Chili, 11 septembre 1973: « Il pleuvait sur Santiago… »

Chili, 11 septembre 1973: « Il pleuvait sur Santiago… »

Ce
11 septembre, les médias rappelaient l’attentat du 11 septembre 2001
contre les tours du World Trade Center (New York). Mais un autre
événement fut rarement évoqué : l’attentat terroriste du 11 septembre
1973 commis par l’armée chilienne, avec l’aide des USA, contre le
gouvernement de l’Unité populaire. Refusant de se rendre, le président
Salvador Allende trouva la mort (suicide ou assassinat, la question
reste controversée) dans le palais de la Moneda.
   
Elu en
septembre 1970, le gouvernement de l’Unité populaire avait été d’emblée
confronté à l’hostilité de la droite chilienne et des USA, qui n’ont
jamais accepté son programme de justice sociale et de récupération des
richesses nationales (notamment le cuivre). Pour réorganiser
l’économie, le régime Pinochet fit appel aux économistes néo-libéraux
de « l’Ecole de Chicago », animée par Milton Friedmann (participant aux
séminaires de la Société du Mont-Pèlerin). Cette orientation, qui
suscita l’admiration de Ronald Reagan (USA) ou Margaret Thatcher
(Grande-Bretagne), déboucha sur la paupérisation de larges secteurs de
la population, la répression des organisations populaires et la
liquidation des acquis sociaux (notamment avec le passage à un système
de retraite basé sur la capitalisation). Sans oublier le « cadeau
d’adieu » de Pinochet : la loi sur l’éducation, du 10 mars 1990
(dernier jour de son mandat présidentiel), jamais remise en cause par
les gouvernements de la Concertation (démocrates-chrétiens et
sociaux-démocrates) et contestée avec force depuis avril 2011 par le
mouvement étudiant.

    Enfin, il faut signaler l’attitude de la
Suisse officielle : prêts généreusement accordés au régime militaire ;
fermeture de l’ambassade suisse de Santiago aux réfugié·e·s fuyant la
répression ; pas d’embargo sur les livraisons d’armes à l’armée
chilienne. A l’époque, « notre » ministre des Affaires étrangères se
nommait Pierre Graber et se prétendait socialiste…

Hans-Peter Renk