Vers une majorité de gauche? Pour quels changements?

Vers une majorité de gauche? Pour quels changements?

10 avril prochain: élection du Grand Conseil et du Conseil d’Etat (1er tour). Pour la première fois, depuis 1848, date de fondation de la République, le basculement de la majorité à gauche est annoncé, aussi bien au niveau du Grand Conseil que du Conseil d’Etat (il y a eu majorité de gauche au Conseil d’Etat de 1989 à 1993, sans que cela ne laisse de traces).

La dernière législature a été marquée par une volonté acharnée des bourgeois-ses de baisser la fiscalité pour les riches, et ils y sont parvenus en partie (baisse de l’impôt sur les entreprises, baisse de l’impôt sur l’héritage), mais ils ont échoué devant le peuple avec l’initiative de la chambre du commerce et de l’industrie (baisse linéaire des impôts de 10%) soutenue par la droite unie.

Quels enjeux pour la gauche combative?

Le canton vient d’annoncer un exercice 2004 à 100 millions de déficit, en partie conséquence des baisses d’impôts. De surcroît, il fait face à de multiples problèmes: chômage, en particulier des jeunes, avenir du système de santé et de formation (notamment les HES et l’université), avenir du personnel de la fonction publique.

SolidaritéS s’engage pour ce changement de majorité avec ces revendications prioritaires:

  • Droit à l’emploi. Il est inacceptable de voir des jeunes en nombre croissant se présenter à l’aide sociale. Ils/elles doivent bénéficier d’une solution: soit une formation, soit un emploi, soit un stage qualifiant payé au prix du marché du travail.
  • Défense des services publics, attaqués de toutes parts: le système hospitalier est menacé de privatisation, l’université est placée sous le pouvoir absolu d’un rectorat soumis à la logique néolibérale.
  • Lutte pour l’égalité hommes-femmes.
  • Contrôle des salaires et des conditions de travail, pour un salaire minimal de 3500.- net
  • Intégration des immigré-e-s par l’extension des droits, notamment le droit d’éligibilité communal et cantonal (puisque le droit de vote est acquis pour les détenteurs-trices du permis C).
  • Défense des sans-papiers et de tous les statuts fragiles, pour une intégration de plein droit dans la société dans laquelle ils/elles vivent.
  • Défense des conditions de travail du personnel de la fonction publique.

Réorganisation de la droite

Ces élections cantonales sont également l’occasion d’une réorganisation de la droite. L’entrée en scène de l’UDC, derrière son commissaire de police, met une pression maximum sur la droite traditionnelle, qui est de plus en plus attirée par les méthodes policières de ce parti qui pourrait bien devenir son nouvel allié déclaré (le 2e tour pour le Conseil d’Etat sera un test pour voir si les libéraux et radicaux sont prêts à boire la tasse jusqu’au fond et faire liste commune avec l’UDC). Mais qui mangera qui? Car, toute dérive vers la droite extrême a un prix pour ces partis: la perte des électeurs-trices centristes.

Nous savons bien qu’une majorité parlementaire de gauche ne fera pas de miracles. C’est la mobilisation dans la rue, la lutte syndicale, la lutte de la jeunesse, qui permettront de promouvoir des avancées sociales dans le canton. Dans le contexte actuels, SolidaritéS ne pense pas pour autant que le renversement de la majorité de droite soit un enjeu secondaire.

Grand Conseil

115 député/es élus/es à la proportionnelle, par district, avec un quorum de 10%. Les listes apparentées doivent atteindre ensemble 10% pour avoir des élus. La gauche (PS, Verts, POP, Solidarités) est apparentée dans tout le canton depuis de nombreuses années. La droite «classique» (radical, libéral) l’est aussi. L’UDC a dépassé les 10% aux dernières élections nationales et communales. Le PDC présente une liste, mais c’est plutôt anecdotique.

Dans le district de Neuchâtel, il faut 3 % des voix pour un siège, dans les districts de Chaux-de-Fonds et de Boudry 4%, dans les autres districts davantage.

Situation actuelle: 60 élus-es à droite, 55 à gauche (39 PS, 7 POP, 7 Verts, 2 solidaritéS)

Conseil d’Etat

5 sièges. Actuellement 2 radicaux, 1 libéral, 2 socialistes.

Election au système majoritaire à 2 tours. Au premier tour, ne sont élus que les candidats-tes obtenant 50% des voix. Il y aura 26 candidats-es (7 listes), alors qu’habituellement ils ne sont qu’une dizaine. C’est l’annonce d’un probable 2ème tour.

C’est la première fois que les immigré-e-s détenteurs d’un permis C pourront élire le parlement et le gouvernement.

Candidat-e-s de Solidarités

Au Conseil d’Etat, nous présentons 4 candidates: Marianne Ebel, députée, Dorothée Ecklin, députée, Catherine Reid, vendeuse, Maddalena Perrenoud, poétesse. [A Neuchâtel, toutes les listes présentent un ticket au Conseil d’Etat pour avoir un réel accès aux médias, ndlr.]

Au Grand Conseil, nous présentons 13 candidats/tes à Neuchâtel, 5 à Boudry et 3 à Chaux-de-Fonds. C’est la première fois que nous nous présentons à Chaux-de-Fonds.

Quelles chances pour solidaritéS?

Dans le parlement sortant, solidaritéS a 2 élues (district de Neuchâtel). Aux dernières élections communales de 2004 en ville de Neuchâtel, notre liste avait sensiblement reculé (de 10% à 6%). Nous espérons ne pas connaître la même mésaventure, surtout que nous savons que nous réalisons un moins bon résultat dans les communes avoisinantes, qu’en ville même. A Boudry, nous présentons une liste formée de 5 jeunes. Globalement nous espérons renforcer la voix la solidaritéS dans le parlement. Il en a bien besoin!

Henri VUILLIOMENET