Tour d’horizon de l’édition alternative

Tour d’horizon de l’édition alternative

FRÉDERIC LORDON
CAPITALISME, DÉSIR ET SERVITUDE
Paris, La Fabrique, septembre 2010, 216 p.

Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste
du patronat et de l’enrôlement salarial. Moins de la
diversité des régimes d’affects qui pouvaient
s’y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects
tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui
voudrait des salariés contents, c’est-à-dire qui
désireraient conformément à son désir
à lui.
    Pour mieux convertir en travail la force de travail
il s’en prend donc désormais aux désirs et aux
affects. L’enrôlement des puissances salariales entre dans
un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel
art de faire marcher les salariés.
 L’occasion de revenir sur les notions
d’aliénation, d’exploitation et de domination que le
capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat
joyeux. Et peut-être de dessiner une autre perspective sur la
possibilité de son dépassement.

SAMUEL SCHWARTZBARD
MÉMOIRES D’UN ANARCHISTE JUIF
Paris, Syllepse, mars 2010, 300 p.

Témoin et acteur des grands cataclysmes du début du 20e
siècle, enfant miséreux du Yiddishland, Samuel
Schwarzbard a dix-neuf ans lors de la révolution de 1905,
presque trente quand il s’engage dans l’armée
française sans renier son internationalisme, et quelques
années de plus lorsqu’il file vers la Russie à
l’aube de la révolution des soviets. Anarchiste dans la
Garde rouge, il combat sans relâche les ennemis de la
Révolution.
    Il est convaincu qu’il faut lutter sur un
double front : la révolution sociale partout où
cela est possible et l’autodéfense juive. De retour en
France, il entre dans l’Histoire en exécutant Simon
Petlioura, responsable des massacres qui ont ensanglanté les
communautés juives d’Ukraine. Son procès devient
celui des pogroms et enflamme l’opinion mondiale.
    Ses écrits, traduits et rassemblés
pour la première fois à partir d’archives
dispersées, évoquent de façon saisissante la
boucherie des tranchées, le souffle qui parcourt l’Ukraine
libertaire, les tentatives d’y construire une
société nouvelle et le destin d’un homme hors du
commun.

DANIEL TANURO
L’IMPOSSIBLE CAPITALISME VERT
Paris, La Découverte, coll. Les Empêcheurs de penser en rond, août 2010, 308 p.

D’un côté, trois milliards d’êtres
humains vivent dans des conditions indignes. Individuellement, leurs
besoins sont modestes, mais globalement ils sont énormes. Les
satisfaire n’est possible qu’en augmentant la production
matérielle. De l’autre côté, deux cents ans
de productivisme ont mené le système climatique au bord
de l’infarctus. Eviter que les changements climatiques ne
s’emballent impose de réduire radicalement les
émissions de gaz à effet de serre, la consommation des
énergies fossiles et la production matérielle. Comment
stabiliser le climat tout en satisfaisant le droit légitime au
développement de celles et ceux qui n’ont rien… et qui
sont en même temps les principales victimes du
réchauffement ? C’est le casse-tête du
siècle.

    Tanuro propose de réconcilier
l’écologie et le projet socialiste, parce que le
capitalisme ne pourra rien résoudre : le marché du
carbone enrichit et de renforce les grands pollueurs. Si l’on
n’est pas capable d’articuler les luttes économiques
et le combat pour la protection de l’environnement, le
capitalisme causera des catastrophes sociales et environnementales de
grande ampleur. Quelles erreurs ceux qui se réclament du
socialisme ont-ils commises pour que cette articulation semble
aujourd’hui si difficile ?

Tiré et adapté des présentations des éditeurs.