Budget municipal en ville

Budget municipal en ville : La «Droite élargie» s'étrique et fait naufrage

Samedi 14 décembre, le Conseil municipal siégeait toute la journée, avec prolongations prévues en début de semaine suivante, pour voter le budget de la Ville de Genève.

 

On s’attendait à de fortes empoignades face à la volonté de la droite et de l’extrême droite, affirmée en commission des finances, de raboter plus d’une vingtaine de millions dans un budget de fonctionnement déjà équilibré et de couper une cinquantaine d’emplois, notamment dans le social.

Tout ceci au nom de l’augmentation du taux d’autofinancement des investissements, déjà bien plus élevé que celui de nombre de collectivités publiques genevoises à majorité de droite.

Pourtant il n’en a rien été. En effet, le premier vote du jour portait sur une résolution de la droite, qui voulait exiger de l’exécutif qu’il entreprenne un programme d’étude des coupes futures possibles dans le budget, avec rapport circonstancié permettant de «qualifier et de quantifier» tout ça et de mettre en place des outils de «pilotage et de monitorage des politiques et prestations publiques» répondant à ses attentes.

 

Une bonne claque d’entrée

L’idée de la « droite élargie », comme le front de la droite et de l’extrême droite – dont le MCG – s’est pompeusement qualifié, était d’obtenir un consentement explicite ou tacite de la gauche et des Verts à cette résolution, en échange de promesses de « mansuétude » dans les coupes, un tantinet revues à la baisse par rapport à leur version improvisée en commission. Cer­tain·e·s à gauche conseillaient l’acceptation, ou du moins le non-refus, de cette résolution pour amadouer la droite et arriver à un compromis budgétaire…

Mais cette idée était en contradiction avec le réel processus de mobilisation sociale contre la droite et ses coupes. Du côté des syndicats, du personnel de la Ville, des associations de quartier et d’usagers, des milliers de signatures avaient été récoltées, des dizaines et des dizaines de lettres avaient été écrites, de nombreux ma­ni­festant·e·s se sont mis en mouvement, y compris à 7 h 30 du matin le samedi du vote quand par dizaines, ils ont accueilli les conseillers et conseillères municipaux devant l’Hôtel-de-Ville.

 

Une majorité de carton-pâte à droite

Dans ce contexte brûlant, il pouvait difficilement manquer une seule voix à gauche ou chez les Verts pour rejeter l’entrée en matière sur la résolution de la droite. Il n’en a donc pas manqué et c’est par un NON sec et sonnant avec 5 ou 6 voix d’écart que l’entrée en matière sur la résolution a été refusée sans débat.

Le secret de ce refus dans une assemblée en théorie majoritaire à droite à 41 contre 40, outre un président UDC privé de vote, a été la défection de trois « indépendants » issus de partis de droite ou d’extrême droite, conspués et traités de « traîtres » par leurs anciens collègues, qui qualifieront le vote d’antidémocratique en se plaignant de ne plus disposer de leur majorité « sortie des urnes ».

A ce sujet, il faut relever encore l’importance de la mobilisation : c’est en effet le vent de celle-ci qui a conduit des élu·e·s «indépendants» à voter contre leur camp d’origine, auquel ils n’étaient plus amarrés… Cette bataille a donc bien été gagnée dans la rue, devant l’opinion et dans les médias avant de l’être à l’Hôtel-de-Ville !

 

Une Ville pôle de résistance

Quoi qu’il en soit, après ce premier vote, donnant le ton, la quinzaine d’amendements de la droite a été refusée avec une régularité métronomique. Ainsi, en début d’après-midi, la droite jetait l’éponge et un de ses représentants venait demander à la gauche de consentir à lui imposer une « procédure accélérée » pour abréger ses souffrances politiques. Ainsi, c’est avant 16 heures que les élu·e·s municipaux ont pu voter un budget sans coupes et rejoindre leurs familles…

A signaler aussi que ce débat a été l’occasion pour certain·e·s à gauche de dire tout le mal qu’ils pensaient des intentions gouvernementales, exprimées à Saint-Pierre la même semaine par François Longchamp, en matière de réduction de fiscalité des entreprises et d’imposition sur le lieu de domicile. 

 

Pierre Vanek