Justice pour les victimes de l’amiante!

Justice pour les victimes de l’amiante!

Nous publions ci-dessous la résolution
votée à l’issue de la Journée «Victimes
de l’amiante: témoignages, thérapies
et résistances» qui s’est tenue à
Genève, le 2 octobre dernier. (réd.)

Les témoignages poignants apportés
par une quinzaine de personnes
atteintes de cancers de l’amiante le
mésothéliome principalement, ou par
les proches des morts des suites de ces
maladies ont démontré, une fois de plus,
l’ampleur des menaces croissantes que
font peser ce cancerogène sur la santé et
la qualité de vie des travailleurs et des
populations.

Ces témoignages ont pratiquement tous
condamné les manquements graves et
répétés d’information sur les risques,
l’absence de prévention, l’insuffisance
d’une prise en charge médicale des
malades et les fréquents refus d’en
indemniser les victimes. Ce laxisme s’est
avéré être le fait des employeurs tout d’abord,
des services publics chargés de la
santé et des institutions d’assurance professionnelle,
de la SUVA en particulier.

D’autres intervenants qui défendent les
victimes de l’amiante en Suisse, en
France, en Italie* se sont alarmés du fait
que la majorité des travailleurs-euse-s
exposé-e-s à l’amiante ne sont toujours
pas informé·e·s par leurs anciens
employeurs des risques qui les menacent
les laissant dans l’ignorance d’en faire
état au plus vite à leur médecin traitant.
Pourtant un suivi médical est d’autant
plus nécessaire que les thérapies actuelles
sont susceptibles de sauver des
malades ou du moins de prolonger leur
existence et de réduire leur souffrance.

Enfin les participant·e·s ont appris avec
consternation par la coordinatrice internationale
des mouvements sociaux qui
défendent les victimes que malgré les
ravages que fait l’amiante sur les populations
à travers le monde depuis bientôt
un demi-siècle, cette fibre mortelle n’est
toujours pas interdite partout, pas éliminée
là où elle a été utilisée, ni même
reconnue comme étant toxique.

Dans de nombreux pays, les victimes et
leurs proches transforment leur souffrance
en résistance et s’organisent dans un
combat collectif pour changer la situation.
Solidaire avec ces mouvements,
l’Assemblée exige des responsables de la
santé publique, des employeurs ayant
exposé des travailleurs à l’amiante et de la
SUVA censée en protéger:

Protection des populations

  • Que l’usage de tous les types d’amiante soit immédiatement et universellement abandonné et prohibé;
  • Que la masse d’amiante mis en oeuvre depuis plus d’un demi-siècle dans les bâtiments, les engins de transport et les installations soit neutralisé ou éliminé avec toutes les précautions nécessaires;

Prévention des risques

  • Que toutes les mesures préventives soient prises pour que les personnes, salariées ou non, soient définitivement mises hors de danger;
  • Que les travaux sur des ouvrages susceptibles de contenir de l’amiante ne soient entrepris qu’après avoir été dûment inspectés par des experts compétents;

Assistance aux victimes

  • Que toutes les personnes en vie ayant été exposées soient informées par leurs employeurs ou les propriétaires des bâtiments qu’elles occupent des risques qu’elles encourent;
  • Que ces personnes bénéficient d’une attestation officielle d’exposition servant de preuve à futur pour qu’en cas de maladie, son origine professionnelle ne puisse être niée;
  • Que toutes les personnes ayant été exposées soient systématiquement enregistrées et inventoriés comme le furent les bâtiments contenant de l’amiante;
  • Que les victimes, quels que soient leur revenu, leur statut professionnel et le lieu où elles se trouvent, bénéficient d’un suivi médical, des soins médicaux les plus efficaces et des indemnisations qui leur sont dues;
  • Que les frais de traitement soient pris en charge par les responsables des dommages causés, en premier leurs employeurs dont l’impunité ne peut plus être tolérée.
  • Enfin, que le droit à une vie sans souffrances et à la dignité soient reconnus pour l’ensemble des êtres humains.

* Comité d’aide et d’orientation des victimes de
l’amiante, CAOVA – Suisse, Ban Asbestos –
France, Associazione Esposti Amianto – Italie,
Ban Asbestos International IBAS –
Coordination du réseau international.