Neuchâtel

Les voitures électriques, avenir de la mobilité ?

Manifestation Grève du Climat à Neuchâtel

Un projet de décret est déposé au Grand Conseil, à l’initiative de Laurent Debrot (Verts) demandant de soumettre une initiative cantonale à l’assemblée fédérale pour que les cantons puissent refuser d’immatriculer certains véhicules.

L’objectif est d’interdire l’immatriculation de véhicules diesel ou à essence à partir de 2021. La question des véhicules hybrides n’est pas soulevée. 

Cette motion s’inscrit dans un vaste mouvement visant à remplacer les voitures fortement émettrices de CO2 et de pollution. Des villes, des régions, des pays prévoient des interdictions avec des normes et des délais divers. Tout cela se passe sur un fond de lutte entre les producteurs automobiles du monde entier pour prendre la tête dans ce qu’ils espèrent être un nouvel immense marché par le remplacement forcé des véhicules à essence et diesel par des véhicules électriques. Si la voiture électrique peut se révéler une aubaine pour les constructeurs, il n’est pas du tout évident que le climat y trouve son compte.

Les voitures électriques sont l’objet de multiples contestations.

La production, qui est le principal souci, nécessite plus d’énergie que la construction d’une voiture classique et génère le double d’émission de CO2. Le point critique, c’est les batteries qui utilisent beaucoup de métaux rares dont l’extraction est très polluante et dangereuse pour le personnel et la population des régions concernées. 

Le bilan polluant d’une voiture doit se faire sur tout son cycle, production et utilisation, et il est très contesté.

L’électricité ne tombe pas du ciel.

Si on voulait massivement passer à des voitures individuelles électriques la consommation d’électricité exploserait. Comment serait-elle produite ? Les panneaux solaires ou les éoliennes, ça se fabrique et sont aussi sources de dégradations environnementales. Les défenseurs de la voiture électrique sont optimistes sur l’amélioration des technologies et du recyclage. Toute une partie des scientifiques et des ingénieurs le sont beaucoup moins. 

Qu’en est-il de l’occupation de l’espace ?

La voiture électrique, comme celle à essence, occupe l’espace des villes et des campagnes, provoquant bouchons et accaparement de l’espace vert. Le luxe, grosses SUV, ultra-rapides,  est bien présent chez les électriques. 

Pour la recharge, des stations seront installées un peu partout, et comme la recharge est plus lente qu’un plein d’essence, de vastes parkings sont prévus pour les accompagner et charger simultanément des dizaines de voitures. Pour produire le surplus d’énergie électrique nécessaire, il faudra détruire de l’espace vert, polluer, transporter, quelle que soit la technologie. 

Qui va payer ?

La voiture électrique restera plus chère à produire qu’une voiture à essence, elle restera plus massive, à cause des piles. Partout, les politiques en faveur des voitures électriques combinent des interdictions et des soutiens financiers au nom de l’écologie et du climat. Le canton de Thurgovie offre déjà une prime au changement de 4000.- pour un véhicule totalement électrique. 

Qu’en est-il de l’entretien et du développement du réseau routier ? Pour l’instant les taxes sur l’essence y pourvoient largement. Les voitures électriques utilisent elles aussi ce réseau routier, mais pour l’instant elles ne paient rien, elles profitent des soutiens et des routes payées par les taxes sur les carburants.

Au final, c’est nos impôts qui vont soutenir celles et ceux qui auront les moyens de se payer une voiture électrique. C’est tout le piège de la nécessaire et inévitable transition énergétique qui peut être une vaste opération de transfert de richesses des plus pauvres vers les plus riches si on laisse faire le marché, cher aux verts-libéraux. Les producteurs automobiles font d’ailleurs pression pour au plus vite développer le marché de la voiture électrique, les résistances venant des garagistes qui devront s’adapter et investir.

Si tout se passe selon les voeux des dominants du monde, et des autorités cantonales, c’est une relance de l’économie qui est espérée, avec production de masse et installation d’un vaste réseau de recharge pour remplacer les stations essence, les centrales nucléaires assurant le « jus ».

Produire moins, partager mieux

Nous ne nous opposons pas aux voitures électriques, mais notre objectif est la réduction radicale des véhicules privés et un transfert de la mobilité vers les transports publics à propulsion à énergie renouvelable qui doivent devenir performants et gratuits et pour cela nécessitent des investissements et des soutiens à la hauteur des défis à relever. Nous combattrons toute mesure qui cache un transfert de richesse des plus pauvres vers les plus riches.

A terme, il faudra interdire les véhicules à carburant fossile, mais c’est une illusion complète de croire que l’on pourra simplement changer de carburant, mettre de l’électricité, et que tout continuera comme avant. C’est une transformation de la société qui est en cours et nous nous battons pour qu’elle s’accompagne d’une diminution des inégalités, d’une réduction du temps de travail et d’un développement de toutes les activités de soin, de convivialité, de bien-être et de culture.

La malédiction des matières premières

Le cobalt et le lithium sont à la base des technologies de batteries pour les véhicules électriques. Certains y voient le nouvel or noir et des promesses de profits fantastiques. Or, l’exploitation de ces ressources provoquent des dégâts environnementaux, sanitaires et sociaux considérables. Les populations concernées commencent de résister et de s’organiser :

Au Portugal :  

https://www.arte.tv/fr/videos/084753-008-A/arte-regards-un-village-portugais-contre-un-geant-du-lithium

En Bolivie : 

https://www.letemps.ch/economie/lithium-cobalt-producteurs-doivent-faire-face-leurs-responsabilites