École et diversité culturelle: quelle intégration?

La pluralité culturelle dans la plupart des classes de l’enseignement genevois est une évidence. Cet aspect multiculturel n’est pas nouveau et il est le reflet de la population genevoise: certains établissements scolaires regroupent plus de 60 nationalités! Dès lors, il est tout aussi évident que l’école «… doit continuer à s’adapter à une société multiculturelle en offrant à chaque élève des chances égales» (cf. propos de Charles Beer reproduits par Le Courrier du 14 mai). Mais comment faire dans la réalité du quotidien?

Parmi les diverses structures de l’institution scolaire, le service des classes d’accueil du cycle d’orientation (secondaire inférieur), qui existe depuis fort longtemps, met sur pied dès cette année scolaire un séminaire de formation continue destiné à tous les enseignant-e-s intéressés: «mondialisation, éducation et diversité culturelle». D’autres séminaires sur des thèmes semblables vont être proposés aux enseignant-e-s des divers ordres d’enseignement. Cette préoccupation de l’école genevoise, quant à l’intégration des élèves migrants et au respect des différences, n’est d’ailleurs pas l’apanage de ce canton seulement, mais elle est largement partagée par plusieurs autres cantons suisses.

Supervision
ethno-psychiatrique

Cependant, ces différents séminaires de formation continue ne sont pas obligatoires et ne touchent pas la grande majorité des enseignant-e-s, alors que beaucoup de questions et/ou problèmes surgissent quotidiennement en matière d’intégration, de compréhension mutuelle.

Afin de prévenir ces difficultés, plusieurs établissements du cycle d’orientation (à l’instigation d’enseignant-e-s particulièrement sensibles aux problèmes des migrant-e-s) ont commencé depuis une dizaine d’années une collaboration régulière avec une éthno-psychiatre. Les cas d’élèves dont le comportement ou les réactions paraissent difficiles à comprendre ou à décoder sont présentés en colloque avec l’étho-psychiatre sous une forme confidentielle et proche d’une supervision. Le nombre de participant-e-s est donc limité aux personnes qui connaissent l’élève et qui sont intéressées par une telle démarche.

Représentant-e-s
de diverses cultures

La pratique a aussi évolué: des représentant-e-s de diverses cultures sont invités à venir parler de leur pays, de leurs coutumes, de leurs valeurs. Un homme et une femme de chacun des pays ou cultures concernés sont présents à chaque fois, afin de permettre l’évocation des divers points de vue desdites cultures. Un temps de questions et discussion entre présentateurs-trices et public est prévu lors la séance.

Le nombre de participant-e-s à ces séances est moins limité qu’au séminaire de présentation de cas et concerne donc plus d’enseignant-e-s. Cette façon de faire n’exclut pas nécessairement l’étude d’un «cas» ni la présence d’un-e ethno-psychiatre permettant de faire les liens nécessaires entre les différents aspects culturels. D’étapes en étapes, un réseau de partenaires de différentes cultures s’est ainsi créé en établissant des liens avec les écoles concernées.

Intégration =
adaptation réciproque

L’objectif recherché par ces séances est de faire comprendre à toutes/tous que «intégration» signifie «adaptation réciproque». Cette dernière passe par des informations mutuelles, une meilleure connaissance des différences pour mieux «rassembler», par un travail sur les valeurs propres de chaque culture, et par la nécessité de partager ces valeurs, entre autres.

Ceci dit, tous les enseignant-e-s ne sont pas concernés par ce travail, puisque les séminaires ou séance proposés ne sont pas obligatoires. A ma connaissance, cet aspect socio-culturel n’est pas non plus abordé systématiquement et en profondeur lors de la formation initiale des enseignant-e-s. Il reste donc un grand chemin à parcourir dans ce domaine, ne serait-ce que pour être en accord avec la mission «d’intégration» de l’école et de la relation que celle-ci doit entretenir avec les familles.

Marlyse FREYDIÈRE WEGENER