Les Etats-Unis ont-ils l’intention d’attaquer l’Iran?

Les Etats-Unis ont-ils l’intention d’attaquer l’Iran?

Le Président Bush et d’autres responsables
étasuniens ont récemment, de façon alarmante, fait
monter d’un cran leur rhétorique anti-iranienne. La
journaliste britannique Marie Dejevsky rappelle brièvement les
raisons et les risques de cette attitude.1

Que reprochent précisément les Etats-Unis à l’Iran?

Les questions sont si nombreuses qu’il est difficile de savoir
par où commencer. La toute première accusation
formulée par les Etats- Unis concerne le prétendu soutien
de l’Iran aux militants chiites en Irak. Washington soutient que
l’Iran les finance et les arme. Les Etats-Unis s’opposent
aussi à ce qu’ils considèrent comme étant un
soutien en Syrie et au Liban au Hezbollah – dont Israël a
sous-estimé la force lorsqu’il a envahi le Liban
l’été dernier. Derrière ces accusations se
trouve une plus grande inquiétude: que l’Iran ressorte
comme le premier bénéficiaire de l’échec
étasunien en Irak; et que la propagation déstabilisante
de son influence doit être stoppée à
n’importe quel coût.

Mais n’y a-t-il pas d’autres sources d’hostilité?

Deux autres questions sont tapies en toile de fond. La première,
pour laquelle les Etats-Unis ont récemment été
satisfaits de faire cause commune avec les Européens et
l’ONU, est la crainte que l’Iran se serve d’un
programme légitime d’énergie nucléaire comme
d’une couverture pour développer l’arme atomique.
L’autre est le ressentiment profond qui subsiste depuis la crise
des otages en 1979, lorsque les gardiens de la révolution
prirent d’assaut l’ambassade des Etats-Unis à
Téhéran et gardèrent 52 citoyens américains
en captivité pendant 15 mois.Malgré des ouvertures
occasionnelles des deux côtés qui ont eu lieu depuis, les
relations diplomatiques n’ont toujours pas été
restaurées. L’élection en 2005 du populiste
anti-occidental, Mahmoud Ahmadinejad, a contrarié tout espoir
d’une réconciliation prochaine.

Les Etats-Unis ont-ils déjà dépassé le stade de la rhétorique?

Oui et non. Au-delà de la rhétorique, ils
déplacent deux groupes de porte-avions vers le Golfe Persique
dans une démonstration de force militaire. L’injection
prévue de 21000 soldats américains supplémentaires
en Irak – la prétendue stratégie du
«déferlement», qui doit prendre effet dans les trois
prochains mois – est aussi vue par certains comme le
préliminaire à l’utilisation de l’Irak comme
base pour des attaques contre les installations nucléaires
iraniennes ou même pour un assaut plus concerté.
D’autres voient ce «déferlement» comme
étant dirigé contre l’influence iranienne
croissante en Irak. Les responsables américains confirment ceci
en partie, en disant qu’ils se réservent le droit
d’attaquer des cibles iraniennes à
l’intérieur de l’Irak,mais qu’ils
n’iront pas au-delà. C’est ce qu’ils disent,
en ce moment, à la Grande-Bretagne et aux autres alliés
européens. […] A ce stade, la ligne officielle des Etats-
Unis est qu’ils n’attaqueront pas l’Iran à
l’intérieur de ses frontières. Mais tout ce que
l’on sait sur George Bush indique que l’on ne peut pas le
considérer comme opposé à un tel risque.
Qu’il ordonne l’usage de la force et les enjeux pourraient
être encore plus élevés qu’en Irak! Au pire,
les Etats-Unis seraient enlisés dans une autre guerre
coûteuse et probablement ingagnable, l’Iran
s’enhardirait à accélérer son programme
nucléaire et les Etats-Unis devraient céder à
l’Iran l’hégémonie régionale.


1 The Independent, 1er février.
Traduction française et texte complet: http://questionscritiques.
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