Tribunal des peuples contre l'impunité des transnationales

Du 23 au 27 juin 2014, plus d’une centaine d’associations ont convergé à Genève pour protester contre les crimes et l’impunité des transnationales.

 

Cette semaine de mobilisation, co-organisée par solidaritéS et d’autres associations locales et internationales, a été l’occasion de soutenir une résolution déposée par l’Equateur et l’Afrique du Sud au Conseil des droits de l’homme, demandant la création d’un groupe de travail intergouvernemental chargé d’élaborer un instrument juridique contraignant pour réglementer les activités de transnationales.

Qu’il s’agisse, entre autres, des cas de Chevron en Equateur, Coca Cola en Colombie, Shell au Nigeria, Glencore-Xstrata aux Phillippines et Oceana Gold au Salvador, les exemples de violations des droits humains ne manquent pas. Malgré cette évidence et les dénonciations publiques systématiques, ces crimes restent impunis et les transnationales continuent leurs méfaits, spécialement dans les pays du sud. Afin de contrer cet état de fait inadmissible, la piste de la création d’un instrument juridique contraignant permettant d’encadrer l’activité de ces groupes capitalistes a été activée. Cette semaine de mobilisation a permis de faire passer la résolution de l’Equateur et de l’Afrique du Sud et ceci malgré les protestations des pays occidentaux, France, Allemagne et Etats-Unis en tête.

Si bien sûr cette résolution n’est qu’un petit pas et que nombre de combats restent à mener avant de pouvoir bénéficier d’un réel outil de régulation des activités économiques des multinationales, il convient néanmoins de se féliciter de cette avancée. En effet, la concentration croissante du capital, les politiques néo­libérales de l’OMC et du FMI et les multiples accords commerciaux (ALE, TBI, TAFTA) renforcent le pouvoir des transnationales, notamment en instaurant des cadres juridiques permettant une protection toujours plus forte de leurs activités (y compris le droit de poursuivre des Etats). Afin de pouvoir faire respecter les droits des tra­vail­leur·euse·s, les droits fondamentaux, le respect des normes environnementales, le droit des Etats, etc, la lutte amorcée par cette résolution doit être soutenue de toutes nos forces.

Alors qu’en ce moment même, la Suisse participe aux négociations secrètes sur l’accord sur le commerce des services (TISA), prévoyant l’ouverture au marché des services publics en développant un arsenal juridique au service des multinationales, cette question, loin de ne concerner que les pays du sud, doit devenir un objet de lutte également en Suisse. Notre mobilisation a été l’occasion de promouvoir l’actualité de cette problématique, mais aussi de poser les fondements d’un front large, transcendant les frontières nationales, qui lutte contre l’impunité des groupes industriels. Ce n’est que le premier pas ! 

 

Pablo Cruchon