Honduras, chronique du « Porfiriato »* « Les féminicides sont un crime d’Etat »

Honduras, chronique du « Porfiriato »*
« Les féminicides sont un crime
d’Etat »

Au Honduras, le régime
« constitutionnel » de Porfirio Lobo continue
la répression contre les organisations populaires. C’est
dans ce contexte difficile que ces organisations, regroupées au
sein du FNRP, résistent à ce gouvernement
« post-golpiste », totalement
illégitime.

Nous publions ci-dessous des extraits d’un entretien avec Gilda
Rivera (coordinatrice du Centre des droits des femmes), à
l’occasion de la journée internationale de l’ONU sur
la violence contre les femmes (version intégrale : www.rebelion.org). (hpr).



Mario
Casasús (MC) : que penses-tu de la
commémoration de la journée internationale pour
l’élimination de la violence contre les femmes par le
ministère public du Honduras ?

Gilda Rivera (GR) : le
Ministère public se conduit de manière totalement
irresponsable sur cette problématique du
« féminicide »,
c’est-à-dire le meurtre de femmes pour des questions de
genre. Il se borne à poser des affiches avec les portraits de
ses fonctionnaires (la procureure pour les femmes). Mais à quoi
cela sert-il avec des institutions en faillite, complices d’un
coup d’Etat contre l’ordre constitutionnel, des
institutions au service de l’oligarchie qui bafoue notre
démocratie et les droits des femmes ? La violence contre
les femmes est liée à l’effondrement de
l’Etat : les féminicides sont un crime
d’Etat, dont les fonctionnaires du régime sont
responsables. Peu leur importe ces assassinats, assez de politiciens et
de fonctionnaires irresponsables !

MC : en fait, le Ministère public –
plutôt que de châtier les coupables – se
préoccupe davantage de falsifier les données à
l’intention des sommets internationaux, afin d’obtenir la
réintégration du Honduras à l’Organisation
des Etats américains (OEA)…

GR : je crois
qu’ils ne se bornent pas à falsifier les données.
Ils sont incapables de donner le chiffre exact des féminicides.
Le régime de Lobo affirme impulser des actions, avoir
augmenté le budget, créer des unités
d’enquête, mais quels sont les résultats ?
Combien d’assassins de femmes purgent-ils une peine ? Ils
vivent en toute impunité.

MC : l’année passée, Karla Lara me
disait que 70 % des effectifs de la Résistance sont des
femmes, mais le FNRP a hésité lors de la convocation du
25 novembre : pourquoi commémorer un jour exclusivement
à la non-violence contre les femmes ?

GR : nous ne pouvons pas
construire une démocratie véritable si les femmes
subissent la violence. Nous vivons cette violence dans nos foyers,
notre chambre, nos communautés, les organisations politiques,
sociales et syndicales auxquelles nous participons. Les camarades du
FNRP doivent comprendre qu’il n’est pas possible de
construire un Etat ou un projet véritablement
démocratique sans assumer le thème de la violence contre
les femmes et sans accepter l’existence de relations de pouvoir
inégales entre hommes et femmes. (…) Depuis les
années 1980, lorsque nous défendions les droits des
femmes, les hommes nous disaient : « Nous
résoudrons ce problème quand nous serons au
pouvoir ». Même atténuée, existe
toujours chez eux cette vision selon laquelle les luttes et les
revendications des femmes doivent faire partie d’un autre moment
historique de la lutte sociale. Le jour de la non-violence contre les
femmes est un motif suffisant pour convoquer une manifestation.

MC : Pourquoi le CDM est-il la seule organisation
féministe au sein de la Plateforme des droits humains au
Honduras ?

GR : […] Nous
considérons qu’il est important de donner à la
Plateforme des droits humains le regard des féministes :
l’impact de la répression et de la violence d’Etat
est très différent sur le corps d’une femme que sur
le corps d’un homme. Nous le voyons très clairement dans
une situation de conflit : les deux subissent la
répression, mais les hommes ne sont ni violés ni
agressés sexuellement; par contre, les corps des femmes sont
considérés comme un butin de guerre des forces
armées. 


Propos recueillis par Mario Casasús
Defensores en linea/Rebelion

* Porfiriato : désignant la dictature de Porfirio Diaz,
au Mexique (1876-1911), le terme est approprié, vu
l’homonymie entre l’actuel président hondurien et
son lointain homologue mexicainRépression dans
la vallée du Bajo Aguan


Répression dans la vallée du Bajo Aguan

Le 15 novembre 2010, un groupe paramilitaire à la solde du
latifundiste Miguel Facussé (l’un des principaux soutiens
au coup d’Etat contre le président Manuel Zelaya) a
assassiné cinq paysans du Bajo Aguan. Dénoncée
depuis deux ans, la présence de paramilitaires colombiens
« démobilisés » parmi les
sbires de Facussé est aujourd’hui prouvée.

Le 23 mars, les forces armées ont pris d’assaut les locaux
de l’Institut national agraire (INA) pour la région du
Bajo Aguan. Une opération en lien direct avec le conflit entre
les paysans et précisément Miguel Facussé, qui se
prétend propriétaire de vastes surfaces dans cette
région. hprLa résistance populaire sur les autoroutes de
l’information

Les sites suivants (en espagnol) permettent de suivre l’actualité hondurienne :

Rebelion
www.rebelion.org

Lista informativa Nicaragua y mas, Noticias desde Nicaragua y sus alrededores
http://nicaraguaymasespanol.blogspot.com/

Aporrea (Venezuela)
www.aporrea.org

Minca informativa de movimientos sociales
http://www.movimientos.org/honduras.php