L’italien et le grec menacés

L’italien et le grec menacés
de disparition à l’Université

La publication par le rectorat, début décembre 2004,
du plan d’intention provisoire et plus particulièrement
l’annonce de la suppression de l’italien et du grec –
acceptée par un vote faiblement majoritaire du Conseil
de l’Université le 16 décembre 2004 – ont suscité une
vive réaction. Malgré les manifestations citoyennes et
les refus dûment argumentés du Sénat et des Facultés
concernées, le Conseil de l’Université a confirmé le 20
janvier son soutien au plan d’intention du rectorat.
Avec l’appui du délégué du parti socialiste, l’italien et
le gec ancien sont sensés disparaître des programmes
universitaires neuchâtelois au profit des sciences de
l’éducation et du journalisme. Tout cela sans débat
sérieux ni négociation au sein de l’Université.

Le Sénat, le corps intermédiaire et les étudiant-e-s se
sont mobilisés contre ce plan d’intentions du rectorat;
à l’extérieur des voix d’intellectuels connus ont
amplifié la protestation citoyenne à l’échelle cantonale,
nationale et internationale.

Marianne Ebel (solidaritéS) et Gianni Spoletini (PS) ont
déposé un postulat au Grand Conseil, qui devra se prononcer
sur ce plan en mars. Cosigné par tous les
député-e-s PopEcoSol et par quatre (!) députés du PS,
ce postulat dénonce le fait que le rectorat supprime des
enseignements fondamentaux – l’talien, une des quatre
langues et cultures nationales, et le grec ancien qui
est une base de la culture européenne – sans se soucier
au préalable d’une alternative permettant de garantir
la pérennité de ces enseignements sur le plan
romand. Ce postulat proteste aussi contre le fait que la
Loi sur l’université, qui oblige le rectorat à consulter les
Facultés avant de soumettre son plan au Conseil de
l’Université, n’a pas été respectée. Les député-e-s
demandent en outre au Conseil d’Etat d’entamer très
rapidement des discussions entre les différentes
Hautes Ecoles Universitaires concernées, notamment
dans le cadre BENEFRI (Berne/Neuchâtel/Fribourg) et
AZUR (Genève/Lausanne/Neuchâtel), afin de trouver
des solutions viables et aptes à répondre aux revendications
légitimes du maintien de l’enseignement universitaire
de l’italien et du grec. Ils concluent leur intervention
pour demander, compte tenu de l’importance
politique et historique du grec et de l’italien, que l’accès
à ces deux filières soit garanti au-delà et indépendamment
des modes passagères, arguant que la formation
et la recherche universitaires doivent en effet être définis
par un projet humaniste et non uniquement par des
modes, une logique de rentabilité à court terme ou des
intérêts conjoncturels propres à l’économie.

La communauté italienne, très présente dans le canton
de Neuchâtel, et de nombreux intellectuels
appuyés notamment par Georges Haldas qui a publiquement
dénoncé la politique du rectorat lors d’une
représentation d’Antigone de Sophocle organisée au
Théâtre du Passage à Neuchâtel, restent mobilisés.

La rentabilité à court terme propre à la logique néolibérale
aimerait s’imposer sans discussion. Saurons-nous
barrer la route à cette dérive avant qu’il ne soit
trop tard?

Henri VUILLIOMENET