L’UDC conspuée à la Tchaux

L’UDC conspuée à la Tchaux

C’est aujourd’hui, 8 janvier 2005, que se réunissent les délégués UDC au niveau national, dans la ville de la Chaux-de-Fonds, bastion historique du syndicalisme et des idées progressistes. Seulement, les populistes bruns ne débarquaient pas dans notre République en terrain conquis, et ils allaient l’apprendre à leurs dépens!

Nous arrivons, avec plusieurs centaines de manifestants, devant la halle de Polyexpo à l’intérieur de laquelle se trouvent les délégués UDC. A l’extérieur se dressent des barrières de sécurité qui forment un large enclos autour du bâtiment, bordé d’une horde de flics anti-émeutes. Soudain, les portes de la halle s’ouvrent; le congrès est terminé, et les délégués UDC sortent. Immédiatement, le tumulte s’élève, on brandit les poings.

Plusieurs délégués s’approchent des barrières pour nous observer comme des bêtes en cage, bien entourés de leur garde prétorienne. C’est à peine s’ils ne nous crachent pas à la figure la fumée de leur cigare. Cette attitude de hauteur et de mépris fait monter la colère d’un cran, les premières boules de neige fusent. Les flics ripostent immédiatement à ces attaques en ouvrant les vannes alimentant deux jets d’eau qu’ils dirigent contre nous. Un gamin qui ne doit pas avoir plus de douze ans se couche à plat ventre dans la neige pour éviter la douche froide; un flic le remarque, dirige sa lance vers lui et l’arrose en plein visage pendant plusieurs secondes – les Gavroche d’aujourd’hui n’apitoient pas plus les gendarmes que ceux d’hier.

A l’intérieur de l’enclos, les délégués UDC réagissent de deux manières: il y a ceux qui se réfugient dans leurs voitures, et il y a ceux, présomptueux, aboyeurs, qui nous insultent, qui approchent leurs mufles des barrières pour mieux nous toiser, ceux qui, tel cet honorable vieillard, ramassent des pierres et nous les lancent (sans, naturellement, que les flics les en empêchent), ou tel cet autre qui nous gratifie avec un sourire hargneux d’un double bras d’honneur. Excédé, un délégué s’approche d’un flic, et lui demande, rouge de colère:

« Hé bien! Qu’est-ce que vous attendez pour lâcher les chiens?»

Oui, lâcher les chiens sur le peuple, voilà ce que désire ce parti qu’une minorité abusée voudrait porter au pouvoir! Mais notez bien que nous n’oublions rien, que nous nous souviendrons de ces insultes et de ces attitudes, et que nous saurons les rappeler en temps voulu.

Soudain, un gros nuage blanc se répand autour de nous: ce sont sur des familles, des enfants qu’ils lâchent les gaz lacrymogènes! Nos foulards serrés sur le visage, nous courrons hors du nuage, aveuglés, toussant et crachant. Ce genre de ripostes n’est jamais très agréable, mais il en faudra plus pour nous démobiliser. Que les délégués de l’UDC se le disent, ils nous trouveront toujours sur leur chemin, aussi et surtout dans cette République de Neuchâtel où la population a plus d’une fois clairement montré que les blochériens n’étaient pas les bienvenus. (dle)