QUELLE VICTOIRE POUR QUELLE GAUCHE ?

QUELLE VICTOIRE POUR QUELLE GAUCHE ?

« Encore plus à gauche », titrait
L’Express-Impartial du 6 avril 2009. Mais si la gauche
antilibérale (POP + 2 sièges, solidaritéS
+ 1 siège) et les Verts (+ 4 sièges)
progressent, le PS recule (– 5 sièges). L’UDC
abandonne de son côté 3 sièges.

L’enjeu des élections cantonales neuchâteloises
était clair: la majorité au Grand Conseil que les partis
bourgeois ont perdue il y a quatre ans allait-elle basculer ? Le
désenchantement de l’électorat populaire face
à la politique du gouvernement allait-il se traduire par une
abstention généralisée qui profiterait à la
droite ? Le Parti radical-libéral piaffait
d’impatience, sûr de retrouvrer la majorité avec son
alliée l’UDC. Cette dernière fanfaronnait,
prétendant représenter 20 % de
l’électorat et annonçait un gain d’au moins 6
sièges. Il leur a fallu déchanter. La participation a bel
et bien chuté, de 44 % à moins de 40 %,
avec un record à la baisse pour le district de La
Chaux-de-Fonds, où elle est tombée à
32.7 %.

    Le mécontentement dans les urnes s’est
bien manifesté, mais c’est deux partis qui en ont font les
frais : le Parti socialiste qui perd 5 sièges et
l’UDC qui en perd 3. Les Verts profitent de la tendance nationale
à la progression de leur parti et gagnent 4 sièges. Le
POP et solidaritéS faisaient liste commune pour la
première fois aux élections cantonales, et cela
s’est traduit par un gain de 3 sièges (1 dans le
district de Boudry, où il n’y avait jamais eu
d’élu·e de la gauche antilibérale, 1
à La Chaux-de-Fonds, et 1 au Locle, où solidaritéS
ne se présentait pas).

    Au bout du compte, le Grand Conseil sera
composé de 60 élu·e·s de
« gauche » (36 PS, 14 Verts, 8 POP, 2
solidaritéS) et de 55 de droite (41 libéraux-radicaux, 14
UDC). Cela annonce une continuité de la politique
gouvernementale de ces 4 dernières années, fortement
marquée par un consensus PS-libéral-radical. Cependant,
les propositions issues des Verts, comme du POP et de
solidaritéS, gagneront en légitimité.
    La progression de la gauche antilibérale et
le recul de l’UDC sont les deux tendances de cette
élection. Il faut agir pour qu’elles se confirment au
niveau national.

Conseil d’Etat : 2e tour le 28 avril

L’élection du gouvernement se fait au système
majoritaire à deux tours. Tous les partis présentaient
des listes complètes pour le 1er tour, auxquelles
s’ajoutaient quelques listes d’indépendants. La
grosse surprise de ce 1er tour est l’effondrement du
résultat du Vert Fernand Cuche, Conseiller d’Etat sortant,
qui passe de 20 000 voix à moins de
10 000 ! Il y a quatre ans  il était apparu
comme l’homme nouveau, sans attaches partisanes, récoltant
des voix dans tous les milieux ; aujourd’hui, après 4 ans
de législature qui l’ont vu assumer la politique
gouvernementale sans broncher, son résultat (9375 voix,
20 % des électeurs-trices) se réduit à pas
beaucoup plus que l’électorat des Verts au sens strict. La
liste POP-solidaritéS fait un bon résultat, ses
candidat·e·s rassemblant entre 7 et plus de 10 %
des voix.

    Pour le 2e tour, le PS, les Verts et le POP ont
décidé de présenter une liste unique de trois
candidat·e·s, Jean Studer (PS), Gisèle Ory (PS) et
Fernand Cuche (Verts). S’il ne fait aucun doute que les deux
premiers seront élus, Fernand Cuche se trouve lui face à
une liste de trois PLR (libéral-radical) avec, en tête, le
procureur Hainard du Haut du canton. Il ne fait pas de doute
qu’une majorité de droite au Conseil d’Etat,
emmenée par deux procureurs, ne ferait qu’aggraver la
situation.

Ça grince à l’UDC !

Pierre-Alain Storrer, largement premier de liste de son parti aux
élections du Conseil d’Etat, 1er élu de l’UDC
dans le district de Neuchâtel, claque la porte et abandonne tous
ses mandats. Cet industriel, ancien du Parti radical, souhaitait une
politique plus consensuelle envers le parti radical-libéral. Il
aurait souhaité être présent sur le ticket
bourgeois du 2e tour. Cela n’était pas du goût du
commissaire Perrin, qui regrette lui que l’UDC
neuchâteloise ait modifié son discours pour devenir trop
consensuelle…

Henri Vuilliomenet

Barrer la route à la droite revancharde

Après les élections du
dimanche 5 avril, solidaritéS remercie les électrices et électeurs qui
lui ont fait confiance et les appelle à rester mobilisé-e-s, sur leurs
lieux de travail et dans la rue, pour la défense de la justice sociale.

Le POP-solidaritéS (+ 3 sièges) et les Verts (+ 4 sièges)
se sont renforcés, la droite dure et xénophobe (UDC) perd 3 sièges et
le parti socialiste paie, par la perte de 5 sièges, les mesures
anti-sociales du gouvernement sortant. Ces résultats nous satisfont,
mais ne suffiront pas. Durant les quatre ans écoulés, nous avons
combattu la politique du Conseil d’Etat chaque fois qu’il s’en est pris
aux plus pauvres, quand il a démantelé les hôpitaux et procédé à des
autonomisations-privatisations. Cette lutte, il faudra la continuer.
  
 Au deuxième tour, la gauche et la droite vont s’affronter, mais le
futur Conseil d’Etat n’annonce aucun véritable changement politique.
Dans cette situation, on ne saurait toutefois laisser gagner la droite
par indifférence, dépit ou désarroi, car une chose est sûre : si la
droite reconquiert la majorité à l’exécutif, la crise actuelle se
soldera à coup sûr par des plans de sauvegarde favorisant les patrons
et les actionnaires.
    Bien qu’elle soit minoritaire au
Parlement (55 contre 60 député·e·s), la droite revendique aujourd’hui
la majorité au gouvernement. Au vu des résultats du Grand Conseil, la
candidature de Fernand Cuche garde pourtant sa légitimité. C’est
pourquoi solidaritéS appelle ses électrices et ses électeurs à se
mobiliser contre la droite, en votant la liste PS-Les Verts-POP. Sans
illusions et les yeux grand ouverts.

Communiqué de presse de solidaritéS du 7 avril 2009