Expo.02: touche pas à mon repos

Expo.02: touche pas à mon repos


A événement exceptionnel, situation exceptionnelle! Voilà le proverbe que le Conseil d’Etat neuchâtelois essaie de faire avaler au personnel de vente du canton.



Dans toutes les régions accueillant des arteplages de l’Expo 02, les autorités cantonales se sont penchées (ou s’apprêtent à le faire tout prochainement) sur la question de l’extension des horaires d’ouverture des magasins pendant l’expo. Dans un avant-projet, le Département neuchâtelois de l’Economie publique envisageait d’autoriser tous les magasins qui vendent des articles liés aux besoins des touristes d’ouvrir tous les soirs jusqu’à 22 heures et les dimanches jusqu’à 17h, et cela dans toutes les communes du canton. Les syndicats (UNIA soutenu par la FCTA et Comedia) ont organisé des assemblées générales de personnel de vente, de sorte à permettre aux personnes concernées de prendre position sur le projet. Ce sont plus d’une centaine de vendeuses et vendeurs qui ont répondu présents. Un véritable succès pour un secteur comme la vente où toutes démarches de défense collective nécessite force et courage!

La position du personnel est claire et limpide!


Le personnel consulté a été unanime à s’opposer à toutes prolongations des horaires des magasins durant l’expo. Les vendeuses et vendeurs ont également dit que pour le cas où des prolongations devaient malgré tout être autorisées, ils exigent:

  • que les magasins restent strictement fermés les dimanches et jours fériés
  • que les patrons acceptent de conclure une convention collective de travail améliorant substantiellement leurs salaires et leurs conditions générales de travail
  • que la prolongation des horaires soit limitée au strict minimum (22 h étant beaucoup trop tardif)
  • que la prolongation des horaires soit autorisée pour les seules localités situées aux abords immédiats de l’expo.


L’avis déterminé des vendeuses a été transmis au Conseil d’Etat. Simultanément, des pressions politiques ont été exercées par le groupe parlementaire PopEcoSol (par le biais d’une interpellation co-signée par des député-e-s socialistes) pour tenter de ramener à plus de raison Bernard Soguel, le Conseiller d’Etat en charge du dossier, et l’ensemble de ses collègues du Gouvernement.



Le Conseil d’Etat neuchâtelois vient de rendre son verdict! Et ce n’est pas glorieux! Le canton de Neuchâtel décide que durant toute la durée de l’expo:

  • tous les magasins pourront être ouverts (sans restriction aucune d’assortiment)
  • dans toutes les communes du canton
  • tous les jours du lundi au vendredi jusqu’à 21 heures et le samedi jusqu’à 19 heures
  • les magasins devront garder portes closes les dimanches, mais pourraient ouvrir durant les trois jours fériés tombant pendant l’expo (lundi de Pentecôte, 1er août, lundi du jeûne).


C’est sans doute mieux que ce qui était initialement prévu (dimanches fermés et nocturnes limitées à 21 h au lieu de 22h). mais la décision reste parfaitement inacceptable!



Inacceptable parce que le canton entend autoriser l’ouverture durant trois jours fériés, violant ainsi clairement les dispositions de la Loi fédérale sur le travail. Le syndicat UNIA interjettera évidemment recours contre cette décision.



Inacceptable parce que l’extension des horaires vise clairement (de l’aveu même de la chambre patronale neuchâteloise) non pas à servir les hypothétiques besoins de touristes (tout le monde sait que les touristes de Expo 02 ne resteront pas le soir dans la région pour faire du shopping, ne serait-ce que parce qu’ils seront sur les genoux, morts de fatigue !), mais bien plus à servir les pseudo besoins de la clientèle locale et à créer ainsi de nouvelles habitudes de consommation pour l’avenir.



Inacceptable encore parce que l’Etat n’a pas subordonné l’autorisation de prolonger les horaires à la condition que les patrons signent une convention collective de travail.



Il paraît particulièrement injuste et inacceptable que l’Etat et les commerçants exigent des concessions et des efforts de la part du personnel de vente, alors même que leurs aspirations légitimes à davantage de protection sociale et salariale butent, depuis des décennies, contre d’arrogantes fins de non-recevoir de la part des organisations patronales de la branche.



Les vendeuses continueront de se battre!



Catherine LAUBSCHER
Secrétaire centrale du syndicat UNIA