Le salaire minimum cartonne

Le salaire minimum cartonne

L’initiative
fédérale pour l’introduction d’un salaire
minimum légal à 4000 fr., lancée en janvier
dernier, cartonne déjà (plus de 13 000 signatures
ont été récoltées).

Les raisons de ce succès sont évidentes.
Aujourd’hui, un·e salarié·e sur dix en
Suisse est un·e working poor, c’est-à-dire
qu’il·elle ne gagne pas assez pour vivre et doit recourir
à l’aide sociale. A l’origine de ces situations de
grande précarité se trouve le fait que seuls 40 %
des salarié·e·s sont couverts par une Convention
Collective de Travail (CCT) qui protège leurs salaires ; et
parmi ces CCT, moins de la moitié inclut le droit à un
salaire minimum. Dans un contexte de crise économique, la menace
du chômage accentue l’obligation pour les
travailleurs·euses d’accepter des salaires de plus en plus
bas. Plus généralement, ces dernières
années, les rapports de force entre employé.e.s et
patrons se sont largement dégradés et les syndicats ont
négocié des CCT toujours plus à la baisse.

Femmes et jeunes durement touchés

Deux catégories de la population sont particulièrement
victimes des bas salaires : les femmes (70 % des
salariées gagnent moins de 3 500 francs) et les jeunes.
Cela s’explique par le fait qu’ils·elles occupent
majoritairement les postes les plus précaires : emplois
temporaires hors CCT, économie informelle ou encore branches
telles que nettoyage, économie domestique et
hôtellerie-restauration. Les jeunes sont doublement victimes de
cette absence de salaire minimum, puisqu’ils sont à la
fois les moins bien rémunérés et les plus
touchés par le chômage. Près de 25 %
d’entre eux gagne moins de 22 fr. de l’heure, et cette
proportion atteint 50 % pour les non-qualifiés. Quant aux
jeunes chômeurs (15-25 ans), ils·elles sont près de
9 % en Suisse, contre 4 % pour le reste de la population.
Avec l’entrée en vigueur, le 1er avril prochain, de la
révision de la loi sur l’assurance chômage (LACI),
ces proportions vont s’aggraver. En effet, les moins de 30 ans
devront dorénavant accepter n’importe quel travail, en
plus de toute une série de diminutions des prestations.

    L’introduction d’une telle initiative
préviendra cette pression inacceptable sur les salaires et
mettra un frein au dumping salarial que subissent les plus
précaires, les jeunes, les femmes, les
immigré·e·s. Le salaire minimum ne constitue pas
seulement une réponse économique au problème de la
pauvreté, mais aussi un puissant outil de solidarité
entre toutes les travailleuses et les travailleurs.

Giulia Willig