Votations 3 mars 2024

Réformer l’AVS ? Pas n’importe comment !

Les deux propositions soumises au vote populaire du 3 mars 2024 concernent l’AVS.

L’une est une initiative du monde syndical pour une 13eme rente AVS. Comme le 13eme salaire qui entre lentement dans la normalité, la 13eme rente doit devenir la nouvelle norme !

L’autre vient de ceux qui défendent les privilèges des riches. C’est une proposition cynique des jeunes PLR , qui approfondit les inégalités sociales jusqu’à la tombe.

Mieux vivre à la retraite : OUI !

Au moment de la retraite, la rente AVS reste pour beaucoup de monde -dont une majorité de femmes-, la seule source de revenu. Pour elles et eux, cette rente est vitale. Introduire une 13eme rente, c’est une nécessité évidente pour compenser l’augmentation du coût de la vie de l’an passé, et parer tant soit peu aux augmentations prévisibles qu’entraîneront les décisions fédérales et des caisses maladie.

Avec cette 13eme rente, on restera encore loin, très loin, d’une assurance qui permette de vivre dignement à la retraite, comme l’exige pourtant la Constitution. Elle ne fera que rattraper le retard pris. Mais c’est un peu de baume sur nos plaies, un peu de beurre dans les épinards. Un pas dans la bonne direction.

Parce qu’elle s’engage pour étendre les prestations de l’AVS, l’Union Syndicale Suisse (USS) est taxée d’irresponsable par les associations patronales qui combattent cette initiative avec véhémence et la dénoncent comme néfaste et irréaliste. A les entendre, l’AVS est au bord de la faillite. Argument éculé, servi depuis longtemps, mais qui curieusement marche encore, alors qu’il est sans aucun fondement.

Ce système où tout le monde -y compris les plus riches- doivent cotiser en fonction de leurs gains est en effet très solide. Les réserves de l’AVS battent chaque année des nouveaux records. Pas étonnant, car depuis sa création en 1948, le nombre de personnes qui travaillent -et donc financent l’AVS- a fortement augmenté. Quant aux entreprises, elles ne se sont jamais aussi bien portées qu’aujourd’hui.

Les associations patronales, fer de lance de la campagne contre la 13eme rente, n’ont de fait aucun argument valable, mais comme toujours beaucoup d’argent pour mettre en circulation des arguments alarmistes et fallacieux. Ils savent d’expériences que plus le mensonge est gros, mieux il marche. Ceux qui voient leurs fortunes gonfler sans cesse se passeraient bien sûr volontiers de l’obligation de cotiser. C’est pourquoi elles crient si fort pour tenter d’enterrer l’AVS.

Le vote social, notre vote, ne fait aucun doute. Oui, nous voulons mieux vivre à la retraite !

Cette votation nous pouvons la gagner, mais pas sans mobiliser sérieusement la majorité qui a intérêt à ce que cette initiative pour une 13eme rente passe.

NON à l’initiative dite « pour une prévoyance sûre et pérenne »

Fascinés par l’augmentation des fortunes des riches du monde, les jeunes bourgeois helvétiques veulent faire partie du même Club que leurs pères. Iels veulent une fortune sûre et pérenne. Pour que les actions dont iels vont hériter montent, il faut que les travailleureuses triment le plus longtemps possible. Logique capitaliste, logique cynique.

Les dernières modifications de l’AVS – entrées en vigueur depuis janvier 2024 –l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et la retraite flexible- vont dans ce sens :

celles et ceux qui en ont les moyens partent à la retraite quand ils veulent, alors que celles et ceux qui travaillent dans les métiers les plus durs (physiquement et psychologiquement), qui ont les plus bas salaires et l’espérance de vie la plus basse, en sont réduits à travailler plus longtemps dans des boulots épuisants.

Non, nous ne travaillerons pas jusqu’à la tombe. Nous rejetons l’arrogance et le mépris de ces jeunes privilégié.e.s envers celles et ceux qui s’épuisent dans de durs travaux. Nous refusons cette injustice. Profiter de la vie, se reposer et organiser librement son temps avant de mourir ne doit pas être réservé à une minorité.

Nous luttons pour une réduction générale du temps de travail sans diminution du revenu. C’est pourquoi nous voulons une réduction du temps de travail hebdomadaire, annuelle, mais aussi sur toute une vie en diminuant l’âge de la retraite pour toutes et tous avec la garantie d’une retraite suffisante pour vivre sans tirer le diable par la queue. La qualité de notre vie passe avant les profits d’une minorité. Le 3 mars, votons massivement NON à l’initiative des jeunes PLR, trompeusement nommée « pour une prévoyance sûre et pérenne ».