Italie: Refondation communiste, à gauche avec le mouvement social

Italie: Refondation communiste, à gauche avec le mouvement social


Lors de son dernier congrès national, les 6-7 avril, le Parti de la Refondation Communiste (PRC) a rompu explicitement avec ses dernières attaches staliniennes en critiquant l’héritage de Palmiro Togliatti. Fait sans précédent en Europe, il l’a fait sur la gauche, en misant sur l’action et l’organisation du mouvement social.



Salvatore Cannavò*



«Enfin le congrès du tournant vers les mouvements» lançait Fausto Bertinotti, secrétaire national du PRC (Parti de la Refondation Communiste), au commencement de son rapport au Ve congrès national du parti. «Grâce à la reprise des mouvements sociaux, et à la capacité du Prc d’en être parti prenante, nous sommes aujourd’hui les seuls en Europe à pouvoir emprunter une sortie à gauche des défaites et des horreurs du XXe siècle. Rompre avec le Stalinisme, affirmer l’incompatibilité entre régimes staliniens et communisme». Voilà, donc, le noyau central du congrès, dont le débat a été entièrement signé par cette recherche d’une véritable «Rifondazione» d’une gauche anticapitaliste, alternative au Centre-gauche, à l’Olivier comme aux DS (Démocrates de Gauche, majorité de l’ex-PCI), même à ses courants de gauche, et qui vise à la construction des mouvements sociaux comme seule racine possible de toute transformation sociale.

Rupture avec l’héritage de Togliatti


Le mouvement contre la globalisation libérale a donc été l’invité d’honneur de ce parcours de discussion, et aussi l’élément de division et de différenciation parmi les divers courants de la majorité qui, jusqu’ici, avaient soutenu la ligne de Bertinotti. A part les 13% de la minorité historique du parti, des «trotskistes orthodoxes» Ferrando et Grisolia qui, même en maintenant une présence dans le parti, se sont placés de fait en dehors du débat du congrès en réaffirmant «le programme et la stratégie de toujours et pour toujours», la vraie innovation de ce congrès à été la différenciation ouverte du courant plus traditionnellement lié au PCI (Partito Comunista Italiano), autour de la revue L’Ernesto, qui a mené une bataille pour la «défense de l’histoire des communistes», contre la rupture nette avec le stalinisme et le «togliattisme», prônée par le document, et aussi pour mitiger le jugement fortement critique sur les DS et le centre-gauche. Ce courent «de droite» avait gagné 25% des voix dans les congrès de base, obtenant ainsi une présence conséquente dans les organes de direction et un membre sur 5 dans le secrétariat national du parti.

Au coeur des mouvements sociaux

Avec une majorité du 62%, Bertinotti est parvenu à amener Rifondazione hors des «ruines du mur de Berlin», projetant le parti sur le terrain de la reconstruction d’une alternative, dans le vif des mouvements et de l’autorganisation sociale, qu’il «veut continuer à appeler socialisme», citant Frei Betto et Michael Löwy dans son discours de conclusion.



Le «tournant à gauche» du parti s’est répercuté aussi dans la composition des organes de direction, fortement réduits par rapport aux précédents, et aussi formés dans une perspective «d’autoréforme» des structures du parti, plus ouvertes à une dimension collective de la direction, respectueuses des diverses tendances politiques et marquées par un renforcement significatif de la présence des Jeunes Communistes et des femmes.



La «sensibilité politique de la IVe internationale», définition affirmé désormais ouvertement dans le débat du parti pour signifier l’existence d’une pluralité de tendances même dans la majorité «bertinottiana», gagne un poids politique significatif dans la composition de cette nouvelle majorité de gauche, avec l’affirmation du président du groupe du Sénat, Gigi Malabarba, comme l’un des dirigeants les plus en phase avec ce tournant, et la capacité de son dirigeant historique, Livio Maitan, d’incarner l’idée de renouvellement du parti, en laissant «sa place» à la direction nationale à une jeune camarade formée dans l’expérience du mouvement antiglobalisation et des Giovani Comunisti, Flavia D’Angeli, tout en conservant un rôle de premier ordre dans le parti, en particulier dans la Fondation de Recherche dont le PRC a décidé de se doter.



* Co-directeur du quotidien du PRC, Liberazzione.

Titre et sous-titres de notre rédaction.