Manifestation de soutien aux peuples palestinien et libanais,
Neuchâtel, 9 octobre 2024
Pour marquer le premier anniversaire de la sale guerre déclenchée par l’État d’Israël contre le peuple palestinien – une guerre qui s’étend maintenant au Liban – et dénoncer l’attitude des autorités suisses, une manifestation regroupant au moins 500 personnes s’est tenue à Neuchâtel, le 9 octobre 2024. Elle avait été appelée par le Collectif Action Palestine (CAP), Boycott-désinvestissement- sanctions (BDS), le Collectif de la grève féministe, l’Association anti-impérialiste étudiante (AAIE !), solidaritéS-NE, la Fédération libertaire des Montagnes (FLM), le Parti ouvrier et populaire (POP) – Section Littoral et les Jeunes POP. Par contre, la gauche institutionnelle était aux abonné·es absent·es…
Hormis les orateur·trices des mouvements ayant organisé la manifestation, le conseiller aux États genevois (PS) Carlo Sommaruga était parmi nous. Président du groupe d’amitié Suisse-Palestine aux Chambres fédérales, il a dénoncé avec vigueur le génocide en cours et la politique des autorités suisses, et il a appelé au boycott de l’État d’Israël (comme il l’avait fait dans sa jeunesse contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud). Depuis plusieurs jours, une pétition adressée aux élu·es neuchâtelois·es avait été lancée par le Collectif Action Palestine. Nous vous invitons à la signer et à la faire circuler plus largement (1).
Intervention de notre camarade Nathalie Delbrouck, lors de cette manifestation
« Il y a presque une année, je prenais la parole lors du 1er rassemblement de soutien que nous avions organisé un mois après la terrible riposte de l’État d’Israël envers le peuple palestinien (2). Et déjà nous dénoncions les milliers de mort·es, de blessé·es, la violence effroyable et la disproportion flagrante des actions menées par l’armée israélienne, avec la bénédiction de la « communauté internationale » (3).
Aujourd’hui, toutes les frontières de l’horreur ont été dépassées. La stratégie du gouvernement israélien ne peut plus être camouflée. D’abord, rendre Gaza totalement inhabitable. Détruire toute l’infrastructure nécessaire à la vie : écoles, universités, hôpitaux, mosquées, entre autres. Empêcher le travail humanitaire. Détruire la population de manière planifiée et systématique.
Cela s’appelle un génocide. Les méthodes utilisées à Gaza se sont étendues en Cisjordanie et maintenant au sud du Liban et à Beyrouth. Netanyahou n’a aucun intérêt à arrêter cette guerre : il cherchera par tous les moyens à la poursuivre jusqu’à une victoire totale, jusqu’à l’annihilation complète du peuple palestinien. L’État d’Israël porte en lui les germes de ce nettoyage ethnique depuis sa création, et c’est la population – toute la population ! – qui en paie le prix.
Nous ne pouvons pas rester silencieux·ses face à la catastrophe qui se déroule sous nos yeux. La réaction des autorités suisses est scandaleusement timorée : aucune dénonciation, aucune sanction. Pas d’appel clair à un cessez-le-feu, ni au respect du droit international. Aucun geste en faveur des milliers de personnes éternellement déplacées par les attaques constantes de l’armée israélienne.
A la place, la Suisse criminalise indistinctement toutes celles et ceux qu’elle identifie comme ennemi·es de l’État d’Israël en harcelant les mouvements de soutien à la Palestine, en luttant contre le Hamas ou en décrédibilisant une institution aussi respectée que l’Office des Nations Unies pour les réfugié·es de Palestine (UNRWA).
Or, couper les vivres à l’UNRWA, c’est condamner tout un peuple à mourir faute de soins. Nous sommes horrifié.es face à tant de cynisme, qui place définitivement la Suisse officielle du mauvais côté de l’histoire.
Nous dénonçons la position des autorités suisses, qui se situent délibérément dans le camp de l’armée israélienne tout en prétendant rester neutres. Pourtant, nous savons bien qu’il ne peut y avoir d’égalité entre un État colonisateur et un peuple colonisé, entre occupants et occupé·es. Refuser de prendre position dans cette situation, c’est choisir le camp des agresseurs et affirmer sa complicité avec un État génocidaire ! Cette position ne changera que si nous sommes capables de mobiliser la population contre ce comportement inique.
C’est la raison de la pétition lancée, qui est un appel à toutes les élues et tous les élus, à tous les niveaux de représentation, pour qu’elles et ils fassent entendre une autre voix, la nôtre : celle d’un cessez-le-feu immédiat, du respect du droit international et de la solidarité avec le peuple palestinien.
Viva, viva Palestina ! »
1) Disponible sur le site du CAP : Neuchâtel, dites stop au soutien de la Suisse à l’Etat d’Israël ! – Petitionenligne.net
2) Cf. sur notre site : Pas en notre nom! Soutien au peuple palestinien – SolidaritéS Neuchâtel (solidarites.ch) 3) A propos de ladite « communauté internationale », ce commentaire de Moshé Machover, co-fondateur (en 1962) de l’Organisation socialiste israélienne Matzpen (anti-sioniste) : « Il se trouve que les Etats-Unis sont à la tête de ce qu’on nomme par euphémisme la « communauté internationale ». Cette communauté est hiérarchique, et certains États y occupent une place plus élevée que d’autres. (…) Pour faire partie de cette « communauté internationale », il convient de ménager la sensibilité du rottweiler du patron qui se trouve être Israël. Si le rottweiler urine sur vos chaussures, il ne faut surtout pas l’envoyer balader, mais lui dire « bon chien ! ». Cette obligation est partagée par l’intégralité du pouvoir établi britannique qui tente à tout prix d’empêcher la moindre critique de l’État d’Israël » (Revue Contretemps, 9 janvier 2018). Une obligation également partagée par d’autres pouvoirs établis du Nord global, dont la Suisse…