Naturalisation à lessai
Naturalisation à lessai
En cette année électorale lofficine UDC
déverse son tombereau de propositions, sensées enrichir
le débat politique. Parmi celles-ci, la naturalisation à
lessai. Notons dabord quil est somme toute assez
logique quune telle idée soit défendue par un
ancien entrepreneur qui réalisait de nombreuses affaires avec
lAfrique du Sud, au temps où ce pays était le
paradis de la discrimination, une sorte de petit Eden pour la
minorité blanche et corollairement un enfer pour la
majorité noire.
Car cest bien dune discrimination dont il est question
avec la naturalisation à lessai. Il y aurait ainsi des
citoyen-ne-s plus égaux que dautres, celles et ceux qui
pourraient tuer, violer, voler, sans crainte de se voir retirer le
passeport à croix blanche, parce que les hasards de la
génétique les auraient fait naître de parents
suisses, et les autres, celles et ceux dont le moindre écart de
conduite les mettrait irrémédiablement à
lécart du peuple helvète.
Mais ne rejetons pas systématiquement les idées produites
par le parti qui a choisi un bouc comme emblème, et explorons
cette piste de réflexion en nous pinçant le nez. Ne
pourrions-nous pas travailler, aimer, manger, vivre, mourir à
lessai? Après tout, le temps dessai est inscrit
dans le code du travail, et de nombreux vendeurs-euses
dencyclopédies ou de shampoing lutilisent
déjà. Et puisque lidée émane
dun Conseiller fédéral, pourquoi pas des
Conseillers fédéraux à lessai?
On nemporte pas la patrie à la semelle de ses souliers
Linitiative fiscale pour limposition temporaire des
millionnaires (déposée le 23 octobre 2006), perturbe le
consensus politico-économique neuchâtelois. Le directeur
de la Chambre neuchâteloise du commerce et de lindustrie,
Pierre Hiltpold, écrit dans le bulletin de cette officine
patronale de novembre 2006. «Reste à savoir sil [le
peuple neuchâtelois] résistera aux sirènes
politiques qui ne manqueront pas de lui prédire tous les
cataclysmes du ciel si on naugmente pas les impôts des
riches. Alors que si on devait en arriver là, le vrai danger
cest de voir senvoler la poule aux ufs dor
avant que le percepteur nait pu lattraper pour lui
raboter une aile». En 1794, le conventionnel français
Danton affirmait: «On nemporte pas la patrie à la
semelle de ses souliers». Plus de deux siècles
après, en terre britchonne, certains sont prêts à
agiter lexode des coffre-forts. Les citoyen-ne-s peu
fortuné-es apprécieront ce sens civique
particulier!