Résistance au néolibéralisme… et alternative anticapitaliste

Résistance au néolibéralisme… et alternative anticapitaliste

Les 26 et 27 novembre, a eu lieu à Londres l’une des conférences régulières du réseau de coordination de la Gauche Anti-Capitaliste Européenne (GACE), avec – notamment -la participation de représentant-e-s et de camarades du Bloc de Gauche portugais, de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) française, du Scottish Socialist Party (SSP) d’Ecosse, du Socialist Workers Party (SWP) et du Socialist Party anglais, de la coalition anglaise RESPECT, de l’Alliance Rouge-Verte danoise, d’Espacio Alternativo de l’Etat espagnol, du DKP allemand…ainsi que de solidaritéS!

Cette conférence a permis un échange d’informations sur les situations politiques dans les différents pays… et leurs développements récents. Pour ne citer que quelques points, il y a été question des succès électoraux de la gauche en Allemagne, en Grande-Bretagne… et au Danemark, où nos camarades Rouges-Verts ont réussi à présenter des candidat-e-s pour 90% de tous les sièges aux récentes élections municipales et – à l’échelle nationale – ont recueilli près de 3% des suffrages.

Alliances et convergences….

La situation allemande, avec le succès du parti de la gauche (alliance PDS/WASG) aux récentes élections au Bundestag avec sa conquête de plus de 50 sièges, le rapport des camarades anglais sur les perspectives de la coalition RESPECT qui a remporté un siège aux Communes, avec Georges Galloway lors des dernières élections nationales (malgré le système électoral britannique anti-démocratique), qui vient de tenir sa deuxième conférence nationale et qui sera largement présente lors des municipales ce printemps… ont – entre autres – alimenté un échange de vues sur la construction nécessaire – dans des situations et sous des formes différentes – de coalitions, de fronts et d’alliances larges anti-néolibérales et anticapitalistes, en rupture avec le social-libéralisme. Mais aussi sur leurs liens avec les organisations préexistantes de la gauche de la gauche, et sur leur articulation – au-delà des échéances électorales – avec le développement des mouvements sociaux qui s’opposent sur le terrain aux politiques néolibérales. A ce sujet, l’expérience du Bloc de gauche portugais, déjà évoquée dans nos colonnes représente, comme aussi la construction du SSP écossais, des expériences particulièrement intéressantes.

Après les NON à la constitution

Pour la France, les suites de la large campagne unitaire du NON de gauche à la constitution européenne néolibérale, comme aussi la récente révolte dans les banlieues, qui prend ses racines dans la pauvreté, le chômage, l’exclusion et le démantèlement des droits sociaux, avec comme seules réponses du pouvoir, l’état d’urgence et la répression, ont été abordés dans ce contexte.

Le développement des débats et des échanges avec le «Parti de la Gauche européenne», auquel le Bloc de gauche portugais et RESPECT notamment ont adhéré, ont été également évoqués dans cette perspective. Celle-ci indique que les efforts auxquels participe solidaritéS, avec le PST/POP, les listes alternatives alémaniques (AL) et d’autres… pour mieux donner corps à la coalition «A gauche toute!» à l’échelle nationale en Suisse, ne sont pas le reflet d’un quelconque particularisme helvétique, mais correspondent à un besoin d’unité d’action et de réponse politique commune qui s’impose à une échelle bien plus large. Nous reviendrons à ce propos dans notre prochaine édition sur la journée commune de débats organisée par «A Gauche toute!» le samedi 14 janvier à Zurich…

De la Grande Bretagne de Blair, où l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans et la privatisation des retraites est agendée, à l’Allemagne de la nouvelle coalition socialo-libérale où la relance du démantèlement social est à programmée… en passant par la Suisse de Merz et Blocher, le renforcement des attaques antisociales, des privatisations, du dumping salarial est à l’ordre du jour…

Unité contre
le dumping salarial….

Notre conférence de Londres a donc engagé la GACE a promouvoir et à participer aux actions prévues début 2006 contre le projet de directive européenne sur les services, dite Bolkestein, (notamment lors d’une manif à Strasbourg). A ce sujet, la déclaration adoptée à Londres – disponible sous peu sur notre site Internet – insiste en particulier sur notre «rejet de la politique de «diviser pour régner « qui cherche à opposer les travailleurs-euses de l’Europe de l’Est et ceux d’Europe occidentale.» Elle réaffirme que «les travailleurs-euses dans chaque pays, quelle que soit leur origine ou statut, doivent avoir accès… aux mêmes droits et aux mêmes salaires que les citoyen-ne-s du pays en question.» Et elle s’engage – contre la sous-enchère salariale – à promouvoir une lutte commune – sur le terrain et à l’échelle du continent – pour des salaires décents qui permettent de vivre.

Pour une autre Europe

La Conférence a réaffirmé son rejet de la «Forteresse Europe» son refus de la militarisation de sa frontière au Sud, manifestée par les drames à Ceuta et Melilla… et le refus des mesures répressives accrues contre les libertés publiques prise dans toute l’Europe au nom de la «guerre contre le terrorisme.» Elle a également réaffirmé son opposition à la guerre et en particulier au rôle accru des Etats européens dans l‘occupation de l’Afghanistan sous l’égide de l’OTAN, ainsi que son opposition de fond cette alliance militaire.

Pour les organisations de la GACE, le mouvement altermondialiste est un creuset et une force motrice d’une nouvelle résistance globale: elle seront donc présentes aux prochains Forums sociaux mondiaux (au Mali et au Venezuela) et nous participerons, de manière coordonnée au prochain Forum social européen à Athènes…

Mais au-delà de la résistance les organisations de la GACE sont engagées dans la lutte pour un projet alternatif de société basée sur la paix, la solidarité, l’égalité et la justice, plutôt que la guerre, la concurrence, la répression et l’exploitation… C’est cette question de notre projet alternatif et de son élaboration commune qui sera au centre d’un séminaire commun ouvert à tous nos militant-e-s et au-delà, qui se tiendra à Paris à l’occasion de l’anniversaire du NON français aux alentours du 20 mai.

Pierre VANEK