Grand Casino: la gestion Hédiger

Grand Casino: la gestion Hédiger


Le développement des casinos ne figure pas au programme politique de solidaritéS! Cependant, les casinos existent et celui de Genève est propriété de la Ville, ce qui n´est pas, a priori, la plus mauvaise solution. Ses bénéfices ont en effet été affectés à des projets publics, alors qu´ils pourraient remplir les poches de sociétés quasiment maffieuses…



Or, depuis plusieurs mois, le casino genevois monopolise l´attention de la vie municipale. Ce qu´il faut bien appeler l´«affaire du casino» commence avec le refus des autorités fédérales d´accorder, dans le cadre d´une nouvelle loi fédérale, une concession au casino genevois, propriété de la Ville par l´intermédiaire de la SECSA. Avec, comme conséquences, sa fermeture à fin juin dernier, le licenciement de 57 personnes et la perte de plusieurs millions de francs par année que la Ville attribuait à des projets culturels ou sportifs.

Les raisons d´un échec


La Ville avait présenté à grand frais (plus de 800000 Fr.) une candidature aux autorités fédérales. Comment expliquer son échec? En novembre dernier, le Conseil municipal a mis sur pied une commission chargée d´élucider ce mystère. Après plus de six mois de travail, la commission a rendu un premier rapport en septembre prochain. Quelles seront les découvertes de cette commission?



Le dossier de candidature était laborieux, mal suivi et présentait de sérieuses faiblesses: plan financier confus, technologies dépassées, locaux trop exigus (avec des possibilités d´extension limitées), site contrôlé par l´affairiste Gaon, alors en difficulté, absence de soutien du Conseil d´Etat, etc. Cependant, les seules carences de ce dossier ne sauraient expliquer le refus de la commission fédérale. Des solutions pouvaient être trouvées.



Le Conseil fédéral a-t-il cherché à privilégier les projets privés par rapport aux projets publics? Les dénégations de la commission fédérale des maisons de jeux ne sont pas entièrement crédibles. Cependant, il ne semble pas que ce facteur soit la cause première du rejet de la proposition genevoise. Ce projet n´était pas le seul à émaner d´une collectivité publique. La mauvaise gestion du casino actuel semble être le principal élément d´explication de l´échec de la SECSA. Sans aucun doute, la crédibilité du projet genevois en a beaucoup souffert.

Casino mal géré


Le rapport d´audit, dont la presse a largement parlé, montre la faiblesse de la gestion du casino: pas de directeur général depuis des années, décisions aléatoire du président du Conseil d´administration et de l´administrateur délégué, conseil d´administration pour le moins peu curieux, présence du Casino de Divonne au sein du Conseil d´administration (pour quelles raisons?), etc.



Tout cela a mené à des dysfonctionnements indescriptibles de la SECSA: conflits personnels, insuffisances administratives, conflits avec la commission fédérale des maisons de jeux, etc. L´importance de ces dysfonctionnements est clairement signalée dans le rapport fédéral qui justifie l´élimination du projet genevois. Or, le véritable patron du casino, c´est André Hediger. Le Conseiller administratif PdT est officiellement président du conseil d´administration de la SECSA, mais il agit comme le véritable patron, car depuis plus de deux ans, il n´y a plus de directeur général.

«L´affaire Hediger»


Ainsi l´«affaire casino» devient l´affaire André Hediger. Car les élections municipales sont prévues en mars prochain et la droite, qui a pris un bouillon il y a trois ans et demi, entend bien regagner le terrain perdu. Derrière Hediger et le PdT, c´est la majorité Verts-PSG-AdG du Conseil municipal et du Conseil administratif de la ville que ces attaques visent.



Indiscutablement, André Hediger porte une responsabilité importante dans la gestion calamiteuse du casino et donc dans l´échec du projet genevois auprès des autorités fédérales. Toute velléité de faire porter le chapeau à d´autres est vouée à l´échec. Mais André Hediger et le PdT ont aussi très mal géré l´ «affaire casino» elle-même. Il n´est pas crédible de répéter «je n´ai commis aucune faute… je suis serein…», alors que chaque jour apporte son lot d´éléments démontrant le contraire, et cela depuis des années. Il n´est guère tenable non plus de crier à l´attaque politique concertée contre le PdT, prétendument transformé en victime expiatoire du défunt casino.



En vérité, cette mauvaise gestion s´est transformée en une véritable affaire politique. Et ce n´est pas le soutien apporté à André Hediger par le Conseil administratif qui arrangera les choses. Il eût été plus simple et plus correct de reconnaître les erreurs et de prendre, tout au début de l´affaire, les mesures nécessaires.

Les habitant-e-s ont d´autres priorités


Le parti radical et le PDC ont demandé une session spéciale du Conseil municipal sur l´affaire du casino pour le début de l´automne. En réalité, ce n´est qu´un prétexte pour ouvrir la campagne électorale en stigmatisant les élu-e-s de gauche, incapables de gérer, ne serait-ce qu´un casino. Certaines questions devront être abordées. Est-il souhaitable de posséder un casino géré par les collectivités publiques? Est-il souhaitable qu´un Conseiller administratif soit président du conseil d´administration d´une SA? Quels sont le rôle et la marge de manœuvre des membres des conseils d´administration nommés par les autorités?



Espérons que les élu-e-s verts, socialistes et PdT n´éluderont pas les vraies questions politiques. Cependant, pour solidaritéS et les indépendants, le casino, même fermé, occupe beaucoup trop de place dans les préoccupations municipales genevoises. Le logement, les problèmes sociaux, le développement des transports publics, l´aménagement de la Ville et sa politique culturelle sont des problèmes bien plus importants qu´un casino au fonctionnement folklorique.



Jacques FRANÇOIS
Conseiller municipal – solidaritéS