Université de Printemps: ce n’est qu’un début !

Université de Printemps: ce n’est qu’un début !



Les 14, 15 et 16 mai derniers, la
première Université de Printemps de solidaritéS
s’est tenue à Arolla. Un important succès :
le nombre de participant·e·s a dépassé
toutes nos prévisions ; la qualité des introductions a
stimulé des débats passionnants ; l’ambiance
chaleureuse et festive a révélé plus d’un
talent de musicien et de chanteur. Bref, nous n’avons pas
beaucoup dormi.

Malgré la neige et le froid, plus de 90 personnes se sont
retrouvées au fond du val d’Herens, pour deux jours et
demi de débats, trois conférences en
plénières et quatre ateliers thématiques. Le
programme des activités, sur lequel un groupe de travail avait
planché depuis des mois, n’est évidemment pas
étranger à un tel succès.

Des ateliers très suivis

Le premier atelier consacré à la lutte contre le racisme
et l’islamophobie a été ouvert par plusieurs
introductions stimulantes, notamment de nos invitées
d’Avignon et de Paris, Nora Benameur, Ilham Moussaid et Catherine
Samary ; il a révélé l’ampleur des
problèmes rencontrés sur le terrain et permis de mieux
comprendre les contradictions qui traversent la gauche française.

    En parallèle, se tenait un second atelier sur
la précarisation du travail et l’action syndicale ; dans
lequel ont pu se croiser les trois regards de Marisa Pralong,
licenciée de Manor pour avoir défendu les droits des
vendeuses, de Marlène Benquet, spécialiste des conditions
de travail et des luttes menées par le personnel des grandes
surfaces en France, et de Joël Varone, secrétaire syndical
d’Unia-Genève. Il a montré que le syndicalisme
n’avait guère d’avenir s’il ne
s’efforçait pas de répondre à de telles
préoccupations.

    Enfin, les deux ateliers du samedi après-midi
ont abordé des questions trop souvent négligées
par les militant·e·s politiques :
l’importance des médias et des réseaux sociaux en
ligne, mais surtout les liens entre création artistique et
résistance. Ce dernier thème a permis à nos
invité·e·s d’évoquer leurs
expériences, notamment Nicolas Haeringer sur la
« Brigade activiste des clowns » en France,
mais aussi Michèle Millner et Dominique Ziegler sur leur travail
de dramaturges et metteur·e·s en scène
engagés.

L’importance des plénières

Le premier débat en plénière portait sur la
poursuite de la lutte pour le climat et la justice sociale,
après Copenhague et Cochabamba. Il a confronté les
analyses d’acteurs-trices de terrain : Christophe Aguiton,
Nicola Bullard, Nicolas Haeringer et Daniel Tanuro. En particulier,
dans quelle mesure et à quel prix la crise climatique est-elle
soluble dans le capitalisme?

    La discussion a rebondi dimanche matin, après
l’introduction de Daniel Tanuro sur les théories de la
décroissance, qui a montré combien ce courant
était lui-même traversé par des perspectives
différentes, de l’anti-humanisme d’un Serge Latouche
au discours égalitariste d’un Paul Arriès. Elle a
montré la nécessité d’intégrer mieux
encore la perspective écosocialiste à nos batailles
quotidiennes, y compris dans le monde du travail.

    Enfin, dimanche après-midi, Aristide
Pedrazza, membre de l’Organisation socialiste libertaire (OSL) et
du syndicat SUD, était invité à
réfléchir sur la pertinence du dialogue entre marxistes
et anarchistes. Après une série de précisions sur
les termes utilisés, mais aussi sur les contradictions qui
traversent chacune des deux « familles », il
a pointé des convergences significatives, illustrées par
les formes et les contenus de nos récents combats communs.
Dommage que la discussion ait été interrompue trop
tôt par les contraintes horaires des voyages de retour.

Apprendre à nous connaître

Une place importante avait été réservée aux
débats entre participant·e·s, que ce soit pendant
les ateliers et plénières, mais aussi en dehors…
L’occasion de prendre des contacts et de tisser des liens en vue
d’activités futures. Sous ce rapport, ce week-end aura
pleinement rempli son rôle.

En même temps, il a donné l’opportunité
à des militant·e·s de différentes
régions, de plusieurs générations, issus de
trajectoires différentes, de développer un langage
commun. Au-delà des débats politiques, celui-ci se
nourrit aussi du vivre ensemble, de la préparation et du partage
des repas, des promenades, de la danse, des chansons, des rires et des
jeux…

    Des moments musicaux avaient été
préparés par des militant·e·s : sur
les rives du Chili, avec Mia Mohr et son frère Léo, mais
aussi ailleurs en Amérique latine, avec Raquel Bernal.
L’auteure de ce papier et l’accordéoniste Vincent
Marchetti ont aussi repris quelques classiques de la chanson
révolutionnaire française. Des émotions
très communicatives qui ont poussé des talents
insoupçonnés à sortir du bois, comme celui de
Daniel Tanuro, dans une interprétation endiablée de
« Fais-moi mal Johnny » (Boris Vian).

    Cette Université de Printemps a fait la
démonstration que militer c’est aussi partager des moments
de réflexion, de discussion, de débat, de détente
et de loisir ; c’est rêver ensemble pour agir ensemble ;
c’est développer ses talents ; tout le contraire donc
d’une passion triste, comme aimait à le dire Daniel
Bensaïd. C’est promis, nous allons remettre ça en mai
prochain…

Stéfanie Prezioso

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Des participant·e·s témoignent

 
« Je garderai longtemps le souvenir de ce moment suspendu
entre le passé et l’avenir, lieu réel de
l’utopie, où les expressions multiples et d’une
immense générosité pénètrent la
réalité et déjà la
transforment… »


Fiorella Castanotto

 « Une réussite qui rendra jaloux, et pour
longtemps encore, celles et ceux qui ne se sont pas
déplacés. »

Daniel Künzi

 « J’ai pris mon pied à Arolla,
rencontré des gens super et apprécié
l’ambiance  chaleureuse et solidaire qui y régnait.
solidaritéS est un mouvement dynamique. J’en suis un
sympathisant plus convaincu à chaque
fois ! »


Dominique Ziegler