Le réseau TPG sacrifié sur l'autel de la voiture?

Depuis le grand chambardement opéré par les Transports Publics Genevois le 11 décembre dernier, la grogne monte chez les usagers·ères autant que chez les employé·e·s, qui dénoncent – à juste titre – des transbordements trop nombreux et inconfortables, des changements de parcours mal pensés et un stress accru pour les chauffeurs, sans parler de la très amère hausse des tarifs.

Quoi qu’il en soit, les modifications se font dans la douleur. Pour les trams, il s’agit de passer du concept des «axes» (où chaque arrêt de tram dessert plus ou moins tous les autres) au concept des «lignes» (où le réseau est réduit à trois lignes et à des pôles de transbordement). On multiplie donc les changements pour les usagers·ères: impossible de relier Carouge (ou les Eaux-Vives) à la gare sans changer de tram.

Si certaines capacités ont augmenté (en particulier au centre et aux heures de pointe), certains arrêts «périphériques» ont vu au contraire leurs cadences diminuer.

Dans l’ensemble, ces changements peuvent être relativement indolores (voire favorables) pour certains usagers intensifs de l’hyper-centre aux heures de pointe, mais ils restent très problématiques pour les personnes à mobilité réduite, où pour quiconque transporte des courses et/ou des enfants.

Pourquoi ces changements ?

Un exemple flagrant: pour éviter la concentration improbable d’usagers sur la très étroite place Bel-Air, le tram aurait logiquement dû passer par le pont du Mt-Blanc. Mais par complaisance envers le lobby pro-voiture, les autorités y ont renoncé. Pourtant, entre temps, même le TCS s’est rendu à l’évidence: un site propre TPG au Mt-Blanc est nécessaire. Une voie de bus devrait donc y être tracée au mois de mars… quelques mois après l’inauguration d’un tram-tortillon aux Ponts-de-l’Ile: absurde!

 

Or, c’est bien là le nœud du problème: à force de vouloir ménager la chèvre et le chou, nos autorités ont mis l’ensemble du système de transport dans une impasse, et plus personne n’avance: pas même les bagnoles…

Ce changement de priorité doit également se traduire financièrement. Alors que l’objectif devrait être d’inciter un maximum d’automobilistes au transfert modal, l’augmentation des tarifs rend désormais le prix d’un billet aller-retour plus cher que plusieurs heures de parking au centre-ville! Rappelons aussi que ce sont les mêmes (la droite… avec les Verts) qui se sont battus contre la gratuité des TPG et, quelques mois plus tard, pour une baisse d’impôts correspondant à 3 fois le prix de cette gratuité!

 

Thibault Schneeberger