Etat, paramilitarisme et oppositions armées en Colombie: lesenjeux d’un échange humanitaire à haut risque

Etat, paramilitarisme et oppositions armées en Colombie: les
enjeux d’un échange humanitaire à haut risque

Mardi 26 juin, avec la collaboration
du Groupe de travail Simon Bolivar et du journal Le Courrier, notre
bimensuel organisait une soirée à Genève sur les
enjeux de la guerre en Colombie, à laquelle ont pris part 120
personnes. Aux côtés de Maurice Lemoine, rédacteur
en chef adjoint du Monde Diplomatique, à qui nous avions
demandé une introduction, nous avions fait appel au
Département fédéral des affaires
étrangères, qui a décliné notre invitation,
ainsi qu’aux témoignages personnels de Mónica,
fille de Rodrigo Granda, et d’un membre de la famille
d’Ingrid Bétancourt, qui nous a adressé un message
écrit. Enfin, Pierre Vanek, conseiller national de
solidaritéS, a donné lecture d’une lettre ouverte
à Micheline Calmy-Rey, présidente de la
Confédération, soutenue par six autres conseillers
nationaux: «La libération de la sénatrice Ingrid
Bétancourt […], souligne ce document, risque de ne pas
aboutir si le gouvernement colombien n’accepte pas de reprendre
une discussion sérieuse en vue d’un échange
négocié de tous les prisonniers détenus par les
deux camps»; il invite la diplomatie suisse à «
intensifier son action afin de contribuer à
mettre fin à la violation permanente des droits humains dans ce
pays et de faciliter un vrai dialogue entre l’Etat colombien et
les insurgés […]
».
Entre-temps, on apprenait la mort tragique de 11 députés
colombiens, probablement dans un échange de tirs entre
l’armée et la guérilla, montrant
l’absurdité de toute option forte pour libérer les
prisonniers ou otages. Les 27 et 28 juin, Caracol, l’une des
principales radios privées colombiennes, proche du pouvoir,
alertée par notre initiative, interviewait longuement en direct
Jean Batou et Maurice Lemoine. Afin de contribuer à
l’information et au débat, nous reproduisons ici
l’essentiel de l’introduction de Maurice Lemoine à
cette soirée
1

Il y a un terrible décalage entre la façade
démocratique de la Colombie et le fait qu’il n’y a
aucun espace pour une opposition politique, dont le
développement a toujours été empêché
par les Conservateurs, les Libéraux et les élites
économiques. C’est dans ce contexte qu’il faut
comprendre le développement des Forces armées
révolutionnaires de Colombie (FARC). A leur propos, je
n’utiliserai pas le terme «guérilla», parce
qu’il s’agit d’une véritable armée. On
estime qu’elles comptent environ 18 000 hommes, auxquels il faut
ajouter les milices urbaines. Son principal leader, Manuel Marulanda, a
rejoint le maquis en 1948: c’est le plus vieux guérillero
du monde.

A qui profite le trafic de cocaïne?

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, qui
couvre 80% de la consommation mondiale. Dans les années 60, elle
produisait de la marijuana. Mais, en réponse à une
campagne d’éradication et à la montée de la
répression de la production de cocaïne au Pérou et
en Bolivie, les trafiquants ont déplacé les plantations,
les laboratoires de transformation et les réseaux
d’exportation clandestine en Colombie.

Pour certains auteurs, les FARC sont une «narcoguérilla
», ce que je ne crois pas. Lorsque la coca est arrivée
dans les zones contrôlées par la guérilla, il y a
eu un débat. En tant que marxistes-léninistes, les FARC
ont d’abord refusé la présence de la coca. Ce
faisant, elles sont entrées en contradiction avec les paysans
qui leur ont dit: «vous ne pouvez pas nous interdire de cultiver la seule plante qui nous permette de vivre un peu mieux».
Dans la mesure où tout le monde trempait dans la cocaïne,
la guérilla a décidé que ce n’était
pas un enjeu éthique et qu’elle allait imposer un
impôt sur la coca, qui protège les paysans dans la mesure
où il fixe des prix plancher. Il est aussi prélevé
sur la première étape de transformation de la coca, soit
la pâte base. Pour autant, les FARC ne sont pas des
narcotrafiquants: elles ne produisent pas de cocaïne et ne
disposent d’aucun réseau d’exportation.

D’où vient le paramilitarisme?

Il y a un autre protagoniste du conflit colombien: les paramilitaires.
Pour les rapports des organisations de défense des droits
humains, ils sont responsables de 75% des crimes commis, contre 20%
pour les guérillas. Or, ils n’ont jamais été
des acteurs autonomes. Depuis les années 60, ils sont
enkystés au cœur de l’armée colombienne. En
1965, ce sont les conseillers US qui lui ont recommandé de
créer de tels groupes pour faire en toute impunité ce
qu’elle ne pouvait pas faire ouvertement. En 1976, la Revue des
Forces armées colombiennes notait ainsi: «Si une guerre limitée conventionnelle entraîne trop de risques, alors les techniques paramilitaires peuvent fournir un moyen sûr et utile permettant d’appliquer la force afin d’obtenir des fins politiques».

Entre-temps, les militants de l’Union Patriotique ont
été décimés. En 1984, des
négociations de paix entre les FARC et le président
conservateur Belisario Betancur avaient donné une année
à la guérilla pour abandonner la lutte armée,
créer un parti politique et réintégrer la vie
démocratique. De là était née l’Union
Patriotique, avec les FARC, le Parti communiste et des forces de
gauche, dont les résultats électoraux ont
été prometteurs au plan local. Cependant, dans la
période suivante, 3000 à 4000 membres de ce parti ont
été assassinés. Il faut garder cet épisode
en mémoire pour comprendre la méfiance et la
dureté des FARC dans les négociations. Il faut rappeler
aussi qu’entre 1987 et 1992, quatre candidats
présidentiels ont été tués par les
paramilitaires…

Les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), qui rejettent
l’appellation de «paramilitaires», s’en
prennent à la population civile, base sociale réelle ou
supposée de la guérilla: massacres de syndicalistes,
d’activistes des droits de l’homme, de militants de gauche,
qu’ils soient proches ou non des mouvements d’opposition
armée. Selon Justice et Paix, de janvier 1991 à juin
1992, les agents de l’Etat étaient responsables de 44% des
assassinats, contre 30% pour les paramilitaires; en 1999, les
proportions étaient respectivement de 5% et 73%. Ainsi,
l’armée est-elle parvenue à restaurer son image
pour recevoir une aide des Etats-Unis, tandis que le sale boulot
était laissé aux paramilitaires. A ce moment
démarrait le Plan Colombie, sous les auspices des
présidents Clinton et Pastrana, visant soi-disant à en
finir avec le narcotrafic, en réalité avec les
guérillas.

Derrière le paramilitarisme se cache un projet
économique. Comme le rapporte le Haut-commissaire des Nations
Unies aux droits de l’homme, «une fois vidées de leurs habitants, les terres stratégiques du point de vue économique et militaire se peuplent de nouvelles personnes favorables aux forces militaires ou paramilitaires».
Par ailleurs, l’alliance entre paramilitaires et narcotrafiquants
leur a permis de développer une «contre- réforme
agraire»: ils se sont emparés de 4 millions
d’hectares au détriment des paysans.

Echec des négociations et Plan Colombie

Au début 1999, des négociations ont été
engagées entre le gouvernement Pastrana et les FARC. Celui-ci
s’était alors engagé à promouvoir des
réformes sociales, à démanteler le narcotrafic et
à lutter contre les paramilitaires. Ces négociations ont
pris fin en 2002. Les médias en ont attribué
l’échec aux FARC, par manque de souplesse. Pourtant, de
son côté Pastrana avait obtenu 1,6 milliard de dollars de
Washington pour le Plan Colombie, il menait des politiques
néolibérales dévastatrices et ne prenait aucune
mesure sérieuse contre les paramilitaires. Selon la FIDH, «durant
les quarante mois et dix-sept jours écoulés depuis le
début du processus de paix avec les FARC, la Colombie a connu
plus de 1000 massacres [l’assassinat de plus de trois personnes
à la fois] et plus d’un million de déplacés.
De juin 2000 à juin 2001, une moyenne de vingt assassinats
politiques par jour a pu être comptabilisée. Ces chiffres
sont attribuables pour les deux tiers à l’Etat, ainsi
qu’à des groupes paramilitaires
». Enfin,
après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont fait adopter une
charte antiterroriste par l’Organisation des Etats
Américains (OEA), qui ne définissait pas le terrorisme et
ne faisait aucune allusion au terrorisme d’Etat.

Certes, l’opposition armée colombienne ne respecte pas le
droit humanitaire international. Une centaine
d’enlèvements, contre le paiement d’un impôt
révolutionnaire, peuvent lui être imputés chaque
année. Depuis la rupture des négociations, elle cherche
à déstructurer l’administration locale, avec des
conséquences souvent tragiques. De surcroît, pour obtenir
la libération de leurs combattants emprisonnés, les FARC
se sont lancées dans une politique d’enlèvements
ciblés de personnalités, dont la plus
médiatisée est la Franco-colombienne Ingrid
Bétancourt. Mais il n’y a pas de quoi ranger
l’opposition armée colombienne dans la catégorie
fourre-tout du terrorisme, à côté
d’Al-Qaida… Rappelons que le 8 mars 2001, si les
Etats-Unis ne se sont pas déplacés, 47 diplomates de 22
pays d’Europe, d’Amérique du Sud, du Canada, de
Cuba, du Vatican et des Nations Unies, sont venus discuter avec les
FARC. En réalité, si l’on s’en tient au
protocole 2, additionnel aux quatre conventions de Genève,
ratifié par Bogotá le 18 mai 1995, la Colombie vit «un
conflit armé interne sans caractère international, un
conflit où s’affrontent les forces armées de
l’Etat avec d’autres forces également armées,
identifiables, qui s’opposent à l’Etat, sont
vêtues d’uniformes reconnus, portent ouvertement les armes,
dépendent d’un commandement et sont, ou ont
été à un moment, reconnues comme telles par
l’Etat
». Autant le gouvernement de Belisario Betancur que celui d’Andres Pastrana ont négocié avec elles.

Que veut Alvaro Uribe Velez?

Le 22 mai 2002, Alvaro Uribe Velez était élu
Président. Ancien maire de Medellín, il avait
collaboré avec le narcotrafiquant Pablo Escobar pour y
développer un plan d’aménagement urbain. Entre mars
1980 et août 1982, directeur de l’aviation civile, il avait
délivré licences de pilotage et permis de construction de
pistes en grand nombre dans les régions de concentration du
narcotrafic. Son plus proche collaborateur et soutien financier, Cesar
Villegas, était lié au cartel de Calí. Dans les
années 90, lorsqu’il était gouverneur
d’Antioquia, l’entreprise que dirigeait son chef de
cabinet, Pedro Juan Moreno, avait été mise en cause par
la Drug Enforcement Administration (DEA) pour avoir acheté 50
tonnes de précurseurs chimiques nécessaires à la
production de cocaïne. Dans le département
d’Antioquia, il avait appuyé les CONVIVIR (milice
d’auto-défense privée), qui ont rejoint les
paramilitaires. Un document déclassifié du
Département d’Etat US, daté de septembre 1991, le
rangeait parmi les hommes politiques colombiens liés au cartel
de Medellín…

Uribe a développé un programme de
«sécurité démocratique», qui n’a
fait avancer ni la sécurité ni la démocratie: la
mise sur pied d’un réseau d’un million
d’informateurs dans les campagnes. Des «zones de
réhabilitation » ont été
décrétées, où l’armée se
substitue aux autorités locales, avec droits
d’établissement, de circulation et de manifestation
restreints, couvre-feu et permis spéciaux pour les journalistes,
etc. En dépit de cela, le pouvoir s’efforce de convaincre
le monde qu’il n’y a pas de conflit armé, mais une
menace terroriste en Colombie. Or, durant les vingt dernières
années, les hostilités ont coûté la vie
à plus de 70 000 personnes et provoqué 3 millions de
réfugiés internes. Le pays vit une conflagration à
caractère social, économique et politique, dans le cadre
d’une guerre civile qui dure depuis des décennies.

Il n‘y a pas de sortie militaire de cette guerre. Le gouvernement
colombien ne pourra pas défaire les mouvements
d’opposition armée, de même que ceux-ci ne pourront
pas renverser le gouvernement par les armes. Grâce notamment
à l’impôt sur la coca, on vit mieux dans la
guérilla que dans les campagnes colombiennes, en particulier les
femmes – il y a 35% de femmes au sein des FARC. Une paysanne
colombienne sait que dans son pueblo, elle aura son premier gamin
à 16 ans, à 17 ans le deuxième, à 19 ans le
troisième… dans un cadre fermé, sous
l’influence d’une église catholique
rétrograde. Dans la guérilla, elle pourra accéder
à des responsabilités.

Or, au lieu de négocier avec les oppositions armées, le
président Uribe négocie avec ses meilleurs alliés:
les paramilitaires. Le «cessez-le-feu» du 29 novembre 2002
a marqué le début de ce processus. La loi «Justice
et paix» n’a pas touché aux bases économiques
du paramilitarisme: 20 juges ont disposé de 60 jours pour
enquêter; 32 000 paramilitaires ont été
«démobilisés», compte tenu des primes
reçues, alors qu’on estimait leur nombre à 11
000-13 000. On n’en finit pas de découvrir des charniers,
avec des corps démembrés dans des conditions
atroces… Comment va-t-on punir ces crimes? Une peine maximale de
8 ans a été fixée, à compter du
début des négociations; elle n’est donc plus que de
4 ans aujourd’hui, non pas dans une prison, mais dans une ferme
modèle. C’est la plus totale impunité pour le
terrorisme d’Etat. Et de décembre 2002 à août
2004, la Commission colombienne des juristes attribuait encore 1899
assassinats ou disparitions aux paramilitaires. Pour Amnesty
International, le 31 août 2005, ils étaient responsables
de 2300 disparitions ou homicides depuis la déclaration du
cessez-le-feu. Et aujourd’hui, ça continue…

Prisonniers et otages

Bien que ce ne soit pas une tradition ancrée dans leur histoire,
les FARC organisent des enlèvements pour percevoir un
impôt ou pour tenter d’échanger des responsables
politiques contre leurs prisonniers. Le 28 mars 1984, en signant les
accords qui ont donné lieu à la naissance de
l’Union Patriotique, les FARC s’étaient
engagées à mettre un terme à la pratique des
enlèvements. Mais les militaires et les paramilitaires en ont
décidé autrement en provoquant un véritable bain
de sang. Un dirigeant des FARC, Ivan Ríos, en a tirait alors la
conclusion suivante: «Nous
avons nos propres normes, qui parfois coïncident avec celles du
droit international humanitaire, mais la réalité de la
confrontation colombienne n’est pas totalement prise en compte
par celui-ci; le droit international humanitaire n’est pas
adapté à notre réalité
».

Les FARC réclament aujourd’hui un accord humanitaire pour
échanger une cinquantaine de prisonniers contre environ 500 de
leurs guérilleros emprisonnés. Depuis son accession au
pouvoir, Uribe refuse tout pas dans ce sens. Et pourtant, le 15 juin
1997, les FARC avaient libéré 60 soldats et 20 marins. Le
2 juin 2001, l’Administration Pastrana signait un premier accord
d’échange humanitaire: 15 membres des FARC contre 42
soldats et policiers pour des raisons de santé. Le 28 juin 2001,
les FARC libéraient 242 soldats et policiers, ne gardant que les
officiers. En échange, le gouvernement n’a rien
fait… C’est alors que les FARC ont annoncé
qu’elles séquestreraient des membres de la classe
politique, jugés «aussi scandaleusement
indifférents au drame de la guerre vécue par le peuple,
qu’au sort des soldats combattants dans les rangs de
l’armée
». Depuis, elles ont enlevé des
personnalités afin de faire pression sur le gouvernement. Ce
faisant, les FARC ont violé les principes du ius in bello,
c’est-à-dire des règles moralement acceptables en
temps de guerre. En termes de droit international, elles devraient
libérer immédiatement et sans conditions tous les
kidnapés et otages civils.

Quand les médias évoquent les 3000 otages des FARC,
c’est une aberration. Elles détiennent probablement
quelques centaines de prisonniers. De surcroît, si les
sénateurs enlevés, comme Ingrid Bétancourt, sont
bien des otages, ce n’est pas le cas des policiers, des
militaires ou des mercenaires états-uniens, qui sont
détenus dans le cadre d’un conflit armé, comme le
sont les guérilleros emprisonnés. Les bases
légales existent sur le plan national et international pour un
échange humanitaire. Le directeur du bureau du Haut-commissariat
de l’ONU déclarait le 26 août 2005 que le
président Uribe devrait en faire une priorité. La
même année, l’envoyé spécial du
Commissariat général de l’ONU, le
Québécois James Le Moyne, critiquait le gouvernement
colombien à ce propos: «S’il
ne veut pas s’asseoir avec les FARC, eh bien, qu’il le
dise! Il y a trop de voix officielles disant oui disant non, disant
peut-être, impossible, possible, cela ne donne pas confiance aux
FARC
».

Le gouvernement colombien veut-il d’un échange humanitaire?

Trois pays sont fortement impliqués en faveur d’un
échange humanitaire: la Suisse, la France et l’Espagne.
Ils ont eu des contacts avec les FARC, ce qui a permis d’ailleurs
aux services secrets US et colombiens de faire arrêter le
commandant Simon Trinidad à Quito, en Equateur, le 2 janvier
2004, alors qu’il tentait de négocier avec la France. Il a
été remis aux autorités colombiennes et
extradé aux Etats-Unis, sous l’inculpation
hâtivement montée d’avoir exporté 5 kg de
cocaïne dans ce pays. Le 13 décembre 2004, au mépris
du droit international, c’était Rodrigo Granda qui
était enlevé à Caracas, déclenchant une
crise entre le Venezuela et la Colombie, alors qu’il s’y
trouvait aussi pour négocier avec Paris.

Que s’est-il passé, il y a quelques semaines entre les
présidents Sarkozy et Uribe? Pour Sarkozy, l’explication
est simple: on était à deux semaines des élections
législatives et la cause d’Ingrid Bétancourt est
très populaire en France. Un coup médiatique était
tout bénéfice, quelle qu’en soit l’issue!
Pour Uribe, l’annonce unilatérale de la sortie de prison
de 170 guérilleros, dont Rodrigo Granda, permettait de
dénoncer la mauvaise volonté des FARC. Mais quels
objectifs dissimulait un tel rideau de fumée? D’abord, il
permettait d’éviter toute négociation avec la
guérilla. Ensuite, il pouvait aider Uribe à sortir des
scandales de la «parapolitique », grâce à
l’appui bienvenu du président français sur la
scène internationale, notamment au G8.

C’est que même aux Etats-Unis, Uribe commence à
sentir le soufre. Il n’a pas obtenu tout ce qu’il voulait
pour poursuivre le Plan Colombie, et la signature d’un accord de
libre commerce avec Washington pourrait être remise en
cause… C’est que les Démocrates contrôlent
les deux Chambres, et qu’en Colombie, des magistrats courageux
ont engagé une centaine d’actions en justice contre des
fonctionnaires d’Etat et des membres de l’appareil
politique proches du Président, pour leurs liens avec les
paramilitaires. Douze à treize députés et
sénateurs sont aujourd’hui sous les verrous, et
l’ancien chef de la police politique (Département
administratif de la sécurité), proche lui aussi
d’Uribe, a été mis en cause. Les liens d’une
partie de l’Etat colombien avec les paramilitaires sont
révélés au grand jour. C’est pourquoi, en
libérant 170 guérilleros, Uribe a annoncé
qu’il amnistiait aussi les siens, tentant ainsi
d’interrompre les enquêtes et les révélations
en cours… 



1 Cette transcription, légèrement abrégée
par nos soins, n’a pas pu être revue par Maurice Lemoine.
Titre et intertitres de notre rédaction.