus, on les croyait passives, leurs productions n’étant pas publiées, ni exposées, ni jouées, on prétendait qu’elles n’étaient pas créatrices… Et cette occultation était perpétuée de génération en génération dans l’enseignement.

Enfin des livres!

Ce n’est que récemment, grâce aux études féministes (ou «genre» selon la terminologie actuelle) entre autres, que l’on découvre enfin les œuvres et les créations des femmes.

Au niveau de la Suisse romande, dans le canton de Vaud, les féministes ont pu obtenir des fonds pour une étude et une publication à l’occasion des festivités du bi-centenaire en 2003: le remarquable ouvrage de Corinne Dellara et Nadia Lamamra «Du Salon à l’Usine. Vingt portraits de femmes» (Coédition CLAFV-ADF-Ouverture. Ce printemps 2004 est sorti «Histoires et visages de femmes» de Brigitte Mantilleri et Florence Hervé (Editions Cabédita), qui présente une vingtaine d’interviews très vivantes de femmes suisses – journalistes, artistes, artisanes, théologiennes, politiciennes – dans le chapitre «Elles se sont lancées», plus quelques présentations plus brèves de femmes appartenant à l’histoire et un survol d’une centaine de femmes remarquables, dont les biographies seraient à faire.

Peu de temps après, le Service pour la promotion de l’égalité sortait le très attendu ouvrage «Pionnières et créatrices en Suisse romande au 19ème et 20ème siècles» (Editions Slatkine). Fruit d’une collaboration entre le SPPE, les associations féminines et le programme d’occupation temporaire «A Faire A Suivre», le travail de recherche et de rédaction a duré sept ans. Et si la forme est magnifique (beau papier glacé, présentation claire, belles illustrations), les portraits sont de factures très irrégulières. Un certain nombre des 56 vignettes devraient être approfondies et présentées plus rigoureusement. Mais de toutes les façons, cet ouvrage longuement annoncé a ouvert la voie à d’autres publications et on s’en réjouit! Actuellement, des historiennes préparent de façon scientifique un recueil de monographies sur «Les femmes dans la mémoire de Genève». Elles veulent combler l’oubli officiel de femmes remarquables, mais le plus souvent méconnues, et analyser les raisons et les modalités d’un déni généralisé de reconnaissance. La sortie de l’ouvrage est prévue pour la fin de l’année 2004.

24 heures pour y penser

Encore faut-il que ces portraits de femmes soient lus, commentés, et marquent la mémoire des Genevois-es! C’est une des préoccupations des associations féminines genevoises. Le 25 octobre, des féministes genevoises ont réservé à Berne la caravane de la Veille des femmes. Elles ont annoncé le thème de la visibilité des femmes à leur journée de rencontre et de réflexion. Elles se donnent pour tâche de faire connaître ces ouvrages, notamment dans les milieux scolaires. Justement, cette préoccupation rencontre celle des collégiennes qui ont lancé la pétition «Où sont les femmes?» et du millier de leurs camarades qui l’ont signée.

Pour participer à la veille des femmes à Berne le lundi 25 octobre (de 10 h du matin à 10 h le 26), s’adresser à Maryelle Budry ou Maria Casares.

Maryelle BUDRY