Migros sort ses longs couteaux contre ses employés !

Migros sort ses longs couteaux contre ses employés !

Migros, premier employeur privé
de Suisse, s’illustre en démantelant les conditions de
travail de ses employé-e-s. En effet, 10% de son personnel verra
son temps de travail augmenter de 2 heures par semaine au 1er juillet.

Les 8000 personnes concernées, actives dans les centres
de distribution, les restaurants, les entreprises industrielles comme
Micarna, les centres de loisirs et les Ecoles-Clubs, travailleront 43
et non plus 41 heures. Une augmentation de la durée du travail
de 5% qui n’est compensée qu’à hauteur de 2%
de plus pour les salaires. Migros fait ainsi sienne la devise de
Sarkozy, à savoir travailler plus, pour… être moins
payé à l’heure. Quelle
générosité de la part du géant orange,
lorsqu’on sait que Migros se vante ces jours d’une
croissance de son chiffre d’affaires de 6.2% en 2007, qui
frôle les 23 milliards!

Les syndicats Unia et Syna jugent cette décision inadmissible,
mais ne sont plus partie prenante de la Convention collective nationale
de travail, puisque Migros a mis des conditions inacceptables pour la
poursuite du «partenariat social» avec les syndicats. Les
«partenaires sociaux» actuels de la Migros: la Commission
nationale du personnel du groupe Migros, l’Association suisse du
personnel de la boucherie (ASPB) et la Société suisse des
employés de commerce ont avalisé la décision, en
invoquant que la convention de Migros restait parmi les meilleures de
la branche… mais jusqu’à quand? Et c’est
précisément une brèche dans la convention
qu’ils ont signée et dans laquelle s’est
engouffrée Migros.

Gottlieb Dutweiler, fondateur de Migros, disait que: «Les
salaires, tout comme les conditions de travail ainsi que le
comportement à l’égard des travailleurs-euses et
des employé-e-s doivent être exemplaires». Pourtant,
si cette affaire est un exemple, c’est un exemple de
démantèlement social. Comme le dit le représentant
de l’ASPB, cité par l’ATS: «Nous avons
dû admettre qu’il fallait travailler avec la même
longueur de couteaux que nos concurrents». Parfaite
négation de toute logique d’action syndicale,
puisqu’elle reprend à son compte l’argument des
patrons.

En effet, Migros justifie cette hausse du temps de travail ainsi:
«Nos coûts de travail sont considérablement plus
élevés que chez nos concurrents. Cela leur procure
d’énormes avantages sur le plan des coûts et de la
compétitivité». Mais Migros fait ici plus fort que
les autres, puisque dans ses domaines d’activités, le
temps de travail hebdomadaire moyen est de 40 à 42 heures.

Non seulement, la direction du géant orange mène une
politique active de détérioration des conditions de
travail, mais elle s’en prend également aux droits
syndicaux. Comme nous l’avons déjà
évoqué dans le No 117 de solidaritéS, la
Confédération syndicale internationale accuse Migros,
dans son rapport 2007, d’empêcher systématiquement
les activités syndicales en son sein…

Marie-Eve Tejedor