Répression à 50 000 voltsLe courant blochérien passe au National!

Répression à 50 000 volts
Le courant blochérien passe au National!

Le 2 octobre dernier, le Conseil
national votait la sinistre «Loi sur l’usage de la
contrainte» qui introduit notamment l’usage des
«Tasers», armes à électrochocs, comme
instruments ordinaires de la répression dans ce pays. Voici de
larges extraits de l’intervention de notre camarade Pierre Vanek
(A Gauche Toute!) au Conseil national à ce sujet.

[…] Cette loi nous répugne; elle s’est
présentée dans un premier temps comme le bras armé
d’une loi contre les étrangers (LEtr) et d’une loi
sur l’asile (LAsi) que nous avons combattues et que nous
continuerons à combattre, dans leur esprit et dans leur
application, parce qu’elles violent fondamentalement les droits
de l’homme.

Cette loi nous répugne quant au procédé, aussi.
Quelqu’un a, paraît-il, dit: «Ce que vous faites au
plus petit des miens, c’est à moi que vous le
faites», pour le paraphraser on pourrait dire: ce que vous
entendez faire, avec la cible première de cette loi, qui sont
les gens qu’on expulse, ce que vous entendez faire aux plus
démunis, aux plus faibles, aux sans-papiers et aux sans-droits,
c’est demain à la majorité des habitant-e-s de ce
pays, aux manifestant-e-s, aux syndicalistes, aux grévistes,
à ceux qui s’opposent peu ou prou à l’ordre
injuste qui règne dans ce pays, que vous allez appliquer ces
nouveaux moyens de police. Ceci dans le cadre de cette
frénésie «sécuritaire» toujours
renforcée qui a saisi ce pays sous l’impulsion, notamment,
de l’UDC, qui est pourtant largement responsable de
l’insécurité sociale croissante.

Des moyens inacceptables

Cette loi nous répugne aussi à cause des moyens qui sont
envisagés comme légitimes. Vous avez tous lu ce que
disent Amnesty International et d’autres organisations concernant
ces moyens, notamment l’usage des chiens, et surtout des
électrochocs avec les «Tasers». Et le
représentant de l’UDC est venu encore à
l’instant, à cette tribune, défendre le fait
d’introduire le droit de droguer les gens contre leur
volonté, comme mesure de police!

Tout ceci est parfaitement inadmissible et inacceptable, à nos
yeux. Concernant les «Tasers», je ne vous
répéterai pas tous les dangers de ces armes. Vous les
connaissez, vous avez pu lire les rapports à ce sujet qui nous
sont parvenus. Avec les centaines de morts qu’elles ont
causées, notamment aux USA, avec les risques réels
qu’elles représentent pour des personnes cardiaques, des
femmes enceintes… Il est inadmissible de banaliser et
d’étendre l’application de ce type de «moyens
de police». Et c‘est bien de ça qu’il
s’agit aujourd’hui: Ivan Perrin, de l’UDC, a
été parfaitement clair en indiquant dans son rapport
qu’il s’agissait d’étendre de manière
générale l’emploi de ce type de moyens…
au-delà de la cible première que sont les
étrangers.

A Genève, nous savons ce que peut donner l’utilisation
d’armes nouvelles prétendument «non
létales», voire inoffensives. A l’issue d’une
manifestation il y a quelques années, une syndicaliste a
été gravement blessée par une balle
«marquante» de la police, censément destinée
à simplement identifier des manifestants-e-s. Cette arme,
introduite de manière sauvage à Genève par
ailleurs, a été utilisée et a causé des
séquelles irréversibles. C’est à ce type de
dérive que participe cette loi.

Comme du bétail? Non, pire!

Sur la question de l’utilisation d’armes à
électrochocs, c’est quand même incroyable! On parle
de respect du droit. Or l’article 15 de l’Ordonnance
fédérale sur la protection des animaux (OPA) interdit
dans ce pays d’«utiliser des dispositifs
électrisants pour influer sur le comportement des animaux»
et aujourd’hui on veut qu’on vote dans ce parlement
l’utilisation de dispositifs à électrochocs, qui
sont interdits pour les chiens, qui sont interdits pour le
bétail! On veut qu’on vote cela, en considérant que
c’est normal, que cela fait partie du règne du droit! On
veut qu’on vote cela et que ces dispositifs
«électrisants» que sont les «Tasers»
puissent être utilisés sur des êtres humains,
c’est parfaitement inadmissible!

Un dernier élément encore, s’il en fallait […]
cette loi privatise explicitement l’usage de moyens
inadmissibles; quand elle dit que les particuliers à qui
l’on déléguerait cette tâche peuvent les
utiliser, c’est une violation complète de l’esprit
du droit et une négation de ce «monopole d’une
violence légitime» par l’Etat, qu’on nous a
vendu par ailleurs!

Cette violence d’Etat-là n’est pas légitime,
et en plus vous voulez pouvoir la déléguer, et vous
voulez que les cantons puissent la déléguer à des
particuliers, à des privés, qui feront ça contre
rémunération et pour le profit. C’est un
troisième élément qui rend cette loi parfaitement
répugnante à nos yeux et nous nous y opposerons par tous
les moyens. […]

Pierre Vanek


Fête fiscale pour les riches…

Parmi les objets votés par le Conseil national au cours de la
dernière séance de la législature finissante, deux
mesures fiscales, donc deux cadeaux aux riches, méritent
d’être signalées.

La première porte sur la «défiscalisation de
l’épargne logement» et la suppression de la
«valeur locative». Il s’agit naturellement d’un
gros cadeau aux propriétaires au détriment des
locataires. L’objet vous dit quelque chose? Normal, puisque
c’est la reprise du troisième volet du «paquet
fiscal» refusé dans les urnes, le 16 mai 2004, à la
suite du référendum populaire fédéral
qu’avait initié «A Gauche Toute!» Les deux
autres volets de ce «paquet» en faveur des
spéculateurs et des hauts revenus ont déjà, quant
à eux, été réintroduits par la petite
porte.

Rappelons que lors de la première tranche de ce
détournement de la volonté populaire, soit la relance du
démantèlement des droits de timbre sur les transactions
boursières, «A Gauche Toute!» avait
été la seule force à lancer –
malheureusement sans succès – un référendum
populaire fédéral, alors que le PSS acceptait «en
grinçant des dents» (sic!) cette mesure! Sur cette
dernière tranche en faveur des propriétaires, le
référendum sera-t-il lancé? A voir, puisque le
projet doit encore être mis en forme par le Conseil
fédéral et être voté par les Chambres sous
sa forme définitive…

Le deuxième vote du National à relever en la
matière porte sur une motion UDC, appuyée par une solide
majorité du camp bourgeois. C’est un plus gros morceau
encore: il s’agit d’une diminution de l’impôt
sur les bénéfices des entreprises, qui passerait
d’un taux de 8,5 à 5% et qui se solderait par un recul des
recettes de la Confédération à hauteur de
près de 4 milliards par an! Même Hans-Rudolf Merz,
opposé à ce cadeau fiscal, s’est fait
déborder par la droite… Il faut le faire! Là aussi, il
n’y a pas d’autre issue que le référendum!

(pv)