Des milliards pour l’armée: un réarmement scandaleux et grotesque

Des milliards pour l’armée: un réarmement scandaleux et grotesque



La droite militariste exige
d’augmenter à 5,1 milliards par an les dépenses
militaires pour une armée de masse obsolète de
100 000 hommes (au lieu des 80 000 proposés par le
Conseil fédéral) et pour l’achat de nouveaux avions
de combat. Le lobby militaire et l’UDC sont en passe
d’imposer leur propre recette pour sortir du marasme une
armée qui a perdu ses repères depuis la fin de la guerre
froide.

Ce réarmement est scandaleux parce que la majorité de
centre droit du parlement veut faire passer l’achat de nouveaux
avions de combat par une augmentation du budget ordinaire de
l’armée, empêchant de cette manière que le
peuple puisse se prononcer sur l’achat des nouveaux avions.
L’aviation militaire suisse est déjà largement
hypertrophiée (voir encadré), mais le lobby militaire
veut de nouveaux avions alors même que le parlement vient
d’accorder il y a deux ans un crédit de 420 millions pour
une modernisation qui permettra aux 33 avions F/A-18 d’être
au top niveau pendant encore au moins 15 ans.

    La surenchère militaire est grotesque parce
que l’augmentation massive des dépenses militaires ne
répond pas à une quelconque augmentation de la menace
militaire, mais vise uniquement à sortir l’armée du
marasme dans lequel elle se trouve depuis qu’il n’y a plus,
en Europe, de menace militaire crédible.

La dérive sécuritaire comme réponse à la crise

Dans un contexte de crises économiques et financières,
où une partie importante de la population est fragilisée
par le manque d’emplois, la précarité et le
démantèlement social, la droite économique et
politique pointe du doigt les boucs émissaires habituels :
la vraie menace pour les Suisses ce seraient les
« autres », les plus faibles, les immigrés
qui profiteraient de nos assurances sociales, ou les
réfugiés fuyant la guerre et la misère. Avec le
renforcement de l’armée, les partis du centre et de la
droite veulent donner une réponse sécuritaire aux
inquiétudes d’une large partie de la population.

    Les conséquences de cette véritable
dérive sécuritaire seront toutefois doublement
désastreuses : d’une part, puisque
l’armée «modèle UDC» ne sortira pas des
frontières du pays, elle touchera la sécurité
intérieure avec les risques inacceptables que cela comporte pour
les mouvements sociaux de contestation. D’autre  part,
l’augmentation des dépenses militaires se fera au
détriment des ressources qu’il serait nécessaire
d’investir pour véritablement sortir de la crise
économique, sociale et environnementale que nous traversons. Les
milliards versés pour l’armée manqueront
cruellement pour financer la sortie du nucléaire et le
développement des énergies renouvelables.

    Le GSsA et les forces politiques de la gauche
combative ne resteront pas inactifs face à cette dérive
sécuritaire, insensée et antidémocratique. Un
groupe de travail a été créé au sein de la
coordination nationale du GSsA pour proposer les modalités les
plus opportunes pour le lancement d’une nouvelle initiative
populaire fédérale pour empêcher l’achat de
nouveaux avions de combat.

Tobia Schnebli
membre du comité du GSsA et candidat à Genève sur
la liste 4 « Ensemble à Gauche »


Ailleurs : coupes À gogo

En plus de la militarisation de la sécurité
intérieure, l’armée modèle UDC aura des
conséquences inacceptables aussi en raison des coupes
budgétaires rendues nécessaires dans d’autres
secteurs. D’après l’Administration
fédérale des finances 2012, il faudrait trouver entre 1
et 1,5 milliard de plus pour l’armée. Les coupes
prévues concernent les lignes budgétaires non
liées suivantes :

•7 moins 550 millions dans les transports
•7 moins 440 millions pour l’agriculture
•7 moins 220 millions pour la recherche et la formation
•7 moins 160 millions pour la coopération au développement

Une armée de l’air déjà surdimensionnée

Avions de combat par 1000 km2 (sans l’achat des nouveaux avions !)

Avions de combat par 1000 km2 : la Suisse en possède quatre fois plus que l'Autriche!

Avec ses 33 avions de combat du type F/A-18, la Suisse dispose
déjà d’une armée de l’air
surdimensionnée, comme le montre la comparaison avec
d’autres Etats non membres d’alliances militaires. Avec
presque 0,8 avion pour 1000 km2, la Suisse dispose de quatre fois
plus d’avions que l’Autriche qui a une topographie
semblable à celle de la Suisse. Avec l’achat de nouveaux
avions, la disproportion serait encore plus grande.


Le GSsA : 30 ans de luttes pour démilitariser la Suisse et le monde

Le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) est une organisation
pacifiste et antimilitariste qui s’est constituée en 1982
pour lancer une initiative populaire pour supprimer
l’armée. Soumise au vote en novembre 1989, deux semaines
après la chute du mur de Berlin, l’initiative du GSsA a
obtenu, contre toute attente, près de 36 % de OUI et a
suscité un débat de fond mettant en question le
caractère intouchable de l’institution militaire suisse.

    Tout au long des deux décennies suivantes,
les activistes du GSsA ont lancé des initiatives et des
référendums pour s’opposer à la
militarisation : contre l’achat des avions de combat
F/A-18, contre la criminalisation des objecteurs de conscience,
à nouveau pour la suppression de l’armée et
l’introduction d’un service civil volontaire pour la paix,
contre les interventions armées à
l’étranger, pour l’interdiction des exportations
d’armes.

    Le GSsA a été très actif dans
les grandes mobilisations contre les guerres menées par les
armées de l’OTAN en Irak et en Afghanistan et de nombreux
militants du GSsA ont participé à des missions civiles de
solidarité en ex-Yougoslavie et plus récemment dans les
territoires occupés de Palestine.

    Aujourd’hui, le GSsA récolte les
dernières signatures pour son initiative pour supprimer le
service militaire obligatoire en Suisse et se prépare à
lancer une initiative ou un référendum pour
empêcher l’achat de nouveaux avions de combat.

    Le GSsA tient une permanence de conseils pour les
astreints au service militaire qui veulent effectuer le service civil
ou qui ont des problèmes avec la
« justice » militaire.

Contacts : gssa@gssa.ch · permanence@gssa.ch