Socialistes et Conseil d'Etat pour une majorité de centre-droite

Socialistes et Conseil d’Etat pour une majorité de centre-droite

Obnubilé par le budget 2006, qu’il voulait à tout prix faire passer, le Conseil d’Etat a publié son programme de législature 2006-2009 dans le but de donner des garanties suffisantes à la droite bourgeoise. Le dérapage est visible
dès la première phrase: «Le Canton de Neuchâtel était un canton riche. Il ne l’est plus» (p.5). En réalité, le Canton est loin d’être pauvre, les millionnaires se sont multipliés et l’économie se porte bien. Les entreprises neuchâteloises ont annoncé 5 milliards de bénéfices. Mais l’impôt n’a pas suivi: ce n’est pas le Canton qui est pauvre, mais ses caisses qui sont vides. Nuance…

Empressé de retrouver un large consensus au Parlement, le Conseil d’Etat n’a pas voulu enquêter afin de prendre l’argent là où il se trouve; il a préféré «agir sans tabou» et s’engager sur la voie de l’austérité.

«De tous les défis immédiats qui nous attendent, le redressement des finances cantonales est le plus pressant. (…) des abandons de prestations sont inéluctables» (p. 5-6). Voilà l’option.

D’ici 2009, la santé et le secteur social voient ainsi leur «enveloppe budgétaire» sérieusement entamée. L’Etat entend aussi réduire les coûts de l’enseignement en augmentant le nombre des élèves par classe, revoir à la baisse l’offre de formation au secondaire 2 et engager de nouvelles restructurations universitaires. Il annonce une réduction de 10% au moins de la masse salariale dans la fonction publique.

Seul le groupe PopVertsSol s’est opposé à ce programme. Le PS a regretté de devoir passer par là, mais a salué le courage du gouvernement et l’a remercié par un vote unanime. La droite a applaudi des deux mains: « Enfin! » s’est exclamé le porte-parole des libéraux; « C’est notre programme », ont proclamé les radicaux en précisant qu’ils veilleront à l’application de ces déclarations d’intention du gouvernement. « Ces propositions sont UDC-compatibles » a estimé le représentant de leur groupe tout en précisant qu’une partie d’entre eux s’opposera à ce programme pour souligner que les rythmes pour assainir les finances sont trop lents…

Les contours d’une nouvelle majorité, au centre droite – avec le PS, les libéraux et les radicaux – ont ainsi été dessinés. Quant au budget 2006, c’est un large consensus «à la neuchâteloise» qui aura, suite à 20 heures de débats, eu raison des dernières réticences. Les quatre ans de législature annoncent des moments rudes pour les jeunes, les femmes, les personnes seules à bas revenus, et l’ensemble du personnel de la fonction publique. De nouveaux fronts de résistance sont à construire.

Marianne EBEL


Haro sur les pauvres!

Il y a des tricheurs. C’est le Conseil d’Etat neuchâtelois qui nous le dit. Qui sont-ils? Ceux qui s’enrichissent indûment? Les spéculateurs? Les entreprises qui échappent aux impôts? Vous n’y êtes pas! Pour l’heure, ils n’ont rien à craindre. Non! ce sont les pauvres qui se trouvent dans le collimateur. Par voie de presse, on apprend que le Conseil d’Etat va affecter aux services sociaux un inspecteur chargé de traquer «les abus».

Globalement, l’aide sociale doit être réduite de 4 millions. Pour les trouver, le canton va s’aligner sur les normes de la conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS). C’est une baisse générale des prestations d’aide sociale de l’ordre de 7% qui sera ainsi appliquée.

Autre mesure d’austérité:

Pour les personnes à bas revenus, les subsides de la Lamal sont revus à la baisse. Un quart des bénéficiaires actuels seront privés de toute aide; 20% de la population bénéficiera de subsides réduits.

Pour les jeunes sans emplois,
le bâton…

Depuis plusieurs années le nombre des jeunes qui peinent à trouver un emploi ou un apprentissage augmente. Entreprises exigeant de l’expérience, manque de places, salaires en dessous de toute norme sont une partie des causes facilement identifiables. Mais pour l’heure, le Conseil d’Etat ne semble compter que sur la bâton pour les mettre au travail coûte que coûte: dès 2006, pour les moins de 30 ans, l’aide sociale sera supprimée au profit d’une réinsertion «volontariste».

«Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes»? 100% d’accord. Il devrait y avoir mieux à offrir aux jeunes que l’aide sociale. Mais garantir à chacun-e une formation, un stage ou un emploi implique des investissements importants. Or là, aucun budget n’est annoncé, et ce n’est pas la diminution de l’emploi, à hauteur de 10% dans la fonction publique, qui va contribuer à leur ouvrir des perspectives d’avenir.

Inadmissible, et pourtant ça passe comme une lettre à la poste!

Diminution de 45% de la subvention de l’aide au développement!

Suppression de l’asssurance maternité cantonale, qui octroyait une allocation aux jeunes mères sans revenu. Elles pourront toucher l’aide sociale sur demande…

Symétrie des sacrifices?

Couple millionaire Couple avec un revenu
mensuel imposable
de 2850.-
40.- d’impôt supplémentaire par mois, en 2006 seulement Diminution de l’aide à la Lamal de 80.- par mois