France: durcissement du mouvement lycéen

France: durcissement du mouvement lycéen

Depuis plus de deux mois, le mouvement lycéen aura mobilisé la majorité des élèves de l’enseignement secondaire. Lié aux personnels de l’éducation nationale, mais aussi aux mobilisations de l’ensemble des salarié-e-s, il place au centre de ses préoccupations le débat sur la Constitution européenne. Il exprime un ras-le-bol par rapport à ce gouvernement et à cette société.

Le mouvement lycéen est imprévisible. Amorcé par de grandes manifestations, il s’est poursuivi par une grève massive et durable (180 lycées bloqués au début de ce mois, dont une trentaine à Paris). Les rapports entre les lycéens des quartiers les plus populaires et les autres ne vont pas de soi. Mais une unité large s’est tout de même développée, notamment face à la police… En bref, le mouvement continue, sans qu’on sache jusqu’à quand, et sa coordination joue un rôle décisif dans ce processus.

La réalité sociale des lycéens est très diverse. Mais l’ensemble du mouvement ne cesse de se politiser et de se radicaliser au fil de l’action. Tandis que des dizaines de milliers de lycéen-ne-s s’affrontent au gouvernement, une couche de militant-e-s quotidiens du mouvement émerge et des jeunes s’organisent pour changer de société.

C’est aussi une bataille plus générale que mènent les lycéen-ne-s, en particulier des milieux populaires, contre les inégalités engendrées par ce système et contre la répression, c’est-à-dire contre tout ce qui limite l’avenir des jeunes. Il est essentiel que les réseaux construits dans la lutte ne se dissolvent pas immédiatement après; pour cela, il faut qu’ils comprennent les enjeux de cette confrontation et soit prêts à la mener jusqu’au bout pour imposer d’autres choix de société.

Dans l’immédiat, les manifestations pourraient reprendre un caractère de masse, relancer le mouvement de grève et s’élargir aux personnels de l’Education et aux étudiant-e-s. Ce dernier point est crucial: après deux mois de mobilisation, il sera très difficile de continuer, si elle ne s’élargit pas socialement. (réd)