Vote à Zurich : Niklaus Scherr, Alternative Liste ZH, Interview


Interview


Nous publions ici, une brève interview, réalisée à chaud au soir du vote, de notre ami Niklaus Scherr, de l’Alternative Liste de Zurich, qui a été l’un des piliers de la campagne référendaire zurichoise, comme il l’est du combat national contre la LME. Nous reviendrons par ailleurs prochainement sur l’autre vote «électrique» de ce week-end, celui par lequel les Fribourgeois-e-s ont malheuerusement accepté, dans un contexte différent de celui de Zurich, la transformation en SA des Entreprises Electriques Fribourgeoises (EEF).

Pierre Vanek

Niggi, peux-tu nous faire un bref commentaire à chaud sur le résultat global du vote cantonal?


On a gagné dans les grandes villes Zurich et Winterthur et dans les plus petites communes à la périphérie du canton. Dans celles-ci, c’est la peur quant à la sécurité de l’approvision-nement qui a été le facteur dominant. Dans une ville comme Zurich, le dé-bat sur les bureaux de poste qu’on veut y fermer, surtout dans les quar-tiers périphériques a joué un rôle considérable et le NON y a été très massif: 70% à Schwamendingen.


Le résultat en Ville de Zurich représente près de 10% de NON supplémentaires par rapport à la majorité ayant refusé la privatisation de l’entreprise électrique communale, EWZ il y a un an. Comment expliques-tu cette évolution?


Ce qu’il y a d’intéressant c’est de voir que le résultat cette fois ci n’était pas très polarisé, tous les arrondissements électoraux ont en effet voté NON, sauf un, le quartier le plus bourgeois de la Ville, qui a dit OUI mais a une très faible majorité. C’est dans les quartiers qui votent habituellement pour le parti radical que la progression du NON a été la plus forte par rapport à l’an dernier. Ça montre que l’idée que le NON serait seulement un vote que certains qualifient de “conservateur-structurel”, ne correspond pas à la réalité. Il y a également des couches moyennes qui prennent des distances face à la privatisation.


Peux-tu préciser encore l’enjeu concret de cette votation?


Deux points essentiels étaient en jeu: au-delà du Canton de Zurich c’était le projet AXPO qui était soumis à un plébiscite que n’ont pas connu les autres cantons concernés. Le vote zurichois était donc central pour tout ce projet. L’autre question au centre de cette votation, présentée comme telle par les médias, c’était le test qu’elle représentait par rapport à celle prévue en décembre à l’échelle fédérale sur la LME. Sur ce dernier point, on a vu que le plus peuplé des cantons alémaniques rejoint notre critique de la LME, démentant ainsi l’idée que celle-ci existerait avant tout en Suisse romande.


Peux-tu imaginer quel sera l’avenir d’AXPO suite à cet échec?


Difficile à évaluer. En tous cas, ce qui est positif, c’est que la directrice du Département cantonal des travaux publics, Dorothée Fierz, qui était responsable de cette votation a clairement indiqué qu’elle allait attendre le résultat sur la LME et geler le dossier jusqu’à la votation de décembre, sans tenter de trouver une alternative pour le moment. Ceci rejoint la position de notre comité.


Quels étaient les fronts, en termes d’organisations et de soutiens ou d’opposition au référendum?


Pour le OUI c’était les partis bourgeois traditionnels, mais à l’intérieur de l’UDC il y avait une forte minorité en faveur du NON, une section régionale a même appelé à voter NON. En faveur du NON s’engageaient Alter-native Liste, PS, les Verts, EVP et les syndicats. Sans le soutien financier du SSP/VPOD on aurait pas pu faire campagne.


Et les moyens matériels mis en œuvre par les uns et les autres?


La disproportion était énorme, les partisans du OUI ont déployé des moyens considérables. Il faudrait savoir une fois d’où venait tout ce fric: pour des annonces quotidiennes en couleurs dans la presse, des quarts de page et des demi-pages chaque jour dans tous les journaux du canton, etc. Quant à notre comité nous avons dépensé 50’000 Fr. pour des encarts dans les journaux. En face, c’est entre un demi et un million de francs qu’ils ont dû dépenser, soit dix à vingt fois plus! C’est encourageant, ça démontre quand même qu’avec le fric on ne peut pas toujours acheter l’opinion des gens.


Au vu de ce résultat penses-tu qu’on peut escompter quelque chose de comparable quand viendra le vote sur la LME?


C’est évidemment difficile à évaluer. Ce que j’ai remarqué c’est que toute cette campagne a en tous cas mis en route un processus de discussion au sein du PS zurichois qui va dans le sens du NON à la LME. Quand on a eu le résultat aujourd’hui et qu’on en a discuté au sein du Comité référendaire on a pu constater, de la part des représentants du PS, une position bien plus ferme qu’il y a trois mois. C’est un très bon effet de notre campagne qui a mobilisé de manière très positive les différents secteurs concernés.


Peux-tu préciser encore le rôle que joue l’Alternative Liste dans ce contexte?


Nous sommes aujourd’hui une petite organisation, mais avec une assez grande flexibilité et une réelle capacité d’influer sur les processus de décision à l’intérieur des syndicats et même du parti socialiste. Ceci du fait que nous avons une position indépendante, nous ne sommes pas liés par des contrats de gouvernement, etc. et nous sommes ainsi en mesure de jouer un rôle d’aiguillon en direction d’autres forces de gauche et parfois de faire pencher du bon côté de grandes organisations.