Tu étais l’un des nôtres

Tu étais l’un des nôtres

Notre camarade Henri Stauffer nous a quitté dans la nuit du
vendredi 14 au samedi 15 janvier, dans sa quatre-vingt-huitième
année. Il avait compté, avec sa compagne Aimée
Stauffer-­Stitelmann, parmi les premiers membres de
solidaritéS à Genève, dès 1992. Tout comme
elle, il est resté fidèle à son engagement
jusqu’à la fin.

    Objecteur de conscience, pacifiste et
antimilitariste de longue date, il avait participé aux combats
syndicaux des salarié·e·s des Ateliers de
Sécheron, où il travaillait comme ingénieur.
C’était un antiraciste, un féministe et un
internationaliste convaincu. En tant que responsable du Mouvement
antiapartheid et défenseur intransigeant du droit d’asile,
il avait toujours associé la lutte contre la xénophobie
et le racisme en Suisse avec les combats pour
l’émancipation des peuples du tiers monde.

    Sans se souvenir précisément de la
date, il m’avait raconté un jour que la création du
Mouvement anti-apartheid était lié à la
publication dans la presse d’une lettre ouverte contre
l’acquittement de jeunes Suisses qui avaient mis à mort un
saisonnier italien à l’issue d’une rixe. Ses
signataires, dont Henri, avaient alors été
contactés par des militant·e·s sud-africains,
sensibles aux profondes affinités entre leurs deux combats. Un
symbole lourd de sens…

    Protestant de naissance, Henri était un
libertaire d’élection qui avait vibré avec les
mobilisations populaires contre la dictature en Espagne. Il a rendu son
dernier souffle au moment où un autre
général-dictateur, Zine el-Abidine Ben Ali, était
chassé par le peuple tunisien en colère. Dommage
qu’il n’ait pas pu partager ce moment de joie avec nous.

    Henri a donné son sac au terme d’une
longue maladie, affrontée avec sérénité,
courage et simplicité. C’était un
révolté, un tendre et un homme de cœur. Esprit
inventif d’une grande finesse, plein d’humour, mais aussi
d’une émotivité extrême, nous sommes fiers de
l’avoir compté parmi nous et saurons nous souvenir de ses
engagements.

    Dans la douleur, notre sympathie va à sa
famille, à ses proches et à tous ses compagnons de lutte.

    Que la terre te soit légère, camarade !

Pour solidaritéS : Jean Batou