Comptes 2006 de l’Etat de Genève: embellie ou embrouilles?

Comptes 2006 de l’Etat de Genève: embellie ou embrouilles?

D’après les médias, les comptes 2006 de
l’Etat de Genève afficheront un boni situé entre 85
et 200 millions, alors qu’un déficit de 292 millions
était budgétisé. L’écart, colossal,
entre budget et comptes 2006 se situerait donc entre 377 et 492
millions! Un boni est certes mieux qu’un déficit, le
problème est ailleurs, en effet:

  • Ce n’est pas la première fois qu’on voit de si
    gros écarts entre prévisions budgétaires et
    comptes. La somme des valeurs absolues de ces écarts, par
    rubrique budgétaire, étaient, en moyenne, de plusieurs
    centaines de millions ces 15 dernières années. Dès
    lors une question se pose: Les instruments dont dispose le Conseil
    d’Etat pour établir les budgets se révélant
    être systématiquement défaillants, quelle
    crédibilité attribuer aux débats
    budgétaires?
  • C’est en prenant prétexte des déficits
    «prévus au franc près», que les Conseils
    d’Etat, actuel et anciens, se sont attaqués aux
    prestations sociales et à la fonction publique. Il en est ainsi
    des lois, rejetées par le peuple, s’en prenant aux
    handicapé-e-s, aux personnes âgées et aux
    chômeurs-euses, de l’application des normes CSIAS et de la
    suppression de l’abonnement TPG. Les pertes financières de
    milliers de personnes de condition modeste aggravent leurs conditions
    de vie tout en ne représentant qu’une très faible
    proportion des écarts susmentionnés.
  • S’agissant de la fonction publique, les mécanismes
    salariaux ont été systématiquement remis en cause
    ces 15 dernières années causant une chute de la grille
    salariale de plus de 20%. Concernant les effectifs, le manque de
    personnel dans les domaines de l’enseignement, de la santé
    et du social provoquent une grave dégradation de la
    qualité des prestations à la population. C’est dans
    ces conditions que le Conseil d’Etat actuel a engagé une
    politique de suppression de 5% des postes, soit plus de 1500 emplois,
    à un moment où Genève est en tête des
    cantons suisses en matière de chômage. Et que dire de la
    précarisation du statut et de la facilitation des licenciements
    dans la perspective de privatisation de services publics vers laquelle
    tendent les lois de «transfert d’actifs» de
    l’aéroport, des TPG et des SIG?
  • Dans sa réaction à une récente
    conférence de presse de «A Gauche Toute!», le chef
    du département des finances a prétendu que, contrairement
    à nos affirmations, les prestations augmentaient. Il joue sur
    les mots, car ce qui augmenté ce sont la précarité
    et la pauvreté et donc les montants budgétaires y
    relatifs. Les conditions de vie de ces catégories de la
    population ce sont, au contraire, beaucoup aggravées.
  • Sur un autre plan, il convient de rappeler que la baisse
    d’impôts de 12% introduite en 1998, suite à
    l’initiative libérale, a privé l’Etat de 400
    millions par an. Ce sont essentiellement les plus riches qui ont
    profité de cette baisse d’impôts. Pour la grande
    majorité, le résultat est insignifiant alors que les
    millionnaires en revenus imposables se sont vus offrir un cadeau de
    plus de 100 000 Fr. en moyenne par an et par contribuable! C’est
    dans ces conditions que le gouvernement s’en prend fiscalement
    aux rentiers-ères AVS dont la majorité sont de condition
    modeste.
  • Les pertes fiscales découlant de l’initiative
    libérale, ajoutées à celles
    générées par les graves dysfonctionnements des
    anciens dirigeants de la BCGe, sans parler de celles liées
    à la suppression des droits de succession en ligne directe
    notamment, représentent à ce jour plus de 6 milliards,
    soit la moitié de la dette cantonale dont la droite, et au
    delà, prend prétexte pour attaquer l’Etat social.

Tout cela montre que la population est victime d’une politique
antisociale fondée sur le chantage et l’embrouille. Plus
que jamais la résistance s’impose, il y va de la
qualité de nos services publics et des conditions de vie des
habitant-e-s de notre canton.

Souhail Mouhanna