Élections belges de 2014

Élections belges de 2014 : Vers l'unité de la Gauche radicale?

La gauche anticapitaliste belge est engagée dans un processus de discussion en vue de présenter des listes communes aux prochaines élections législatives, régionales et européennes de 2014. Un processus encourageant, au moment où le PS semble perdre son monopole absolu sur le mouvement syndical.

Est-il acceptable de voter PS comme politique « du moindre mal » ? Ce serait «une insulte à notre intelligence», comme le disait récemment le secrétaire régional de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) de Charleroi, Daniel Piron. L’enjeu, le vrai, c’est d’ouvrir une première brèche dans le monopole de la social-démocratie et des Verts sur la représentation parlementaire « à gauche ». Nous devons donner une expression politique anti-austérité au désespoir et à la colère qui s’accumulent dans une partie de la société et poser un jalon vers une nouvelle expression politique des ex­ploité·e·s et des opprimé·e·s.

Un peu partout en Europe, la dégénérescence de la social-démocratie (et des Verts) libère un espace politique pour des forces plus à gauche. La Belgique, jusqu’à présent, fait exception. C’est le résultat d’une multitude de facteurs : contrôle social-démocrate sur la base syndicale et bas niveau politique des mouvements sociaux, sectarisme stalinien de la principale formation de gauche (le Parti du travail de Belgique – PTB) et incapacité des autres forces à s’unifier durablement autour d’un projet anticapitaliste novateur. 

Or, cette situation est en train de changer. Deux éléments l’attestent : 1. l’évolution du PTB, qui lui a permis de s’élargir et de réaliser un début de percée lors des élections communales et provinciales d’octobre 2012?; 2. le fait que de plus en plus de syndicalistes et de militant·e·s d’autres mouvements sociaux comprennent la nécessité de mener le combat aussi sur le terrain d’une alternative politique. C’est pourquoi nos amis de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ont décidé de faire liste commune avec le PTB en Flandre. Certes, les deux organisations ont une vision différente sur quantité de questions. Mais par cet accord, ils contribueront à faire avancer «la lutte contre l’austérité, le chômage et pour une alternative radicalement sociale, écologique et démocratique».

La situation en Wallonie est différente: le PTB n’y est pas aussi dominant qu’en Flandre. Surtout, l’écho reçu par l’appel de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut à former une nouvelle force politique de gauche, permet d’espérer faire un premier pas en direction d’une recomposition du mouvement ouvrier, à la fois sur le terrain politique/électoral et sur le terrain social/syndical. Cette chance doit être saisie. C’est pourquoi la LCR travaille depuis des mois en faveur d’une proposition qui réponde à quatre objectifs : la volonté de la gauche syndicale de poser un jalon vers une alternative politique unitaire à gauche du PS et d’ECOLO, le souci légitime du PTB de ne pas abandonner son sigle, l’autonomie des autres formations de gauche et à la volonté de «personnalités» indépendantes de participer au processus.

En Belgique francophone, le « pro­gramme anticapitaliste d’urgence » de la FGTB de Charleroi-­Sud Hainaut constitue une contribution solide au regroupement des forces. C’est principalement sur cette base que la LCR a décidé de prendre ses responsabilités, parce que c’est aujourd’hui le seul moyen pour que l’appel de Daniel Piron et de ses camarades reçoive un début de concrétisation politique et électorale. La LCR (le SAP en Flandre) maintient sa complète indépendance politique vis-à-vis du PTB. Elle mènera sa propre campagne en appelant à voter de préférence pour ses propres candidat·e·s qui défendront son programme : anticapitaliste, internationaliste, féministe, écosocialiste.

Comme le dit le communiqué en Flandre : «le PTB et la LCR ont des visions différentes sur beaucoup de questions», en particulier en ce qui concerne la lutte contre la bureaucratie syndicale et le patriarcat, la défense de l’écosocialisme et de l’auto-organisation des luttes, la solidarité avec la révolution syrienne, etc. En même temps, le PTB change… On peut espérer qu’il rompe avec le stalinisme sans rompre avec l’anticapitalisme et sans adopter la posture pseudo-radicale purement verbale des PC grec ou portugais. Cette campagne pourrait marquer le début d’une nouvelle période de luttes communes à gauche en Belgique. Réd.