Vous payerez plus, vous travaillerez plus longtemps, et vous toucherez moins!

 

Voilà en résumé l’accord négocié par le Syndicat des Services Publics (SSP/Vpod) dans le cadre du comité paritaire de la Caisse de pension du personnel de l’Etat de Neuchâtel.

 

Augmentation de l’âge de la retraite de 62 ans à 64 ans, augmentation des cotisations des actifs (+ 2,5 %), suppression de la réadaptation des rentes pendant 5 ans, voilà quelques-uns des éléments du cocktail salé qui sera servi aux 25 000 membres de la caisse de retraite prevoyance ne.

Les employeurs – Etat, villes de Neuchâtel et de la Chaux-de-Fonds, institutions para-étatiques – sont près d’atteindre leur but. Dans une lettre provocatrice du 19 mars, signée Jean Studer, ils annonçaient : «[…] l’augmentation de l’âge de la retraite est la première condition sine qua non. La retraite devrait être portée, en une seule étape, de 62 ans à 65 ans pour les assuré·e·s, sans distinction de sexe…» et ils demandaient de « renoncer pour les 20 prochaines années à l’indexation des rentes».

L’assemblée convoquée par le SSP, massivement fréquentée, est restée sans voix face aux « nouvelles » propositions. Les quelques perspectives de mobilisation émanant de l’assemblée ayant été ridiculisées par la table de présidence sans contre-proposition, le plan soumis au vote en un seul bloc a été accepté par la majorité des membres présent·e·s. Cet enterrement sans réactions d’un acquis important – la retraite à 62 ans – est des plus inquiétants. Comment un syndicat qui signe pareil plan sans réagir peut-il rester crédible ?

Maintenant le projet de la caisse de pension doit être soumis au Conseil d’Etat et au Grand Conseil. Là les voix ne manqueront pas pour faire trinquer encore un peu plus le personnel,  en proposant, pourquoi pas, de passer de la primauté des prestations à la primauté des cotisations, ce qui permettra d’ajuster (=baisser !) les rentes en fonction du résultat des placements sur les marchés financiers.

Une chose est sûre, il faut trouver une réponse globale aux dégradations continues des prestations des caisses de pension et la réponse se trouve du côté de la fusion des caisses de pension et de l’AVS dans un système redistributif. Mais cela exigera un rapport de force dont nous sommes visiblement encore loin.

Dans l’immédiat, comme pour bien enfoncer le clou, le Conseil d’Etat met une autre proposition sur la table : il veut baisser de 1 % le salaire du personnel de la fonction publique, sous prétexte d’une inflation négative. Faut-il rappeler que cette même fonction publique n’a vu ses salaires indexés que partiellement durant des années, sans jamais aucun rattrapage des pertes subies ? Cette provocation-ci réveillera-t-elle le syndicat ou faudra-t-il comme l’autre soir simplement prendre acte qu’une fois de plus la fonction publique va trinquer ?

 

Henri Vuillomenet