Vessy: 35 jours de grève et des travailleurs toujours déterminés

Vessy: 35 jours de grève et des travailleurs toujours déterminés

solidaritéS appuie la lutte
courageuse des grévistes de l’EMS de Vessy, entrés
en résistance face à la dégradation des conditions
de travail dans leur établissement.

Cette dégradation est emblématique de ce qui se passe
dans tout le secteur public genevois et reflète une situation
qui s’aggraverait encore avec les coupes massives dans les
recettes du Canton que le Conseil d’Etat et David Hiler veulent
nous faire avaler, par leur projet de baisse d’imposition sur les
entreprises dépassant le milliard.

Pour le respect et la dignité

Comme le rappelait une gréviste ce 1er Mai dans son discours :
« Le personnel de la Maison de Vessy, établissement
public autonome est en grève illimitée depuis le 7 mars.
Des aides-soignantes, des dames de ménage, du personnel
hôtelier, des lingères, des animateurs, des
infirmières se sont dressés contre leur employeur pour
exiger respect et dignité.

Si la grève a débuté pour une histoire de parking,
le malaise est en fait bien plus profond. Depuis trop longtemps le
personnel assiste impuissant à la dégradation de ces
conditions de travail. Les effectifs sont en baisse constante, la
charge de travail, elle, ne cesse d’augmenter. Le personnel
gréviste dénonce aussi la pression accrue des cadres sur
le personnel, un management agressif, une absence totale de dialogue
social dans l’institution. Il dénonce aussi une
précarisation de l’emploi par le recours quasi
systématique du CDD à l’embauche. Les
conséquences en sont un taux d’absentéisme
élevé, une souffrance au travail.

Nous dénonçons aussi le fait que malgré un vote
populaire sans équivoque, l’Etat refuse toujours de mette
en application l’initiative 125 dite « plus de bras
pour plus de cœur » qui devait apporter aux
institutions le personnel nécessaire pour répondre aux
besoins de nos aînés. »

Un taux d’encadrement en chute libre

A Vessy, la situation est particulièrement problématique:
alors que 1,2 postes de travail étaient prévus par
résident, aujourd’hui, on en est à 1 poste par
résident, soit 17 % en moins de force de travail et
d’encadrement pour les personnes âgées ; et
la politique annoncée apporterait de nouvelles restrictions. Par
ailleurs, le personnel de cet EMS public médicalisé ne
reçoit pas la prime versée dans tous les Etablissements
Publics Médicalisés et Vessy ne paie pas non plus la
prime de gériatrie, versée à tous les
employé-e-s des établissements publics s’occupant
de personnes âgées pour compenser la
pénibilité de leur travail.

En outre, début 2011, la Maison de Vessy a décidé
sans concertation de faire payer au personnel les parkings jusque
là gratuits à hauteur de 86 Fr. par mois, alors
qu’il n’y a pas de navettes et très peu de bus. Ce
prélèvement, allant jusqu’à 2 % pour
certains bas salaires, a mis le feu aux poudres, les
employé·e·s décidant de dire stop à
la dégradation de leurs conditions de travail.

Une « conciliation » unilatérale

Le Conseil d’administration et la direction de
l’établissement refusent ensuite toute négociation
avec le personnel et le syndicat SSP, attitude inacceptable que
l’autorité de tutelle interpellée a laissé
faire. Pour se débarrasser du problème, l’Etat a
renvoyé le conflit à la Chambre des Relations Collectives
de Travail ( CRTC ) espérant étouffer la
grève. En effet, pendant la procédure de conciliation
à la CRCT, la grève doit être suspendue. Ce
tribunal, normalement réservé aux conflits dans le
privé, s’est arrogé la compétence dans le
secteur public. Après trois semaines, il rend ses
recommandations, reprenant les propositions de l’employeur, sans
les améliorer.

Une grève relancée

Face à ce blocage, les salarié-e-s se sont remis en
grève le 11 avril. Depuis 35 jours donc la lutte se poursuit
avec détermination. Les avancées sont faibles : le
prix du parking est certes descendu à 36 Fr./mois mais il
n’y a toujours pas de Plan de mobilité en vue. Il y a un
blocage sur la structure de négociation et le Conseil
d’administration et la direction peinent à
considérer le personnel et le syndicat comme partenaires
sociaux. Le directeur va jusqu’à la provocation disant que
la grève peut durer 5 ans sans qu’il ne change de
position !

Dans cette situation d’enlisement du fait des dirigeants de
l’établissement, les grévistes agissent dans
plusieurs directions pour sortir de l’impasse: ils appellent
à la négociation, informent la population, organisent des
actions au sein de l’établissement et se montrent toujours
aussi déterminés pour être reconnus et
respectés dans l’accomplissement de leur travail.


AIber Nahory