Gauche en mouvement: battons la droite!

Gauche en mouvement: battons la droite!

Genève est à la veille d’élections dont l’enjeu est important. Face à une droite arrogante, s’appuyant sur les xénophobes blochériens et leurs compagnons de route, qui vise – plus que jamais – à imposer ses recettes néolibérales et un démontage des droits et des acquis sociaux de la population dans tous les domaines, un vent de résistance s’est levé.

Il s’est matérialisé par exemple dans la claque infligée le 24 avril en votation populaire aux projets de régression sociale, contrés par une série de référendums, qui ont permis de s’opposer au démantèlement des droits des chômeurs-euses, à la baisse du revenu minimum des handicapé-e-s, à la privatisation des transports publics (TPG)…

ADG renouveau nécessaire

Dans ce contexte, depuis une année maintenant solidaritéS s’est prononcé clairement pour un renouvellement indispensable de l’Alliance de Gauche (ADG) et une mobilisation large pour battre la droite aux élections cantonales de 2005. Nous l’écrivions alors à nos partenaires de l’ADG, le Parti du Travail et les «Indépendants»: «Pour cela, nous devons nous montrer capables de donner un nouvel élan à l’ADG, en nous ouvrant aussi à des forces et à des militant-e-s nouveaux, femmes et hommes. Seule une liste large représentant nos trois composantes et ouverte sur l’extérieur, peut répondre à de tels objectifs…»

Comme nous l’avions écrit dans le programme électoral de l’ADG en 2001:

«Notre présence au Parlement prend tout son sens en visant non pas à se substituer aux mouvements sociaux, mais au contraire à être au service de toutes celles et de tous ceux qui, dans leurs diverses organisations et mobilisations associatives, syndicales et dans la diversité des actions collectives, veulent résister à la pression néolibérale et travailler à la construction d’une alternative sociale.

Plus que jamais, il est nécessaire de renforcer une gauche résolue et combative au Parlement qui sache conjuguer l’action sur le terrain et la défense cohérente et sans compromission des intérêts des salarié-e-s et de toutes les personnes «laissées pour compte» du système actuel.

C’est dans cette perspective que l’Alliance de Gauche veut travailler avec celles et ceux qui se retrouvent dans ce programme pour réaliser ensemble les avancées vers un réel changement de société, construite sur l’égalité,l’émancipation sociale et une économie au service de toutes et tous.»

Refermer ou ouvrir?

Ces propos n’ont pas pris une ride et c’est dans cet esprit que nous proposions, l’an dernier déjà, une liste large et ouverte de plus d’une cinquantaine de candidat-e-s, qui aie, dans le contexte actuel, autant de souffle que celle qui a porté l’ADG au Parlement cantonal en 1993, avec plus d’un cinquième des élu-e-s de celui-ci.

Cette liste n’a pas pu se réaliser avec nos partenaires de l’ADG, qui ont cherché à imposer, dès le mois de mars, une liste restreinte limitant le nombre de candidat-e-s de solidaritéS à neuf et le nombre de candidat-e-s non affiliés à l’une des composantes de l’ADG à trois, ceci au nom de calculs et de préoccupations étroites visant à interdire toute dynamique nouvelle, pourtant indispensable à la défense des intérêts de la population. Cette proposition donnait à la liste envisagée le goût et la couleur d’un club fermé visant à reconduire des élu-e-s en place… elle limitait le renouvellement, le renforcement de la présence de femmes, de jeunes, de militant-e-s nouveaux issus du terrain des luttes sociales en cours…

Malgré l’acceptation par solidaritéS – au nom de l’unité – d’un premier compromis doublant la représentation des Indépendants et ne retenant que 14 candidat-e-s de notre mouvement, puis, sur proposition du PdT 12 seulement. Les Indépendants de l’ADG, auxquels se sont ralliés de manière inattendue et frileuse nos camarades du PdT, ont déposé unilatéralement, la semaine dernière, une liste excluant solidaritéS.

Un souffle nouveau…

Or, depuis des mois, fidèles à notre orientation d’ouverture et de renouvellement, nous avons liés des contacts et construit une liste de militant-e-s engagés sur les multiples terrains de résistance à la politique de la droite néolibérale et ultra-concervatrice: des féministes, des altermondialistes, des syndicalistes, des animateurs d’associations diverses, des opposants à la guerre… Pour nous, c’est l’entrée en lice, dans cette bataille, de ce type de forces, qui est nécessaire pour «battre la droite» électoralement cet automne, mais aussi pour mener une autre politique s’appuyant sur des mobilisations sociales réelles.

Ainsi, après le dépôt de la liste du groupe des Indépendants et du Parti du Travail, solidaritéS a déposé une liste, correspondant à la démarche que nous préconisions avec 55 candidat-e-s, dont une quinzaine qui ne sont pas membres de solidaritéS.

Son intitulé? «solidaritéS membre de l’Alliance de gauche et Gauche en mouvement». Il correspond à la réalité de cette liste. En effet, les militant-e-s et les élu-e-s de solidaritéS ont largement et depuis des années porté plus que leur part de nombreux combats de l’ADG. Le volet «Gauche en mouvement» de cet intitulé représente bien l’élargissement de notre liste à ces militant-e-s, hommes et femmes, qui ont accepté de s’engager avec nous dans cette bataille.

Ensemble contre le système!

Avec leur participation ce ne sont pas seulement des noms sur une liste qui viennent en «appoint» à solidaritéS, mais des camarades qui nous apportent leurs expériences, leur réflexions, leurs connaissances directes de nouveaux terrains… et qui nous ont permis d’enrichir le programme auquel nous travaillons depuis un certain temps.

L’un des objectifs principaux de cette liste vise à la participation active des femmes et des féministes engagées sur le terrain de la lutte pour l’égalité et contre les effets des politiques néolibérales et machistes qui creusent les inégalités dont sont victimes les plus démuni-e-s et en particulier les femmes parmi eux.

Avec le dépôt de cette liste et au-delà des tacticismes électoraux des uns et des autres, c’est un souffle nouveau, qui s’est levé et des énergies démultipliées que l’on a ressenti à solidaritéS.

Bien entendu, si les élections sont un moment de bataille politique important, le dépôt de cette liste doit aussi être pas vers la reconstruction d’une force de résistance qui réussisse réellement à faire de la politique «autrement», et pas seulement à l’échelle genevoise. Ceci sans perdre de vue, au fil des batailles successives, que l’un de leurs enjeux est de contribuer à dessiner et à construire des alternatives en rupture avec ce système capitaliste.

Pierre VANEK