Le printemps des familles paysannes
Le printemps des familles paysannes
A lheure ou les feuilles des
arbres se déploient avec force et éclat, le syndicat
paysan Uniterre se retrouve à nouveau sur la brèche.
Avril, à nen pas douter, est un mois de forte
mobilisation.
Cest le 4 avril dernier que les membres dUniterre ont
installé une ferme sur la place de la Cathédrale à
Berne afin damener ses revendications aux politiques et aux
acheteurs. La révolte paysanne continue en effet de couver et il
ne manque pas grand chose pour quà nouveau, la
colère se déverse dans les rues. Simple exemple, le prix
du lait demeure bien trop bas, se situant entre 56 cts et 60 cts par
litre, alors quil faudrait 1 franc pour couvrir les coûts.
Conséquence : plus de 1000 fermes laitières ont
disparu en 2010. On soriente vers une agriculture industrielle,
concentrée en plaine et à la botte des transformateurs et
de la grande distribution ; loin des images idyliques de petites fermes
de montagne véhiculées par la pub de Coop et Migros.
La nouvelle politique agricole prévoit pour
sa part la disparition de 17 000 fermes dici à
2017 soit cinq par jour. A ce rythme, il y en aura bientôt plus
aucune. Cette vision politique mortifère est tout bonnement
irresponsable. Sil est évident que nous navons pas
pour objectif dêtre auto-suffisant à 100 %,
le maintien dune agriculture paysanne forte,
rémunératrice, créatrice demplois en Suisse
est une évidence.
A Berne, trois axes de revendication ont été présentés :
- Pour la production laitière, Uniterre exige un prix
à la production de 1 fr. par litre de lait pour les
quantitées destinées au marché suisse
(actuellement payées moins de 60 cts) et revendique le droit de
ne pas produire les quantités sous payées
destinées à lexportation. De plus il demande que
la « force obligatoire » soit octroyée
aux paysans afin de leur donner les moyens de devenir un interlocuteur
crédible face à loligopole Coop-Migros.
Cest la seule option pour espérer un
rééquilibrage des forces du marché. - Pour les grandes cultures, Uniterre veut obtenir 1 fr. par kilo
de blé panifiable et 0,7 fr. par kilo pour les
céréales fourragères afin de relancer la
production indigène. Il faut briser notre dépendance
toujours plus forte vis-à-vis de
lhémisphère sud car elle détruit
lagriculture paysanne de ces régions. Nous proposons une
taxation du fourrage commercialisé (suisse et importé) et
la redistribution de cette taxe pour financer un projet global novateur
encourageant les céréales fourragères et les
oléo-protéagineuses indigènes extenso ou bio
et les prairies en montagne. - Enfin, Uniterre exige une vraie politique agricole qui
crée de lemploi dans le secteur et qui soit basée
sur la souveraineté alimentaire telle que définie par La
Via Campesina. En aucun cas Uniterre et La Via Campesina ne pourront
accepter que le concept de souveraineté alimentaire soit
galvaudé et devienne la caution dune politique qui ne
donne aucun avenir à lagriculture locale (tel que le
Conseil fédéral tente de le faire via la nouvelle
politique agricole 2014-17 actuellement en consultation).
Valentina Hemmeler Maïga
La souveraineté alimentaire va de pair avec la souveraineté énergétique
Alors que la souveraineté alimentaire fait son chemin,
quen est-il de la filière
énergétique ? Le nucléaire repose sur un
système centralisé à
lextrême : un investissement massif de milliards de
francs par centrale et peu demplois créés à
long terme. De plus, luranium est importé de pays
où son extraction minière est pratiquée dans des
conditions sociales et environnementales inacceptables et a
spolié les peuples autochtones et paysans de leurs terres.
Uniterre estime donc quil faudra tourner le dos à ce type
dénergie. Uniterre est en faveur dune production
dénergie renouvelable
décentralisée : hydraulique, éolienne,
solaire, biogaz et bois. La production dénergie doit
constituer un service durable aux consommateurs-trices, qui crée
des emplois de proximité. Nous estimons que les familles
paysannes peuvent être des producteurs dénergie
décentralisée.
VH
uniterre.ch/Dossiers/ClimatEnergie.html
Luttes paysannes le 17 avril: récupérons les terres !
Depuis maintenant 10 ans, avec La Via Campesina, Uniterre
commémore la journée internationale des luttes paysannes
en souvenir du massacre de 17 paysans sans terre brésiliens. Ce
17 avril sera dédié à lenjeu de
laccès à la terre avec deux actions
simultanées de récupération de terres à
Genève et Zurich.
A Genève, plaque tournante du négoce
international de denrées alimentaires, lurbanisation est
galopante, la spéculation foncière gangrène le
territoire. Sous couvert de crise du logement, de vastes zones
productives dexcellente qualité sont en voie
dêtre déclassées alors que rien na
encore été bâti sur ce qui a déjà
été déclassé.
La population est invitée à venir participer à la
récupération dune terre laissée à
labandon. Une occasion déchanger sur les savoirs
paysans et de discuter de moyens déchanges locaux.
Venez donc construire, semer, planter, manger, boire, et discuter
autour dune action politique et festive. Le rendez-vous est
donné à 11 h, arrêt ZIPLO bus TPG 23.
VH