Les féministes l'ont emporté

La droite la plus réactionnaire était à la manœuvre le 9 février sur un autre thème, le droit à l’avortement remboursé par l’assurance maladie. Sur ce terrain, elle subit un échec cuisant.

Le droit à l’avortement était remis en cause de manière sournoise, n’étant pas attaqué frontalement mais par le biais de la remise en cause de son remboursement par l’assurance maladie. Au vu des remises en cause du droit des femmes au niveau international – des manifestations de « la famille pour tous » en France à la remise en cause du droit à l’avortement en Espagne – il y avait de quoi être inquiet. Les femmes et hommes solidaires se sont mobilisés. Belle campagne et heureuse issue : le résultat est sans appel. Avec près de 70 % de refus, c’est raté pour le rassemblement de réactionnaires qui se sont retrouvés derrière l’initiative « L’avortement est une affaire privée ». Plus de 89 % de NON dans le canton de Vaud, 85 à Genève, 83 à Neuchâtel : partout où la mobilisation féministe s’est bien organisée, le refus est radical. L’UDC aura beau dire que 30 % de OUI, c’est plus que son électorat, c’est un discours qui cache mal sa défaite et son isolement sur cette question particulière.

 

Signal important au niveau international

Les réactionnaires ont des capacités de mobilisation, mais leur impact sur la société reste limité pour ce type de thématique. La campagne ne s’est pas confinée à la Suisse : une délégation de la marche mondiale des femmes a manifesté vendredi 31 janvier à Berne devant l’ambassade d’Espagne et a remis une pétition protestant contre la remise en cause du droit à l’avortement en Espagne. Au lendemain du vote, forte du succès des féministes, une nouvelle délégation s’est rendue devant le consulat espagnol à Genève pour exiger le maintien de la loi actuelle en Espagne, et rappeler aux autorités politiques que le peuple espagnol n’est pas différent du peuple suisse.

 

On n’en restera pas là

Ce vote confirme un virage important dans la société Suisse. Il y a 40 ans, en 1977, la solution du délai avait été rejetée par 51,7 % des votants. 25 ans plus tard, en 2002, plus de 70 % acceptait cette même solution du délai. La votation du 9 février confirme que ce n’était pas un vote conjoncturel, de hasard, mais bien une volonté populaire profonde.

La forte mobilisation féministe de ces derniers mois saura-t-elle se consolider pour exiger le remboursement de la contraception et le droit à une information sexuelle sans préjugés, à l’école, sur les lieux de travail et dans les centres de re­qué­rant·e·s comme le demandait le flyer distribué par la Marche mondiale des femmes durant toute cette campagne ??Une chose est sûre : les réacs et sectaires religieux, manipulés par l’UDC, restent eux aussi mobilisés?; une initiative fédérale contre toute éducation sexuelle à l’école avant l’âge de 9 ans vient d’être déposée et une autre intitulée « La vie est sacrée » est en cours de récolte de signatures. Pour les féministes, femmes et hommes, il reste bien du pain sur la planche, mais le résultat du 9 février donne un bel élan ! 

 

Marianne Ebel