Accueil des enfants: toujours la galère pour les parents

Accueil des enfants: toujours la galère pour les parents

Tout le monde le reconnaît, le
manque de places d’accueil pour les enfants est criant dans le
canton, mais les autorités continuent obstinément
à refuser de mettre les priorités là où
elles sont.

Début août, l’annonce tombait :
l’association neuchâteloise d’accueil familial de
jour (AFJ) est au bord de la faillite et le Conseil d’Etat lui
refuse une rallonge nécessaire de 185 000 fr. de
subvention pour 2011.

    Pour le chef du service de la protection de
l’adulte et de la jeunesse, Christian Fellrath, rien de plus
normal que ce refus : « Le Conseil d’Etat a
des responsabilités dans le domaine de l’accueil des
enfants, mais également dans celui des finances
publiques (…) Plus on offre de places, plus la demande est
forte, car on incite ainsi les mamans à reprendre une
activité professionnelle » (déclaration
à l’Express/Impartial, 10 août 2011). En un
mot : l’Etat n’a plus d’argent, Mesdames,
votre place est à vos casseroles et à vos marmots.

Et une baisse d’impôt plus tard

Dans le domaine des finances, cette
« responsabilité » a conduit le
Conseil d’Etat  à baisser massivement
l’impôt sur le bénéfice des entreprises et
des fortunés ; dans le domaine de l’accueil des
enfants, elle le conduit à refuser une rallonge de 185 000 fr.
pour l’accueil des enfants en âge pré-scolaire.
Belle illustration des conséquences négatives du double
vote cantonal du mois de juin, qui s’est soldé par
l’acceptation de la nouvelle loi sur la fiscalité des
personnes morales et du contre-projet du Conseil d’Etat à
l’initiative populaire « pour un nombre
approprié de structures de qualité ».

    Il faudra interpeller le Conseil d’Etat
à ce sujet, car ce gâchis est le résultat de son
moratoire sur les subventionnements des structures d’accueil
pré-scolaires décrété en 2005. La loi qui
avait été adoptée par le peuple en 2001 à
80% des votant·e·s prévoyait la création de
2000 places de qualité jusqu’en 2006 avec pour objectif
« de faire correspondre l’offre et la demande en
matière de places d’accueil de qualité
subventionnées (environ 2800) ». Rien n’a
été fait, sinon cette nouvelle loi, proposée au
vote populaire le 19 juin 2011 (acceptée par plus de 70 %
des voix) pour contrer l’initiative populaire d’un groupe
de parents qui ne cherchaient pas autre chose qu’à forcer
le canton à appliquer la loi de 2001.

C’est encore les plus pauvres qui passent à la caisse

La situation financière de l’association pour
l’accueil familial est critique depuis plusieurs mois ; en
mai, elle avait été contrainte de n’accepter que
les enfants qui payaient plein tarif (normalement entre 4 et 9 francs
de l’heure selon le revenu des parents). Maintenant, nous
apprenons par la presse que l’association est au bord de la
faillite et qu’elle augmentera ses tarifs de 1fr.60 l’heure
dès le 1er août en espérant ainsi décourager
les parents de recourir à ses services.

    Il est de la responsabilité du Conseil
d’Etat de ne pas laisser des centaines de familles sans solution
valable pour la garde de leurs enfants. C’est pourquoi nous
demanderons au Grand Conseil qu’il enjoigne le Conseil
d’Etat à verser cette rallonge indispensable au maintien
de l’association neuchâteloise d’accueil familial de
jour (AFJ) et que des crèches soient ouvertes en nombre
suffisant, conformément à ce qui avait été
promis lors de la campagne de votation du 19 juin. 

Marianne Ebel