Lausanne, employeur de choc !

Lausanne, employeur de choc !

Le 8 décembre 2006, l’exécutif de la commune de
Lausanne a adressé une véritable directive
muselière à tous les syndicats et associations du
personnel de la ville. Sans aucune négociation préalable,
la Municipalité rose-verte-rouge leur a fait parvenir une
«charte», document déjà contresigné
par le syndic Daniel Brélaz, leur demandant de le
«retourner dûment daté et signé»! Sous
prétexte de régler les «modalités de
communication» au sein de l’administration communale, cette
«charte» restreint gravement les droits syndicaux et la
liberté d’expression des employés de la commune.

Libertés syndicales bafouées

Selon cette «charte», les syndicats sont limités
dans l’exercice de leur droit à l’information. Ils
ne pourraient informer les salariés que trois fois par
année, et encore seulement au moyen de canaux de communication
contrôlés par les chefs de Service! «Toute
distribution par un autre canal (dans les locaux de
l’administration, aux places de travail, par courrier interne,
etc.) est interdite». Ahurissant! Et, par
«information», l’exécutif entend «tout
type de message diffusé par l’association, par exemple:
bilan, prise de position, pétition, annonce
d’événement, de conférence, etc.».
Cerise sur le gâteau, cette Municipalité «de
gauche» se permet même de préciser que le contenu de
l’information ne doit pas être «contraire à la
vérité». Va-t-elle instaurer une commission pour
définir ce qu’elle entend par «la
vérité»? L’exécutif foule ainsi aux
pieds des droits démocratiques élémentaires,
inscrits dans la Constitution cantonale et fédérale. Il
ne supporte pas l’idée que les employé-e-s de la
fonction publique communale puissent défendre leurs droits et
leurs intérêts, en s’organisant collectivement et en
exprimant des positions indépendantes de celles de leur
employeur. Les associations patronales ont tout lieu d’être
satisfaites: alors que l’USS mène campagne pour le respect
des droits syndicaux dans les entreprises, elles pourront se
prévaloir de l’«exemple lausannois» où
même une majorité de «gauche» reconnaît
que la démocratie devrait s’arrêter à la
porte du bureau ou de l’usine!

Une riposte s’organise !

Les élu-e-s d’«A Gauche toute!»
s’opposeront à de telles atteintes aux libertés
syndicales. Des interventions auront lieu au législatif communal
pour faire reculer la Municipalité et obtenir qu’elle
retire ce projet de charte. La majorité socialiste et verte au
Conseil communal apportera-t-elle sa caution à de telles
atteintes à des droits fondamentaux? Le syndicat des services
publics (SSP) a d’ores et déjà indiqué
qu’il refusera de signer cette charte. Il entend obtenir
l’ouverture de négociations avec l’exécutif
pour garantir l’exercice des droits syndicaux des
employé-e-s de la commune.

Jean-Michel Dolivo