Hôpital de La Providence

Hôpital de La Providence : La grève continue!

Alors que la direction de la Providence et le gouvernement neuchâtelois misaient sur un essoufflement rapide du mouvement, la grève continue à l’hôpital de la Providence: le mouvement est entré dans sa 4e semaine (une yourte chauffée est venue renforcer la tente des grévistes). Bref rappel des événements survenus depuis fin novembre.

Le 28 novembre, une délégation des grévistes et des syndicats SSP et SYNA s’était rendue au château de Neuchâtel (siège du gouvernement cantonal) pour connaître la position du Conseil d’Etat. Ce jour-là, le président dudit Conseil, Philippe Gnaegi, accompagné de Gisèle Ory (cheffe du dicastère de la Santé), ne s’est pas gêné pour leur annoncer que le Conseil d’Etat n’imposerait pas à l’hôpital de la Providence le respect d’un arrêté définissant les conditions impératives pour figurer sur la liste hospitalière du canton.

Le 5 décembre, 200 personnes étaient présentes à l’ouverture de la session du Grand Conseil. Celui-ci a accepté (par 57 voix contre 53) une «motion populaire» (v. encadré), déposée en octobre 2012, demandant le maintien de la convention collective de la santé (CCT-21).

Le 12 décembre, les grévistes se sont à nouveau rendus au château de Neuchâtel (jour de la session du gouvernement). Très em…bêté, le Conseil d’Etat a annoncé qu’il prendrait sa décision définitive le 19 décembre. Il n’est visiblement pas très pressé d’appliquer la volonté générale, lorsque celle-ci lui est contraire…

Une grève légale et surtout légitime

Depuis le début, la direction de l’hôpital n’a cessé de mettre en cause la légalité du mouvement. Elle veut le beurre et l’argent du beurre: d’une part, elle veut vendre l’hôpital à un partenaire prêt à casser la CCT-21 ; d’autre part, elle estime que cette même CCT-21 imposerait une paix absolue du travail. Sur ce point, elle a pourtant été renvoyée dans les cordes par l’Office de conciliation et la commission paritaire de la CCT-21 qui ont finalement conclu à la légalité du mouvement. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre… La direction de la Providence a donc déposé auprès du tribunal civil de Neuchâtel une demande de mesures provisionnelles (visant à faire évacuer le piquet de grève durant la durée de la procédure) : le SSP et SYNA sont convoqués à une audience, le 20 décembre.

Hormis cette action en justice, la direction de la Providence – pourtant acculée financièrement, affirme-t-elle (c’est la raison pour laquelle elle veut vendre l’établissement au groupe Genolier) – a engagé depuis le 23 novembre (c’est-à-dire avant le début de la grève) une demi-douzaine de Securitas, qui font le pied de grue (dans un climat de plus en plus hivernal) devant les bâtiments de l’hôpital…

Une lutte d’importance nationale

Les témoignages de solidarité envers les grévistes se multiplient : le 5 décembre, des syndicalistes vaudoises ont rappelé les conditions imposées aux salarié·e·s travaillant dans des établissements vaudois gérés par le groupe Genolier; une résolution de soutien votée à l’assemblée des délégué·e·s du SSP ; une conférence de presse le 10 décembre, à Neuchâtel, où étaient notamment présentes Cristina Werder (secrétaire centrale de l’USS pour le secteur de la santé) et Katharina Prelicz (présidente nationale du SSP). Une autre conférence de presse, organisée par le SSP et SYNA, a lieu le 18 décembre, à Berne.

«Il est incompréhensible et tout simplement inacceptable que le gouvernement envisage de continuer à octroyer des missions hospitalières publiques et donc des subventions Lamal à la Providence, même si celle-ci ne respecte pas la CCT santé 21 […] D’autres institutions pourraient chercher à échapper à la CCT santé 21 et cela pourrait donner des idées à d’autres cantons» (Cristina Werder, in: Le Courrier, 11.12.2012).

D’où l’importance du soutien aux grévistes, lors de la manifestation organisée à Neuchâtel, place Pury, le 18 décembre dès 17 h. 30, appelée par les grévistes et le comité de soutien (dont solidaritéS fait partie).

Hans-Peter Renk

 


 

 

Motion populaire d’un groupe de citoyen·ne·s pour le maintien de la convention collective de travail CCT 21 à l’Hôpital de la Providence

Les soussigné·e·s demandent par la voie de la motion populaire que le Conseil d’Etat, respectivement le Grand Conseil, use de tous les moyens à sa disposition pour obliger la direction de l’Hôpital de la Providence à renoncer à dénoncer la convention collective santé 21 de droit privé qui régit les rapports de travail au sein de cet établissement.

Ils réclament aussi, dans un second temps, que le Conseil d’Etat empêche toute velléité de la direction de la Providence d’externaliser un quelconque service constitutif de sa structure organisationnelle. L’urgence est demandée

Motion populaire munie de 300 signatures

 


 

 

La chanson des grévistes de la Providence

Debout les filles réveillez-vous
Y va falloir en mettre un coup
Debout les gars, réveillez-vous
On va au bout du monde

Il ne faut pas se dégonfler
On va sauver notre CCT
Soyons tous mobilisés
On va y arriver

On veut défendre la CCT
Pas devenir des vaches à lait
Notre boulot c’est de soigner
Et pas de s’écraser

Encore un pas et deux et trois
En 2013 on sera là
Les gens aussi sont avec nous
Nous prennent pas pour des fous

Nos décideurs abusent des droits
Pour assurer leur fin de mois
Mais il nous faut lever le bras
Nous n’acceptons pas ça

Debout les filles réveillez-vous
Y va falloir en mettre un coup
Debout les gars, réveillez-vous
On va au bout du monde